[Critique] DAVID BRENT : LIFE ON THE ROAD

CRITIQUES | 20 février 2017 | Aucun commentaire
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Titre original : Life On The Road

Rating: ★★★½☆
Origine : Angleterre/États-Unis
Réalisateur : Ricky Gervais
Distribution : Ricky Gervais, Doc Brown, Tom Bennett, Jo Hartley, Andrew Brooke, Mandeep Dhillon, Miles Chapman…
Genre : Comédie
Date de sortie : 10 février (Netflix)

Le Pitch :
Connu pour avoir été la « star » de la série documentaire The Office, David Brent travaille désormais en tant que représentant de commerce et nourrit l’espoir d’un jour pouvoir vivre de sa musique. C’est alors qu’il décide de se lancer et d’organiser une tournée avec son groupe. Une tournée qui va lui coûter toutes ses économies mais qui devrait aussi lui permettre de laisser tomber son boulot, d’enregistrer un album et de de devenir riche et célèbre. C’est en tout cas le plan…

La Critique de David Brent : Life On The Road :

Le personnage de David Brent tient une place de choix dans la carrière de Ricky Gervais. Après tout, c’est avec lui que Gervais a accédé à la célébrité, avec le carton de The Office, la série dans laquelle David Brent a fait son apparition, qui a ensuite été adaptée avec succès aux États-Unis (en France aussi mais avec moins de flamboyance). David Brent qui fait son grand retour sur le devant de la scène avec un film qui se propose non seulement de donner de ses nouvelles, plus de 13 ans après la fin de la série, mais aussi de nous emmener sur les routes, au fil d’une tournée rock and roll…

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Ricky ou la belle vie

David Brent : Life On The Road se présente de la même façon que The Office. Il s’agit donc d’un mockumentaire (un faux documentaire) centré sur David Brent et son désir de laisser tomber son boulot de commercial pour devenir une rock star. La caméra adoptant les mêmes postures que dans la série culte. Il y aussi plusieurs intermèdes durant lesquels certains personnages se confient face à l’objectif. Pas de dépaysement possible, si ce n’est qu’ici, David Brent ne reste bien sûr pas entre les murs de l’entreprise pour laquelle il travaille mais va de salle de concert en salle de concert pour se produire avec son groupe.
Pour autant, le film prend son temps. Il nous présente les nouveaux personnages (hormis Ricky Gervais, aucun des acteurs de The Office n’a fait le déplacement) et les enjeux du récit. Une exposition utile mais néanmoins un peu longuette. C’est ainsi quand la tournée débute, et avec elle une succession de chansons interprétées par Ricky Gervais « himself », que le long-métrage démarre vraiment.
Des titres pour le coup très drôles (pour la plupart), garants de l’impertinence du personnage et de sa propension à mettre les pieds dans le plat sans même s’en rendre compte, devant des publics médusés, bien que clairsemés. Le hic, c’est qu’au fond, les chansons en question, décrites par les autres personnages comme complètement nulles, ne le sont pas du tout. Les paroles sont « spéciales » mais au fond, leur construction, leurs instrumentations et surtout la façon dont Gervais chante, leur confère une valeur qui ne colle pas vraiment avec le statut de looser que le film donne à David Brent tout du long. Comment ce dernier peut-il être systématiquement rejeté quand au fond, il joue juste et bien ? Si on fait exception des effets de scène et de son attitude bien entendu, qui font justement partie du processus comique. Mais sinon, à part ce détail, c’est du tout bon. Quand Life On The Road devient vraiment un road movie, il nous propose des gags efficaces et adopte une rythmique bien huilée, qui n’accuse aucun raté jusqu’au générique de fin.

One, Two Three, Four !

Mais ce qui fait vraiment la différence, c’est la tendresse avec laquelle Ricky Gervais, comme à son habitude, aborde son sujet. Bien qu’il soit imbus de lui-même, égoïste, vraiment étrange par moments et complètement déconnecté de la réalité, son David Brent sait aussi devenir attendrissant. Dans la plus pure tradition des œuvres précédentes de Gervais, le film s’attache ainsi dans son dernier tiers à retranscrire la solitude d’un homme qui voit ses rêves partir avec l’eau du bain. Son incapacité à nouer de vraies relations et à faire face à l’échec sans réagir comme un idiot est soulignée par un script qui n’échoue jamais à traduire cette détresse et ce besoin d’amitié, d’amour et de reconnaissance. Les meilleures séquences interviennent donc vers la fin, et suffisent, par leur pertinence, à rattraper un début un peu plus laborieux.
Ricky Gervais quant à lui, maîtrise parfaitement son personnage. Que ce soit dans les moments de pures comédies ou dans les instants plus « dramatiques », il s’impose comme le centre de gravité de toute l’entreprise et parvient à tenir la baraque sur ses seules épaules, entouré d’acteurs très méritants mais dont l’implication est néanmoins plutôt limitée tant c’est David Brent qui reste au centre en permanence. On se prend ainsi à espérer voir débouler Martin Freeman ou Lucy Davis, de la série originale, mais leur absence s’explique finalement très bien et ne se fait ressentir qu’au tout début. On le répète mais c’est sur la route que David Brent gagne ses galons…

En Bref…
David Brent : Life On The Road est une comédie tout à fait correcte, dotée de quelques gags franchement hilarants. Mais c’est lorsque Ricky Gervais nuance son propos et s’intéresse aux fêlures de son personnage que le film brille avec le plus de pertinence et de tendresse. En cela, Life On The Road ressemble à son créateur : impertinent, un peu irritant mais surtout sensible.

@ Gilles Rolland

David-Brent-Life-On-The-Road-Ricky-Gervais-3  Crédits photos : Netflix

Par Gilles Rolland le 20 février 2017

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