[Critique] HITMAN & BODYGUARD

CRITIQUES | 23 août 2017 | 1 commentaire
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Titre original : The Hitman’s Bodyguard

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Patrick Hughes
Distribution : Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson, Élodie Yung, Gary Oldman, Salma Hayek, Richard E. Grant, Joaquim de Almeida, Sam Hazeldine…
Genre : Action/Comédie
Date de sortie : 23 août 2017

Le Pitch :
Un redoutable tueur à gages doit témoigner devant la Cour Internationale de Justice de La Haye contre le Président sanguinaire d’un pays d’Europe de l’Est. Mais rapidement les choses dégénèrent. Interpol a été compromis et l’agente qui devait organiser le transport doit improviser. Elle fait alors appel au meilleur garde du corps de la profession, sans savoir que ce dernier a quelques comptes à régler avec l’homme qu’il est censé protéger…

La Critique de Hitman & Bodyguard :

Le buddy movie est l’un des sous-genres qu’Hollywood a le plus essoré. On a ainsi connu l’âge d’or, avec des films comme L’Arme Fatale et ses suites, Tango & Cash ou encore 48 Heures et sa suite. Des films fondateurs qui ont fait des émules et qui, encore aujourd’hui, se posent comme des références insurpassables. Sans complexe, le nouveau film du réalisateur de Red Hill et du troisième volet de la saga Expendables, vient se placer dans le même sillage et oppose/réunit deux types qui ne peuvent pas se saquer, mais qui, selon la tradition, vont devoir faire équipe pour mener à bien leur mission. Pas franchement rassurant sur le papier, Hitman & Bodyguard parvient pourtant à tirer son épingle du jeu. Et pas qu’un peu !

Hitman-et-Bodyguard-Elodie-Yung

I Will Always Love You

La promo de Hitman & Bodyguard a joué à fond la carte de l’humour décalé. Ryan Reynolds, en pleine bourre depuis le succès de Deadpool, continuant dans la même veine parodique, et Samuel L. Jackson étant quoi qu’il en soit à peu près à l’aise dans tous les registres. C’est ainsi à grand renfort de clins d’œil appuyés (l’affiche pastiche de Bodyguard qui voit Reynolds porter Jackson comme Kevin Costner portait jadis Whitney Houston) et de références très 80’s, que le film a fait son trou au milieu de la mêlée des blockbusters estivaux, au point de parvenir à susciter une véritable attente et au final, à engranger un maximum de dollars lors de son premier week-end d’exploitation aux États-Unis. Ce qui n’était pas gagné pour un long-métrage visiblement calqué sur une recette usée jusqu’à la corde… Sauf qu’en fait, ce n’est pas totalement ça. Oui Hitman & Bodyguard est un pur buddy movie. On y retrouve tous les clichés et rien ne vient perturber une routine connue des amateurs de ce genre de festivités. Mais là où le film de Patrick Hughes fait la différence, c’est qu’il pousse tous les compteurs dans le rouge avec une générosité exemplaire qui fait souvent défaut aux productions modernes trop timorées.
C’est un peu comme si les producteurs, en embauchant Ryan Reynolds, avaient décidé de conserver la même tonalité que dans Deadpool, en transformant toutes les blagues un peu foireuses (et Deadpool en contient un certain nombre) en punchlines à l’ancienne parfaitement senties. Des classiques des années 80, le film n’a retenu que le meilleur pour à l’arrivée ressembler à une production Shane Black (le scénariste culte de L’Arme Fatale ou encore de Last Action Hero et Au Revoir à Jamais).

En plein dans le mille

Résultat des courses, le spectacle est immédiatement et durablement jubilatoire. Quand on comprend qu’il ne compte pas retenir ses coups, on profite et on se surprend à vibrer pour ces deux anti-héros aussi antinomiques que finalement complémentaires. Surtout qu’en l’occurrence, et c’était indispensable à la bonne tenue du show, Samuel L. Jackson et Ryan Reynolds prennent un pied monstre à cavaler dans tous les sens, en défouraillant à tout va en faisant un concours de répliques bien trash et souvent hilarantes. Du sur-mesure pour ces deux comédiens parfaitement en place, physiquement en pleine forme et surtout magnifiquement servis par des partitions respectueuses des codes mais aussi désireuses de sans cesse rebondir sans trop se poser. On a aussi droit à un bon gros méchant bien méchant, campé par l’impérial Gary Oldman, à une side-kick sexy jouée par la charismatique Élodie Yung (cocorico), à des traîtres et à des hommes de main brutaux. Tous les éléments sont réunis pour que la fête soit totale et pour que le genre trouve finalement une nouvelle « modeste » référence. Force est en tout cas de voir ici l’un des meilleurs buddy movies de ces dernières années. Ce qui était aussi inespéré que de toute façon difficilement envisageable.
Mais forcément, avec un tel désir de ne pas retenir ses coups et un état d’esprit bien décalé, parodique mais pas trop, inspiré et respectueux, c’est plutôt logique. Surtout que derrière la caméra, Patrick Hughes confirme qu’il n’est pas un énième yes man sans scrupules. Si on excepte les quelques incrustations un peu dégueulasses, à la fin notamment, sa mise en scène a franchement de la gueule. Que ce soit au niveau des poursuites en voiture très spectaculaires (dans les rues d’Amsterdam par exemple, un régal pour les yeux) ou des bastons d’ailleurs, Hitman & Bodyguard retrouve aussi la verve de ses aînés avec une générosité exemplaire.

Ruptures de ton

Plus surprenant, le film se permet aussi de franches ruptures de tonalité. D’emblée plutôt violent, il prend le risque d’aborder frontalement une brutalité très graphique qui se retrouve dans le scénario, notamment à travers le personnage de Gary Oldman, une espèce d’immonde dictateur. La fin ainsi, étonne par sa radicalité. Le genre de truc que nous n’avons plus vraiment l’habitude de voir dans les productions modernes et qui ici, s’avère suffisamment maîtrisé pour emporter l’adhésion. Une preuve de plus que sous ses airs de comédie d’action innocente, parfaite pour pousser les spectateurs à aller profiter de la climatisation en plein été, Hitman & Bodyguard est en réalité l’un des meilleurs films de sa catégorie que vous pourrez voir cette année…

En Bref…
Pur buddy movie aussi jouissif que radical, Hitman & Bodyguard profite de la verve et du charisme de son duo vedette il est vrai super bien assorti, pour envoyer méchamment du bois. Brutal, drôle, rythmé et parfaitement emballé par un Patrick Hughes en pleine forme, voilà un film qui fait plaisir à voir. Un pur trip régressif mais pas trop, sauvage juste ce qu’il faut et souvent hilarant, dont l’une des qualités les plus probantes est de ne jamais se prendre au sérieux.

@ Gilles Rolland

Hitman-et-Bodyguard-Samuel-L-Jackson-Ryan-Reynolds    Crédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 23 août 2017

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[…] California, The Iceman, La Chute de la Maison-Blanche et La Chute de Londres ou encore le récent Hitman & Bodyguard. Souvent dans l’action pure et dure, mais pas toujours, Avi Lerner a pris une place centrale […]