[Critique] END OF WATCH

CRITIQUES | 14 novembre 2012 | 2 commentaires

Titre original : End of Watch

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Ayer
Distribution : Jake Gyllenhaal, Michael Peña, Anna Kendrick, America Ferrera, Frank Grillo, Cody Horn, Natalie Martinez, Jaime Fitzsimons, Shondrella Avery, Richard Cabral, Maurice Compte, Yahira Garcia, Kristy Wu, David Harbour…
Genre : Policier/Drame/Thriller
Date de sortie : 14 novembre 2012

Le Pitch :
Le quotidien, en caméra embarquée, de Brian Taylor et Mike Zavala, deux jeunes officiers de police, chargés de patrouiller dans les rues de Los Angeles. Chaque jour, ils font face au danger inhérent à la guerre des gangs, à la violence de la rue, tout en apprenant à vivre avec…

La Critique :
Le film de flics est un genre à part entière. Rattaché au thriller, au polar et à tous les longs-métrages qui s’intéressent de près ou de loin à la police, le film de flics colle de près aux policiers donc, en pénétrant leur intimité et en mettant en relation leur métier et leur vie privée. Le premier ayant forcement beaucoup de répercutions sur la seconde.
Dans le genre, David Ayer est une sorte de parrain. Élevé dans le quartier chaud de South Central à Los Angeles, Ayer a fait de son vécu dans les coupes gorges, le moteur de sa carrière cinématographique. Tout d’abord par le biais de l’écriture, avec le script de Training Day, qui lui a valu le respect de la profession, puis avec ceux de Dark Blue ou de Fast and Furious, même si ce dernier n’a rien à voir avec la choucroute.
En 2005, Ayer débauche Christian Bale et passe à la réalisation. Les flics sont toujours au centre de sa problématique, tout comme avec son film suivant, Au bout de la nuit, où Keanu Reeves incarne un flic alcoolo salement borderline. Avec End of Watch, Ayer retourne aux sources et colle aux basques de deux flics, profitant de l’occasion pour replonger la tête la première dans le marasme des rues mal famées de son enfance. Le but étant clairement de dépouiller au maximum la thématique chère au film de flic, pour mieux souligner les relations des deux protagonistes, amis depuis leur sortie de l’école, mais aussi leurs interactions avec les gangsters, avec leurs propres familles et analyser du même coup en profondeur l’impact de leur métier sur leurs vies.

Quand il s’agit de dépeindre le quotidien de deux patrouilleurs, Ayer sait y faire. Son End of Watch brille en premier lieu par son authenticité. Dès les premières images, on sent qu’Ayer respecte son sujet et ses personnages. Également responsable du scénario, le cinéaste signe peut-être ici son œuvre la plus personnelle. Un constat qui n’aura de cesse de se confirmer, tout le long du métrage, jusqu’à la dernière minute.
Pourtant, si il est indéniable qu’Ayer ne rigole pas avec les thèmes qu’il aborde, le début d’End of Watch entraine aussi la crainte d’assister au genre de spectacle que tant et tant de films et de séries télé nous ont offert ses trente dernières années. Des séries comme The Shield ou The Wire, en passant par Training Day bien sûr, et les autres films précédemment cités par exemple. Rien ne laisse à penser qu’End of Watch va différer d’une quelconque façon de ses aînés  aussi respectables soient-ils. Et ce n’est pas le choix d’embarquer la caméra et de se la jouer docu-fiction qui arrange à première vue la sauce. Un coup c’est l’objectif vissé au tableau de bord de la voiture de patrouille qui retranscrit l’image, comme lors de l’introduction. Après c’est le personnage campé par Jake Gyllenhaal qui filme, dans le cadre d’un projet d’étude. Puis vient le tour d’une caméra extérieure, qui offre une vue d’ensemble, sans pour autant se départir d’un style très âpre, proche du documentaire. Les conséquences sur la mise en scène ne tardent pas à faire leur petit effet. L’image bouge, la caméra tremble, spécialement pendant les interventions musclées, les yeux morflent, les dents du fond baignent un poil et il nous tarde que l’action se pose pour pouvoir souffler.
Idem quand ce sont les gangsters qui sont au centre d’une scène : eux-aussi filment leurs faits et gestes et autant dire qu’aucun d’entre-eux ne peut prétendre au titre d’apprenti cinéaste de l’année. Volontairement, David Ayer opte pour une approche certes dynamique et immersive, mais aussi très inconfortable pour le spectateur, transformant la principale idée de mise en scène d’End of Watch, en son principal handicap. Le système a plus d’inconvénients que d’avantages, car si il confère à End of Watch un cachet « vécu », il lui donne aussi des airs un poil foutraques dans la forme, dont on se serait bien passé.
Pas vraiment found footage, End of Watch pâtit pourtant des mêmes défauts. À la seule différence, qu’ici, la présence de la caméra est tout le temps justifiée. Rien à voir avec les mecs de Paranormal Activity qui, même lorsqu’ils sont pourchassés par des démons, s’évertuent à tenir leur caméra.

Une mise en scène inconfortable globalement regrettable qui demande une petite période d’acclimatation. Une fois celle-ci passée, End of Watch apparaît comme un très bon film de flic, pour conserver l’appellation d’origine contrôlée. Il ne raconte rien de bien neuf c’est certain, mais il le fait bien, prenant soin d’emménager des plages de légèreté où l’humour désarmorçe la lourdeur d’une violence sourde. Petit à petit, la pression qui pèse sur les épaules des deux héros, finit par atterrir sur les nôtres. On ressent la menace et les enjeux qui font de leurs patrouilles, de véritables aller-retours en enfer. Une pression qui explose lors d’un final incroyable d’intensité où les balles comme les émotions claquent comme rarement. Éprouvant, le climax voit se rejoindre les thématiques que le film s’est efforcé, non sans mérite, d’installer une heure trente durant. L’amitié entre les deux personnages principaux, interprétés avec assurance et un mélange d’impertinence et de sensibilité à fleur de peau, par les impeccables Jake Gyllenhaal et Michael Peña est ainsi rendue d’une manière en somme toute admirable. Les seconds couteaux sont la plupart du temps bien exploités, tout spécialement en ce qui concerne Frank Grillo, mais un peu moins dans le cas du duo de policières, traité par dessus la jambe. Anna Kendrick, quant à elle, excelle une nouvelle fois dans le rôle de la petite amie. Jamais potiche, toujours juste et touchante, l’actrice confirme à quel point il faut désormais compter sur elle. En une poignée de scène, elle s’apparente à un joli rayon de soleil et offre à cette intrigue noire et superbement oppressante, une légèreté indispensable.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 14 novembre 2012

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paulus christiane
paulus christiane
11 années il y a

il a l air bien ce film gilles

hippocampestudio
Administrateur
11 années il y a
Répondre à  paulus christiane

Oui c’est clair ! Pas parfait, mais très palpitant !