[Critique] BAD MILO !

CRITIQUES | 9 mars 2014 | Aucun commentaire
Bad-milo-affiche

Titre original : Bad Milo !

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jacob Vaughan
Distribution : Ken Marino, Gillian Jacobs, Mary Kay Place, Peter Stormare, Toby Huss…
Genre : Horreur/Fantastique/Comédie
Date de sortie : 5 mars 2014 (DTV)

Le Pitch :
Milo est mauvais. Faut dire qu’il vit dans les intestins de Duncan, un homme stressé à mort, pris en étau entre sa famille et son boulot. Milo qui déclenche d’insupportables maux de ventre à son propriétaire qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Le jour où Duncan découvre l’existence de Milo, son quotidien change du tout au tout. Il doit désormais dompter la bête et notamment l’empêcher de trucider tout ce qui bouge. En somme, pas de quoi rendre sa vie plus simple…

La Critique :
Les frères Duplass (Jay et Mark) sont mine de rien en train de se construire un vrai petit royaume. Petits princes de l’underground, ils réalisent (Cyrus, Jeff, Who Lives at Home…), jouent (Greenberg ou Parkland pour Mark et la série The Mindy Project pour Jay) et produisent des trucs parfois complètement barrés, à l’image de ce Bad Milo !, ou comment un mec s’aperçoit un jour qu’un monstre vit dans son cul… Tout un programme !

D’emblée, Bad Milo ! annonce la couleur : ne vous attendez pas à un pur film d’horreur du genre de Critters, mais plutôt à une comédie décomplexée riche en hémoglobine et aussi raffinée qu’un pet foireux. Et des pets, le film en offre à foison ! Car en toute logique, c’est ce qui se produit quand notre ventre nous torture. Quand on fait de l’aérophagie ou, comme c’est le cas ici, quand un petit monstre de la taille d’un nouveau né, gigote dans vos entrailles. Cas très rare vous en conviendrez.
Duncan, le héros de Bad Milo ! pète donc plus qu’à son tour. Des prouts bien sonores qui ne manqueront pas de déclencher moult fous rires chez les amateurs de ce genre de joyeusetés.
Cela dit, Bad Milo ! ne se limite pas à une série de pets. Non non, que neni ! Après tout, il est question d’un monstre qui bouffe des gens ! Des gens qui font du tort à Duncan, ce mec comme tant d’autres, oppressé par sa famille et par son boulot. Quand ce dernier se voit attribué un bureau pitoyable, Milo sort de son confortable trou et bouffe le responsable ! Il fait un carnage et repart dans sa caverne, prouvant au passage la formidable élasticité des sphincters humains.

Personne ne se prend au sérieux dans ce long-métrage un peu parodique. Ni les acteurs, tout à fait dans le ton (Peter Stormare est une nouvelle en roue libre et c’est bien), ni le réalisateur. Après tout, difficile de se la jouer quand on parle d’un sujet pareil. Un sujet prétexte à un gros délire gore, qui ne s’interdit pas grand chose. Y-compris de tenter l’émotion en abordant des sujets comme la paternité et la vie de couple. L’accomplissement de soi est aussi traité. D’une façon toute particulière bien sûr, histoire de rester dans cette tonalité si potache.
Car au fond, Milo n’est pas aussi « bad » qu’il veut bien le laisser croire. Avec ses grands yeux et ses petites dents acérées, il en serait même attachant. Surtout si on fait l’impasse sur sa fâcheuse tendance à provoquer des diarrhées foudroyantes chez celui qui lui loue son bide.

Comédie délirante, Bad Milo ! s’avère -blagues à part- plutôt pertinent. Pertinent et cohérent. Il va jusqu’au bout des choses et reste modeste. Un peu trop peut-être car parfois, il s’enlise et peine à maintenir l’intérêt tout du long. Mais en même temps, comme indiqué plus haut, jamais le film n’affiche de grandes prétentions. Pour Jacob Vaughan, tout commence ici en-dessous de la ceinture et dans les toilettes. Avec sa petite ritournelle cradingue, il livre un conte finalement assez subversif. Une réflexion sur la prise de responsabilités et plus généralement sur le passage à l’âge adulte. Correctement écrit, son long-métrage organise la rencontre entre le film d’horreur et de la comédie existentielle chère au cinéma indépendant américain. Pour Vaughan, rien n’est impossible. Et si son Milo s’avère plus qu’à son tour bancal, il fait aussi rire et surprend dans le bon sens. Suffisamment en tout cas pour changer à tout jamais notre perception des toilettes…

@ Gilles Rolland

Bad-Milo-photo

Par Gilles Rolland le 9 mars 2014

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