[Critique] FREE STATE OF JONES

CRITIQUES | 15 septembre 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : The Free State Of Jones

Rating: ★★½☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Gary Ross
Distribution : Matthew McConaughey, Gugu Mbatha-Raw, Mahershala Ali, Keri Russell, Sean Bridgers, Jacob Lofland…
Genre : Biopic/Drame
Date de sortie : 14 septembre 2016

Le Pitch :
En pleine Guerre de Sécession, Newton Knight, un fermier devenu infirmier sur le front, prend la tête d’esclaves en fuite et de paysans las de se faire piller par les soldats, afin de se battre contre l’armée des Confédérés. Retranchés dans les marais, ils vont rallier à leur cause de nombreuses personnes et lutter contre les discriminations et l’injustice pour finir par fonder le premier état où tous les habitants, quelque soit leur couleur, sont libres et égaux. Histoire vraie…

La Critique :
Gary Ross, à qui on doit le premier Hunger Games mais surtout Pleasantville, a longtemps travaillé sur l’adaptation sur grand écran de la vie de Newton Knight. Un révolutionnaire oublié de l’Histoire, qui a pourtant accompli ce que personne n’avait ne serait-ce que tenté avant lui, et donc réuni esclaves noirs et déserteurs dans un élan humaniste, en pleine Amérique ségrégationniste, pendant la Guerre de Sécession. En effet, un tel exploit méritait bien un film.

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Le début de Free State Of Jones est relativement âpre. Passé la première demi-heure, tous les espoirs sont permis. Le spectacle est violent. La caméra ne détourne jamais les yeux. Plongés aux côtés de Matthew McConaughey dans les affres d’un conflit qui voit les corps s’empiler sur les champs de bataille, dans un pays où le nombre d’esclaves détermine l’importance d’un homme, nous assistons à la lutte pour sa survie d’un personnage fort, remarquablement incarné par un acteur toujours en état de grâce. Car disons-le tout de suite, ici comme souvent, McConaughey est incroyable. Le regard habité d’un feu qu’il sait alimenter avec fougue, il instaure une intensité dont il se fait le garant tout du long. À lui tout seul, l’acteur incarne la détresse et la détermination de voir un jour les choses changer, tout en faisant le maximum pour participer activement à ce changement. La violence est crue et Gary Ross fait le maximum pour nous faire oublier qu’il fut rattaché un jour à une saga post-adolescente. Durant la première demi-heure. Après malheureusement, ça se gâte et il n’y a guère que McConaughey et les autres acteurs pour tenir la baraque tandis que celle-ci se fissure de toutes parts.

Oui, la vie de Newton Knight méritait qu’on en fasse un film. Peut-être un peu trop conscient de cette importance et du message que cela lui permet de véhiculer, Gary Ross commence, après avoir installé le décors et l’ambiance, à en faire des tonnes et tombe dans à peu près tous les pièges inhérents à l’exercice. Le mec sait tenir une caméra (finie la shaky cam qui remue dans tous les sens et qui file la gerbe comme dans Hunger Games) mais on scénario lui, est un bordel sans nom. En fait, c’est quand il surprend son monde et effectue un saut dans le temps de 80 ans pour nous amener en pleine salle d’audience, durant le procès d’un descendant de Newton Knight, qu’il commence à faire n’importe quoi. Dès lors, les messages écrits se succèdent à l’écran pour nous expliquer tel ou tel truc.Le long-métrage se transforme lentement mais sûrement en leçon d’Histoire en bonne et due forme.
Alors non seulement les flash-forwards qui sont censés faire un parallèle entre la vie de Newton Knight et celle de son descendant sont inutiles, mais ils cassent aussi le rythme. Oui, ils appuient aussi le propos en nous disant ni plus ni moins que 80 ans plus tard, le racisme est presque toujours aussi présent dans les état du Sud, mais non, ça ne sert pas à grand-chose car l’exécution est particulièrement maladroite. On s’interroge quant au sens de la démarche, ensuite on comprend, mais rien n’y fait, ça ne fonctionne pas.
Il y a ensuite ces ellipses, trop nombreuses. On nous présente une petite scène et hop, un texte apparaît à l’écran, nous explique un truc et on retrouve les personnages quelques temps après. Les intentions sont bonnes mais la conséquence d’une telle dynamique est de rendre le film de plus en plus bancal. Surtout qu’il s’avère aussi interminable. Heureusement que McConaughey, Gugu Mbatha-Raw, Mahershala Ali, Keri Russell et les autres sont bons. Ce sont eux qui, durant la dernière partie, portent Free State Of Jones sur leurs épaules.
C’est d’autant plus dommage que Gary Ross a réussi sa reconstitution. Mais peut-être en voulant éviter de trop s’éloigner de la réalité, pour véritablement rendre hommage au combat de Newton Knight, il est passé de réalisateur à professeur barbant. Il souligne trop les points importants, devient trop didactique et pas assez cinématographique, et finit par oublier de communiquer l’émotion… Dommage. Vraiment dommage.

En Bref…
Prometteur sur le papier, visuellement convainquant et parfaitement interprété, Free State Of Jones tient malheureusement plus du cours d’Histoire que de la fresque à la The Patriot. Et si on loue les nobles motivations du réalisateur, le film qu’il nous livre manque cruellement du souffle espéré. Ici, trop d’ambition, tue l’ambition…

@ Gilles Rolland

free-state-of-jones-mcconaughey  Crédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 15 septembre 2016

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