[Critique] EUROVISION SONG CONTEST : THE STORY OF FIRE SAGA

CRITIQUES | 28 juin 2020 | Aucun commentaire
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Titre original : Eurovision Song Contest : The Story Of Fire Saga

Rating: ★★★★☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : David Dobkin

Distribution : Will Ferrell, Rachel McAdams, Pierce Brosnan, Dan Stevens, Demi Lovato, Melissanthi Mahut…

Genre : Comédie

Durée : 2h00

Date de sortie : 26 juin 2020 (Netflix)

Le Pitch :

Lars Erickssong n’a jamais eu qu’un seul rêve : représenter son pays l’Islande au concours Eurovision de la chanson et remporter la victoire. Un homme qui écume les scènes de sa région, accompagné de sa meilleure amie Sigrit Ericksdottir, avec laquelle il forme le groupe Fire Saga. Lars et Sigrit, plus habitués à encaisser les railleries qu’à recevoir des applaudissements, dont le destin va brutalement changer quand enfin l’opportunité de toute une vie va se présenter…

La Critique du film Eurovision Song Contest : The Story Of Fire Saga :

Un film avec Will Ferrell sur l’Eurovision… Un projet ayant encouragé les espoirs les plus fous depuis sa mise en route. La première bande-annonce, consistant en un clip bien kitsch dans la grande tradition de l’Eurovision, s’étant chargée de faire un peu plus monter la sauce. Eurovision Song Contest qui est de plus réalisé par David Dobkin (l’hilarant Serial Noceurs), co-écrit par Ferrell lui-même et co-produit par Adam McKay (le metteur en scène de Frangins Malgré eux, Présentateur Vedette, etc.) sous pavillon Gary Sanchez (la boite de prod de Ferrell et McKay). Pour résumer, sur ce coup, toutes les planètes étaient alignées. De nombreux fans de Will Ferrell voyant dans ce film hyper alléchant une chance pour le comédien de renouer avec la verve de ses plus beaux coups d’éclat. Ce qu’il fait… D’une certaine façon en tout cas, quitte à une nouvelle fois décevoir ceux qui espéraient un nouveau Ron Burgundy ou un film dans l’esprit totalement délirant de Ricky Bobby, Roi du Circuit

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Chanson de la dernière chance

S’il aborde, au début en tout cas, son sujet avec un certain recul, n’hésitant pas par exemple à souligner le caractère vieillot et parfois ridicule de l’Eurovision pour ensuite mieux mettre en lumière ses valeurs, le film de David Dobkin était tout d’abord prévu pour sortir sur Netflix au même moment du concours. Ce que la pandémie de Covid-19 a bien sûr empêché puisque le célèbre concours musical a purement et simplement été annulé. Et s’il fut envisagé de repousser le long-métrage en 2021, Netflix a finalement pris la décision de simplement le repousser d’un mois. Car oui, s’il fait un peu semblant d’écorner gentiment l’image de l’Eurovision, le film le fait quand même avec une bienveillance permanente. Pas la peine d’attendre un truc hyper vindicatif qui va à contre-courant des valeurs de l’institution que beaucoup souhaitent voir disparaître. Le concours a clairement ouvert les portes de ses coulisses à la production (pendant l’édition 2019), qui a donc bénéficié de tous les laissez-passer nécessaires pour pleinement offrir un éclairage nouveau à destination d’un public justement peut-être pas super enclin à attendre tous les ans la diffusion de l’Eurovision. Et au fond, c’est plutôt malin car c’est sur la longueur que la démarche trouve sa pertinence. Eurovision Song Contest marquant des points quand il baisse la garde, met le cynisme de côté et prend le parti de ses personnages, en respectant leur admiration du concours, sans les juger. Mais tout de même en misant sur des profils de candidats hauts en couleurs. Comme le prouvent Lars et Sigrit, les personnages campés par Will Ferrell et Rachel McAdams donc, mais aussi celui que joue avec une certaine délectation Dan Stevens.

Humour et émotion

En cela, Eurovision Song Contest ne met pas tous ses œufs dans le même panier et si l’humour n’est jamais bien loin, l’émotion non plus. N’évoluant pas vraiment dans le même registre plus franc du collier et fonceur qu’un Présentateur Vedette, le film de David Dobkin tente d’à la fois contenter les fans hardcore de Will Ferrell, via des gags typiques correspondant à l’idée que l’on se fait de la parfaite comédie avec Will Ferrell, mais aussi de faire preuve d’un peu plus de nuance. Quitte à embrasser des codes propres à ces histoires dans lesquelles un personnage incompris et sous-estimé, voire moqué, finit par se révéler aux yeux du monde, conformément à des rêves qu’il a toujours nourris. Eurovision Song Contest injectant à la sauce quelques gimmicks inhérents à une bonne vieille love story et une petite dose de second degré.

Dans le rôle du parfait underdog, le challenger que personne n’attend ou ne daigne regarder, Will Ferrell est parfait. Assurant forcément dans les scènes comiques pures et dures, il sait baisser la garde quand son script l’exige et incarner cette bienveillance propre au projet. Un acteur merveilleusement accompagné par l’excellente Rachel McAdams, qui elle aussi, évolue dans un registre qu’elle connaît bien, avec un petit grain de folie en plus, qui au fond, fait beaucoup. Sans oublier les acteurs secondaires avec en premier lieu Pierce Brosnan, la classe incarnée, et toute une pléiade de stars de l’Eurovision, comme le groupe Lordi ou Bilal Assani et Demi Lovato (qui n’est pas issue de l’Eurovision).

Alors oui, tout ce que raconte le film n’est au fond pas vraiment nouveau. Dobkin prend aussi son temps. 2 heures pour une comédie, c’est long. Mais, paradoxalement, cela lui laisse aussi les coudées franches pour faire exister ses personnages. On pourra également trouver que le métrage a le cul entre deux chaises. D’un côté l’humour bien décalé des productions Apatow et de l’autre une émotion un poil guimauve au service de l’image d’un célèbre radio-crochet. Sans oublier les chansons, qui clairement, gâcheront le plaisir à certains. Bref, Eurovision Song Contest, sous ses airs de comédie familiale, prend quand même quelques risques. Il assume également. Ce qui est le plus important car au final, les choix qu’il incarne, scénaristiques notamment, se justifient tout seul. À condition bien sûr de mettre son cynisme de côté. Pas la comédie de l’année peut-être… Mais ce que le film de David Dobkin perd en gaudriole, il le gagne sans l’ombre d’un doute en émotion et profondeur.

En Bref…

On aurait pu avoir droit à une comédie totale en forme de grosse bouffonnerie n’hésitant jamais à se moquer du concours de l’Eurovision. Cependant, la présence du logo sur le poster pouvait laisser penser que ce ne serait pas le cas. Non car le nouveau film de David Dobkin, avec Will Ferrell et Rachel McAdams, s’apparente plutôt à une comédie en forme de success story totalement au service de sa toile de fond. Un joli conte initiatique entre l’Islande et l’Écosse, parsemé de gags parfois très drôles et d’excellentes idées, parfois un peu bancal mais qui réussit en revanche à favoriser l’émergence d’une émotion palpable.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Netflix
Par Gilles Rolland le 28 juin 2020

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