[Critique série] RICK ET MORTY – Saison 1

SÉRIES | 17 avril 2016 | 2 commentaires
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Titre original : Rick and Morty

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis
Créateurs : Justin Roiland, Dan Harmon
Réalisateurs : Justin Roiland, Ryan Ridley, Eric Acosta, Wade Randolph, Tom Kauffman, Mike McMahan.
Distribution voix (en V.O.) : Justin Roiland, Sarah Chalke, Chris Parnell, Spencer Grammer, Alfred Molina, Dana Carvey…
Genre : Animation/Comédie/Science-Fiction
Nombre de d’épisodes : 11
Diffusion en France : Netflix/France 4

Le Pitch :
Rick, un scientifique aussi génial que frappadingue, a récemment rejoint sa famille, avec laquelle il vit désormais. Son passe-temps favoris ? Entraîner son petit-fils Morty dans des aventures extraordinaires à travers des univers parallèles peuplés de créatures fantastiques et parfois dangereuses…

La Critique :
La genèse de Rick et Morty est plutôt atypique. À la base du show, deux hommes, soit Justin Roiland et Dan Harmond. Le premier, franchement furax d’avoir été viré de la série sur laquelle il travaillait, a imaginé les premières ébauches de ce qui deviendra Rick et Morty animé d’un profond désir de faire quelque chose d’absolument dégueulasse. Son point de départ : Retour vers le Futur et ses deux personnages cultes, Doc et Marty, que Roiland parodie au sein d’une aventure de science-fiction bien trash comme il faut (dans la première version, Doc se balade avec la braguette ouverte, laissant à l’air libre ses valseuses). Inutile de dire qu’on est loin de Dora l’Exploratrice. Dan Harmon de son côté, est tout aussi énervé, après la décision de NBC d’annuler Community, qu’il avait créée en 2009, tout en occupant le siège de showrunner. Réunis suite à un concours de circonstances, les deux hommes, ont ainsi bossé sur une nouvelle série d’animation. Après quelques ajustements, à partir de l’idée bien trash de Roiland, Rick et Morty, les deux héros effectivement inspirés par Doc et Marty, sont sortis des tuyaux, prêts à mettre un bon coup de pied dans la fourmilière.
Formidablement bien accueilli par la critique et le public, le show est arrivé pile poil au bon moment, à savoir quand les Simpson, la série maîtresse en matière de divertissement animé pour jeunes adultes montrait de petits signes d’essoufflement, et surtout quand South Park, l’autre série hardcore de la télévision américaine, commençait quelque peu à tourner en rond.

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La première saison de Rick et Morty s’apparente à une gigantesque bouffée d’air frais. Il y avait bien longtemps, probablement depuis la mise à l’eau des Griffin et d’American Dad, qu’une série animée à destination d’un public mature n’avait pas imposé avec autant de bravoure et d’esprit, une tonalité insolente boostée grâce à un humour dévastateur inhérent à la dynamique qui anime les personnages principaux. Des protagonistes immédiatement attachants et hilarants. Rick tout d’abord, cette version viciée du Doc de Retour vers le Futur, alcoolo au dernier degré, super intelligent, mais aussi super égoïste, qui balance à intervalles réguliers d’immondes rots, s’apparente à la force vive du show. À ses côtés, Marty, son petit-fils trouillard, sévèrement porté sur le sexe mais plutôt frustré, incarne le parfait side-kick. Tous les deux doublés (en version originale bien sûr), par Justin Roiland lui-même, Rick et Morty instaurent dès les premières minutes du premier épisode une dynamique redoutable, qui portera la saison jusqu’à sa conclusion. Le tout sans jamais vraiment se répéter, sauf quand il s’agit d’instaurer de savants running gags et de creuser des relations amenées à quelque peu évoluer pour le bien d’un récit plus profond qu’il n’en a l’air et qui, c’est important, ne se résume pas à une enfilade de blagues trashs. Le truc qui impressionne encore plus, c’est qu’autour, les autres personnages ne sont pas en reste. À la manière de beaucoup de séries, comme les Simpson, chaque épisode est scindé en deux. Souvent, Rick et Morty sont d’un côté et leur famille de l’autre. Les deux groupes étant amenés à se retrouver, selon une recette qui a fait ses preuves, ici parfaitement exploitée, avec autant de goût que d’irrévérence.
Rick et Morty est donc une série comique. Vraiment comique. Du genre qui peut tout à fait provoquer deux ou trois fous-rires par épisode, tout en impressionnant par la qualité de ses dialogues, truffés de savantes références, mais aussi tout à fait pertinents, quand il s’agit d’aller titiller des sujets de société plus sensibles, sans jamais avoir peur de franchir la ligne jaune pour le bien d’un discours puissant et salvateur (voir par exemple l’épisode 7, intitulé Gazorpazorp Junior). En gros, oui la série va loin quand il s’agit de parler de sexe, de violence et de toutes ces choses qui hérissent les ligues de vertu, mais non, ce n’est pas toujours gratuit. Et quand ça l’est, et bien ça fait du bien, car Justin Roiland et Dan Harmon assument toujours.

Précédé d’un générique foisonnant, la série est aussi une merveille d’animation. Possédant sa propre identité visuelle, que l’on pourrait un peu rapprocher de celle d’American Dad ou des Griffin (si il fallait vraiment trouver quelque chose qui s’en rapproche un tout petit peu), Rick et Morty, sur un plan purement visuel, ne se prive pas non plus pour donner corps à tous ses fantasmes, aussi délirants soient-il, tirant ainsi pleinement parti du fait que les héros naviguent à volonté entre les univers et les dimensions. On peut donc voir des trucs vraiment incroyables. Jamais le show ne s’interdit d’aller dans telle ou telle direction. Comme quand Rick amène Morty dans un monde habité par des escaliers ou qu’il transforme tous les habitants de la planète Terre en monstres tirés des films de David Cronenberg. C’est bien simple : à ce jour, aucune série animée pour adultes, n’avait osé aller si loin, sans sombrer dans le grand n’importe quoi. La maîtrise et parfaite et sous l’apparente simplicité des designs des personnages, se cache un univers (ou plutôt plusieurs) foisonnants, où tout est possible.
Après tout, où à-t-on vu avant ça des types entrer dans le corps d’un homme pour se retrouver au cœur d’un parc d’attraction à thème qui utilise les organes du cobaye ? Et si une telle chose vous rappelle L’Aventure Intérieure de Joe Dante, c’est normal. Chaque référence est pesée et pensée, pour ensuite être déformée à l’extrême. C’est brillant.

Trésor d’écriture, roller-coaster pour les mirettes, Rick et Morty s’avère très vite aussi jubilatoire qu’espérée. Le rythme, frénétique, ne laisse aucune place à l’ennui, tout comme la construction en filigrane, d’un fil rouge relativement bien entretenu, qui tient compte de tout ce qui se passe pour raviver les relations entre les personnages et les faire grandir.
Il est donc vivement conseillé, si ce n’est pas déjà fait, de découvrir cette incroyable série animée, qui on l’espère, connaîtra une longévité équivalente à celle de ses aînés. Surtout si la qualité se renouvelle d’une année sur l’autre.

À voir : le gag du canapé des Simpsons avec Rick et Morty, réalisé par Justin Roiland et Dan Harmon.

@ Gilles Rolland

rick-and-morty1  Crédits photos : Adult Swim

 

Par Gilles Rolland le 17 avril 2016

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[…] des trois. Disons qu’elle arrive au moins à atteindre le niveau d’excellence de la première et que la constance dont elle fait preuve et qui faisait un peu défaut à la deuxième, lui permet […]

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