[Critique] INSTINCT DE SURVIE – THE SHALLOWS

CRITIQUES | 17 août 2016 | 1 commentaire
Instinct-de-survie-the-Shallows-poster

Titre original : The Shallows

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jaume Collet-Serra
Distribution : Blake Lively, Angelo Lozano Corzo, Jose Manuel Trujillo Salas, Sedona Legge, Brett Cullen, Óscar Jaenada…
Genre : Horreur
Date de sortie : 17 août 2016

Le Pitch :
Nancy a enfin trouvé la plage sur laquelle sa mère avait pour habitude de venir surfer. Un endroit aussi magnifique qu’isolé, quelque part sur la côte mexicaine, que la jeune femme décide d’investir le temps d’une journée. Alors qu’elle profite des vagues, elle est violemment attaquée par un énorme requin, qui la pousse à se réfugier sur un minuscule îlot rocheux. Gravement blessée, coincée à 200 mètres de la plage, Nancy doit faire face aux régulières attaques du squale…

La Critique :
Les requins au cinéma ont donné naissance à un style à part entière. Un genre bien entendu né avec Les Dents de la Mer, de Steven Spielberg, qui est joyeusement parti dans tous les sens depuis, donnant lieu à des trucs aussi difformes qu’invraisemblables, mais aussi à des œuvres plus âpres et réalistes, comme The Reef ou Open Water. Instinct de Survie, de Jaume Collet-Serra, vient se positionner dans cette seconde catégorie. Celle qui ne rigole pas avec les squales et qui tente de jouer sur une peur remontant donc aux premières morsures sur la plage d’Amity, en 1975.

Instinct-de-survie-the-Shallows-Blake-Lively

Pour se faire, le réalisateur espagnol qui a remplacé au pied levé Louis Leterrier, a adopté une approche faisant la part belle au drame. Non content de mettre en scène le duel sauvage d’une jeune surfeuse et d’un gros requin affamé, le film verse aussi largement dans le drame, en appuyant chaque fois qu’il l’estime nécessaire (c’est à dire très souvent) sur les raisons qui ont poussé Nancy, le personnage de Blake Lively, à venir se perdre sur cette plage semi-abandonnée. Se focaliser sur le corps de l’histoire aurait probablement suffit, mais non, il a fallu qu’ils nous en rajoutent des louches à propos de tout un tas d’éléments qui, si ils avaient été dosés avec plus de finesse, auraient probablement pu souligner la tension, mais qui, à la place, contribuent à rendre le métrage un peu trop lourd pour être vraiment aussi efficace qu’espéré.
On s’aperçoit alors assez vite qu’Instinct de Survie est maladroit. Dans sa façon de caractériser son unique personnage (pour ainsi dire), mais aussi quand il cherche à nous montrer les sévices subis par Blake Lively au cours de son combat avec le grand blanc. La caméra de Jaume Collet-Serra s’attarde sur les courbes de l’actrice, qu’il filme sous toutes les coutures, sur la plage, sur la planche, sur le rocher, dans des poses parfois étrangement lascives, avant d’insister sur les blessures desquelles des flots de sang s’échappent. Le tout à grand renfort de ralentis incessants qui ne tardent pas à devenir vraiment lourdingues, au point d’avoir parfois l’impression d’assister à une publicité pour des combinaisons Rip Curl ou pour une crème solaire waterproof. Un traitement plus sobre, à la The Reef, aurait conféré à cette histoire somme toute simple, une force qu’elle peine à maintenir sur la distance. Et quand on parle d’un film dont la majeure partie de l’action suit une jeune fille coincée sur un rocher, la chose a son importance. Car au fond, il s’agit juste d’un rocher et d’une actrice. On nous a bien ajouté une mouette, mais là aussi, le film se plante un peu, diluant toujours un peu plus l’impact des interventions du requin, et sombrant, à mesure que les minutes s’écoulent, dans un ridicule certes relatif, mais bien présent.

Des défauts inhérents à la forme et au fond qui plombent Instinct de Survie, l’empêchant de prétendre au titre de nouveau classique du genre, mais qui ne suffisent pas heureusement à faire oublier, une fois la séance terminée, que cette aventure en eaux peu profondes possède aussi quelques jolis atouts. Blake Lively par exemple se démène avec une énergie du désespoir somme toute admirable. Il faut aussi souligner, même si l’argument peu apparaître futile, que la voir déambuler pendant presque 1h30 en bikini, a quelque chose de bien évidemment accrocheur. Sculpturale, l’ancienne actrice de Gossip Girl livre une performance physique, dans tous les sens du terme. Face à elle, le requin ne démérite pas non plus. Peu présent dans un premier temps comme l’exige la tradition, il sait ménager ses effets et impressionner à chaque fois qu’il passe à l’attaque. Entièrement « fabriqué » en image de synthèse, l’animal est non seulement spectaculaire, mais aussi menaçant comme il se doit. Chacune de ses interventions faisant monter une tension, certes peu entretenue par la suite, mais néanmoins très appréciable. Mention au dernier quart d’heure, excellent, qui fait regretter que tout ce qui a précédé n’ait pas été du même tonneau.
À l’arrivée, le requin s’impose comme l’un des plus beaux vus au cinéma ces dernières années. Autrement plus convainquant que tous les monstres de séries Z, il incarne un ennemi implacable et se fait le vecteur d’une horreur bien tangible.
À la barre, Jaume Collet-Serra sait le mettre en valeur mais peine quand il s’agit de se caler sur une rythmique, qui du coup, est en dents de scie.

Comprenant quelques morceaux de bravoure marquants et pouvant compter sur une actrice charismatique totalement impliquée, Instinct de Survie sauve les meubles quand il décide d’assumer pleinement son statut de potentiel survival impitoyable. Malheureusement, il se repose trop souvent, et c’est quand il s’attarde, n’arrivant pas à éviter les pièges de l’exercice auquel il s’attache, qu’il s’enlise un peu. Entre d’autres mains, concernant le scénario tout spécialement, ce film aurait pu être autrement plus percutant. Plus brutal et sans concession. Mais non, il faudra se contenter d’un spectacle inégal, beau et violent, mais plus superficiel et moins viscéral que prévu.

@ Gilles Rolland

Instinct-de-survie-the-Shallows-Blake-Lively-2  Crédits photos : Sony Pictures Releasing France

Par Gilles Rolland le 17 août 2016

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[…] cinquième film. Un peu plus et c’est Liam Neeson qui aurait pété la gueule au requin dans Instinct de Survie, à la place de Blake Lively ! Copains comme cochons, Serra et Neeson sont aussi un peu roublards […]