[Critique] DESPUES DE LUCIA

CRITIQUES | 30 octobre 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Después de Lucia

Rating: ★★★★☆
Origine : Mexique, France
Réalisateur : Michel Franco
Distribution : Tessa Ia, Hernan Mendoza, Gonzalo Vega Sisto, Tamara Yazbek Bernal, Francisco Rueda, Paloma Cervantes, Juan Carlos Berruecos, Diego Canales…
Genre : Drame
Date de Sortie : 03 octobre 2012

Le Pitch :
Après un drame familial, et désireux de démarrer une nouvelle vie, une jeune fille, Alejandra et son père Roberto, déménagent dans une nouvelle ville. Ils s’installent donc à Mexico, cependant leurs espoirs vont vite tourner court ..

La Critique :
Le cinéma mexicain bénéficie de grands réalisateurs et acteurs. Michel Franco, qui réalise ici Despuès de Lucia, – film moitié mexicain, moitié français, bien que tourné au Mexique et en langue espagnole – nous promet peut-être, s’il continue sur la même voie de l’intelligence et du talent, de vraies pépites et s’assure un bel avenir cinématographique.

Ici, on plonge dans les méandres de l’adolescence d’une jeune fille introvertie et calme, qui se retrouve dans une ville étrangère, avec un nouvel environnement. Toujours très réaliste, le film du début à la fin, se veut intimiste, mais aussi minimaliste au niveau des dialogues, ce qui offre quelques passages sans un seul mot. Ces passages pas, ou peu, dialogués sont par contre, un petit peu trop longs, voire agaçants, mais c’est vraiment un aspect minime comparé à la grandeur de ce film bouleversant. Puis après réflexion, cela accentue le malaise voulu par le réalisateur et c’est peut-être même nécessaire, car le but est clairement de retranscrire une réalité à un instant T, de raconter une histoire, pour nous amener à quelque-chose de brutal. Ici, la puissance des images prime sur les dialogues, et sur tout le reste. La mise en scène est très intelligente, elle nous embarque dans un monde simple, qui pourrait être le notre, et nous entraîne dans une histoire choquante et perturbante, qui pourrait également être la notre. La photographie est sobre et les plans sont élaborés, soignés en fonction de chaque scène.

Alejandra, qui a déjà vécu quelque-chose d’horrible, va difficilement s’adapter à ce nouvel endroit où elle emménage, voire pire, elle va carrément rentrer dans une logique d’abnégation de sa personne, absolument insupportable.
La jeune actrice Tessa Ia est brillante, elle arrive à faire passer des émotions graves et à imposer un jeu simple, efficace et émouvant. Quant à Hernan Mendoza, en père complètement désorienté dépassé par les événements, il est également très juste et impeccable, mais surtout très touchant.
Côté interprétation toujours, ce qu’il y a de brillant dans le film de Michel Franco, c’est que les seconds rôles joués par les jeunes tortionnaires, sont vraiment tous très bons. Preuve en est, on les déteste cordialement tous autant qu’ils sont.

Certains passages sont vraiment difficiles à encaisser tellement ils sont perturbants, surtout quand on sait que ce genre de pratiques, de harcèlements physiques et moraux existent réellement. Ce qui est très intéressant dans le film, si l’on regarde bien, c’est la critique qui est émise contre les professeurs, contre le personnel scolaire. Ce n’est pas pour en faire une généralité, mais plutôt pour dénoncer des faits, que certains préfèrent ignorer ou pire encourager directement ou indirectement parfois. Certaines scènes sont d’une puissance évocatrice sans pareil, brutalité, dureté et férocité sont au menu. La cruauté atteint son paroxysme, et beaucoup de mélancolie se dégage de l’ensemble. Ceci dit, on peut tout de même entrevoir une lueur d’espoir.

La grande puissance de Despuès de Lucia, réside indéniablement dans son dénouement.
C’est un film poignant, qui vous remue les tripes, le cœur et la tête. En sortant, on est bouleversé et on éprouve beaucoup de compassion pour Alejandra (pour toutes les Alejandra du monde).

Le film de Michel Franco mérite largement, son prix Un certain regard au Festival de Cannes de cette année.

@ Audrey Cartier

Crédits photos : Bac Films

Par Audrey Cartier le 30 octobre 2012

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