[Critique] EXTRÊMEMENT FORT ET INCROYABLEMENT PRÈS

CRITIQUES | 2 mars 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Extremely Loud and Incredibly Close

Rating: ★★½☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Stephen Daldry
Distribution : Tom Hanks, Thomas Horn, Sandra Bullock, Zoe Caldwell, John Goodman, Max Von Sydow, Dennis Hearn, Paul Klementowicz, Julian Tepper, Caleb Reynolds, Viola Davis, Jeffrey Wright, Lorna Guity Pruce…
Genre : Drame
Date de sortie : 29 février 2012

Le Pitch :
Mardi 11 décembre 2001 : attentat du World Trade Center. Les Tour Jumelles s’effondrent dans un chaos total.
Un an plus tard, Oskar Schell, un enfant de 11 ans, précoce et très intelligent, découvre dans les affaires de son père, une mystérieuse clé, cachée dans un vase. Disparu un an plus tôt dans la tragédie du World Trade Center, Thomas Schell est encore très présent dans l’esprit de son fils, qui ne parvient pas à faire son deuil. Persuadé qu’au travers de cette clé, son père l’encourage à se lancer dans une grande aventure, Oskar entreprend de trouver la serrure qui correspond. Commence alors un périple où le jeune garçon croisera toute une galerie de personnages…

La Critique :
Un film doit-il automatiquement entrainer chez le spectateur de l’empathie pour ses héros ? Doit-on apprécier les personnages ou les plaindre pour aimer l’histoire qu’ils habitent ? Peut-on également les détester, mais aimer le faire, sans pour autant trouver le film bidon ? Des questions cruciales pour introduire une première observation à propos d’Extrêmement fort et Incroyablement près : difficile d’éprouver un fort attachement pour Oskar, le jeune héros du long-métrage joué par Thomas Horn. Nous avons ici le prototype du jeune surdoué qui, à 11 ans, sait tout sur tout, se permet de prendre des haut les adultes et qui, sous des apparences névrotiques, ne doute finalement de pas grand chose. Et pourtant, tout est fait par Stephen Daldry et sa troupe d’artisans, pour nous faire tomber à genou devant Oskar. Et on aimerait qu’il en soit ainsi. Peut-être que le stratagème fonctionnera sur vous, mais rien n’est moins sûr. Sûr moi, il a malheureusement eu l’effet inverse. L’empathie pour le personnage central se fait la malle au fil des répliques de ce dernier et encore une fois, c’est dommage. D’autant plus quand l’enfant en question occupe 99% de la pellicule.
Chose ô combien compréhensible lorsque l’on apprend que Thomas Horn a été repéré par la production du film suite à sa victoire au Jeopardy !, à télévision américaine.

Réalisé par un anglais (Stephen Daldry, responsable de The Reader, de Billy Elliot ou de The Hours) et adapté d’un livre phare sur une tragédie américaine (un bouquin écrit par Jonathan Safran Foer), Extrêmement fort et Incroyablement près aborde donc de front la question de l’après 11/09, en centrant son propos sur la douleur des familles des victimes. Un sujet difficile qui demande un maximum de finesse et de sensibilité et qui ici, ne trouve qu’une illustration inutilement alambiquée, relativement lourde et abusivement tire-larmes. Daldry ne trouve jamais vraiment la bonne tonalité. Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Alors qu’il aurait suffit de suivre pudiquement le parcours de vie douloureux d’une mère et de son fils touchés de plein fouet par la tragédie, Extrêmement fort et Incroyablement près en rajoute des louches. Le gamin croise des gens, dont la plupart sont aussi abimés que lui, sans que cela n’ait forcement un rapport avec le 11 septembre. L’accumulation étouffe la pertinence du vrai sujet, c’est un fait. L’aventure en elle-même de ce gosse qui cherche la serrure de sa clé et qui, par ce biais, poursuit le souvenir de son père, aurait pu toucher au cœur, mais non. Surtout quand on pense au récent et formidable Hugo Cabret où un gamin avait la clé mais cherchait une serrure pour essayer lui aussi de faire face à la disparition de son père.
Les deux longs-métrages partagent le même point de départ. L’un joue tout en douceur sur un registre féerique et pertinent, l’autre prend pied dans une réalité âpre mais tourne en rond.

Daldry apparaît alors comme un réalisateur broyé par un film très lourd, taillé pour les Oscars (et qui est reparti bredouille), pourtant habité par quelques très belles prestations d’acteurs. Sandra Bullock fait preuve d’une abnégation admirable et Max Von Sydow, dans un rôle discret mais puissant, s’approprie toutes ses scènes avec la classe qu’on lui connait.
Ce n’est déjà pas si mal et ça pourrait suffire pour passer un bon moment. Ça pourrait suffire si ce n’était ce côté interminable et cette tendance à vouloir enfoncer le clou jusqu’à traverser la planche. De quoi vite noyer les bonnes idées.

Si ceux qui ont lu le roman peuvent nous éclairer, nous leur en serions reconnaissant, parce que pour le coup, on est un peu passés à côté…

Après, ça vaut ce que ça vaut, mais c’est quand même beaucoup mieux que le calamiteux World Trade Center d’Oliver Stone. Qu’on se le dise…

Crédits photos : Warner Bros

@ Gilles Rolland

Par Gilles Rolland le 2 mars 2012

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