[Critique] AMERICAN SEXY PHONE

CRITIQUES | 8 juillet 2013 | Aucun commentaire
American-Sexy-Phone-dvd

Titre original : For A Good Time, Call…

Rating: ★★☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jamie Travis
Distribution : Lauren Miller, Ali Graynor, Justin Long, Sugar Lyn Beard, Mimi Rogers, Nia Vardalos, Mark Webber, James Wolk, Seth Rogen, Kevin Smith…
Genre : Comédie
Date de sortie : 4 juin 2013 (DTV)

Le Pitch :
Délaissée par son petit-ami et cherchant désespérément un emploi, la bien-élevée Lauren Powell est persuadée par son ami Jesse d’emménager avec Katie, une ancienne rivale du lycée, dans un bel appartement près de Gramercy Park en plein cœur de Manhattan. Colocataires réticentes, Lauren et Katie continuent de se détester, jusqu’au jour où Lauren découvre le secret de sa compagne : opératrice pour un système de téléphone rose. Si inspirer des orgasmes par téléphone s’avère initialement choquant, elle finit par s’y faire et va même jusqu’à donner quelques conseils à Katie. C’est fou comme les affaires peuvent rapprocher, et alors que les deux filles partagent de plus en plus d’appels érotiques, une nouvelle amitié se noue…

La Critique :
Ne vous attendez pas à quelque chose de titillant avec cette supposée « sex comedy », de la plume de l’actrice/scénariste/Mme Seth Rogen, Lauren Miller. American Sexy Phone (encore une fois, bravo pour la traduction…), c’est l’histoire de deux colocs improbables, jouées par Miller et Ali Graynor (qui a occupé des années des rôles secondaires et s’élance ici vers un statut de star). Elles forment un duo infortuné, et un flashback de leurs aventures au collège qui n’est sérieusement pas drôle du tout compte bien nous le rappeler, avec des doubles portions d’urine, s’il vous plaît. Et maintenant, elles payent le loyer de leur appartement chic-chic à Manhattan en causant sexy à des étrangers via un service de téléphone érotique. Parce que bien entendu, ce genre de truc s’utilise encore, et évidemment Internet n’a pas encore été inventé dans ce film.

Miller joue la fille gentille et tendue du groupe, et reste au mieux une présence anonyme à l’écran, tandis que Graynor (qui a une certaine qualité comique qui rappelle Bette Midler, ce qui expliquerait probablement pourquoi elle passe tout le film à jouer la femme fatale comme un drag queen) se balade en fringues moulantes en peau de léopard faisant des « exercices » sur un poteau de strip-tease. Devinez qui est encore vierge dans le langage bizarrement préhistorique de ce film ?

Réalisé par Jamie Travis, American Sexy Phone n’est qu’une vidange de couleurs bruyantes et de réactions exagérées. Il est tellement occupé à choquer et à ricaner de l’audace du sujet qu’il traite, que le spectateur n’a même pas besoin de faire un effort. Et il passe un temps démesuré à favoriser une amitié dont, pour le dire franchement, on se tape totalement.

Le reste du casting n’aide pas du tout. American Sexy Phone balance des caméos affreux de célébrités à foison : Nia Vardalos et Seth Rogen en prime, il ne manque pas de monde qui se masturbe à l’autre bout de la ligne. Mais malgré son titre, le film semble être allergique à toute forme d’érotisme, allant jusqu’à enrôler Marc Webber dans la peau d’un correspondant fréquent qui pourrait être l’amour parfait. L’humour cru et vulgaire a été une véritable puissance dans les comédies ces dernières années, et ce n’est pas en terme de goût qu’American Sexy Phone est dégueulasse.

Il est tout à fait possible que l’humour vulgaire devienne drôle, mais pour réussir, il doit atteindre un certain niveau de génie. Mel Brooks aurait certainement quelque chose à dire là-dessus. Ici, on est plutôt dans le territoire de Kate Hudson, sauf que Kate Hudson n’est pas là. À la place, on a Justin Long pour nous tenir compagnie dans le rôle de Jesse, le meilleur ami mutuel des deux filles. Jesse est gay, parce qu’apparemment c’est une règle non-écrite qu’un mec capable d’être le meilleur ami de deux femmes en même temps doit être gay, parce qu’un hétérosexuel ne peut pas être meilleur amis avec plus d’une fille, à la fois. C’est bizarre, d’ailleurs, parce que Long joue le même personnage homosexuel que dans Zack et Miri font un Porno. Entre le fait que ça fait partie des produits toxiques habituels qui passent pour des comédies où les contraires s’attirent : stupide, grossier, vulgaire et impitoyablement prévisible, on se demande comment les choses pourraient empirer.

Et puis il y a Kevin Smith. Ce phénomène arrive de plus en plus ces temps-ci. Non content de se masturber derrière la caméra avec ses efforts récents dans le monde de la comédie, Smith est rapidement devenu une véritable Kryptonite pour les productions qu’il ne réalise pas, venant plomber des films avec des caméos inexplicables et porter le coup fatal à des métrages déjà chancelants. Après avoir tiré Daredevil, Southland Tales et Die Hard 4 vers le bas, le bonhomme débarque pour nous gratifier du spectacle de le voir s’astiquer le manche dans un taxi. Sans doute y a-t-il une métaphore là-dedans, mais il est peut-être préférable de s’arrêter là. Lauren et Katie sont également rejointes par une troisième partenaire, Krissy, interprétée par Sugar Lyn Beard, qui a précédemment travaillé dans le doublage des dessins animés. Je n’aurais jamais pensé que je verrais le jour où un Bisounours tenterait de devenir sexy.

Oui, ces deux filles deviennent meilleures amies et finissent par se donner des tope-là tout le temps, si vous êtes d’humeur à tolérer ce genre de trucs. American Sexy Phone a beau dire plein de gros mots, c’est plus une pyjama party qu’autre chose. Le scénario de Miller évite constamment toute semblance de sexualité adulte, tandis que le réalisateur Travis s’adonne aux couleurs tapageuses et aux fous rires. On est loin de la série Girls, et ça, c’est bien triste à dire.

@ Daniel Rawnsley

American-Sexy-Phone-photoCrédits photos : Universal Pictures

Par Daniel Rawnsley le 8 juillet 2013

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