[Critique] IP MAN 3

CRITIQUES | 2 mai 2016 | Aucun commentaire
Ip-Man-3-poster - Copie

Titre original : Yip Man 3

Rating: ★★★½☆
Origine : Hong-Kong
Réalisateur : Wilson Yip
Distribution : Donnie Yen, Patrick Tam, Jin Zhang, Mike Tyson, Meng Lo…
Genre : Action/Drame
Date de sortie : 27 avril 2016 (DTV)

Le Pitch :
Ip Man mène une vie paisible, entre sa famille et ses élèves qu’il initie aux secrets des arts-martiaux. Cependant, quand un promoteur véreux décide de prendre par tous les moyens le contrôle de sa ville, le maître doit passer une nouvelle fois à l’action, malgré les problèmes auxquels il doit faire face dans sa vie privée…

La Critique :
Ip Man revient 6 ans après ses dernières aventures, pour un troisième volet toujours porté par Wilson Yip et bien sûr Donnie Yen. Un acteur sans lequel Ip Man n’aurait pas vraiment de raison d’être et qui ici, retrouve la zenitude et la maestria d’un personnage qu’il a su faire évoluer au fil des épisodes sans se départir d’une classe et d’un charisme qui lui sont propres.

À l’instar du premier (et meilleur) volet, Ip Man 3 fait bien entendu la part belle aux chorégraphies martiales mais sait aussi se poser pour raconter une véritable histoire, qui ne se résume pas à des mecs qui se mettent sur la tronche. Le film se concentre ainsi encore un peu plus sur son personnage principal, qu’il met, un peu comme Sylvester Stallone a pu le faire avec Rocky dans le sixième volet de ses aventures, dans une situation des plus difficiles. Pour Ip Man, cette fois-ci, le combat se joue aussi bien sur le tatami que chez lui, face à la maladie qui touche sa bien-aimée.
Un aspect du scénario que Wilson Yip s’applique à illustrer avec beaucoup de justesse et de sensibilité, adaptant au caractère de son héros des situations très difficiles, qui d’une certaine façon répondent à celles qui voient Ip Man serrer les poings pour corriger des bad guys.
Il faut donc comprendre que dans ce troisième épisode, peut-être davantage que dans le deuxième, aucune violence n’est gratuite. En maître zen, Ip Man ne s’est jamais battu pour simplement se battre ou pour blesser ses adversaires, mais dans le cas présent, la lutte , nécessaire, revêt une signification encore plus symbolique qu’auparavant.
Plus âgé, plus sage encore, Ip Man n’aspire qu’à couler des jours tranquilles avec sa famille tout en servant sa communauté. Pour le sortir de sa routine pacifique, il fallait donc bien un promoteur immobilier véreux, américain de surcroît, qui de part ses provocations et autres assauts violents envers les habitants de la ville, va indirectement mettre en exergue la condition même du héros qu’est Ip Man, ainsi que sa faculté à cristalliser les thématiques du film dans son ensemble.

IP Man 3

Le détail qui fait pourtant toute la différence, c’est que ce combat entre Mike Tyson, le promoteur en question, et Donnie Yen ne représente qu’une partie du long-métrage. Un film qui s’attache ensuite à faire descendre Ip Man de son trône de maître suprême des arts-martiaux en le confrontant à un autre spécialiste, qui incarne la jeune garde et remet ainsi lui aussi en perspective la place de Ip Man dans une dynamique et une époque qui ont évolué depuis ses débuts.
Avec la pudeur qui caractérise souvent le cinéma asiatique dès lors qu’on touche à des choses douloureuses, le film avance à pas de loup et applique sa philosophie sur et en dehors des tatamis.
Donnie Yen parvenant de son côté à donner du corps à une émotion prégnante avec une économie de moyens qui force le respect. Mélancolique, triste, tragique même, Ip Man 3 est un vrai drame, avant même d’être un pur film de baston. Un long-métrage qui soigne le fond tout autant que la forme en tissant une histoire profonde qu’il a parfois du mal à faire exister avec toute la puissance requise, notamment à cause de certains seconds rôles un peu trop « légers », mais qui parvient néanmoins à faire passer un message, qui confère à l’ensemble une identité en accord avec le cahier des charges de la franchise telle qu’elle a été pensée au début.
Et niveau bourre-pif ? Non parce que qui dit Ip Man, dit forcément chorégraphies de malade et réalisation de fou-furieux. Et bien rassurez-vous car encore une fois Wilson Yip a assuré. Avec comme points d’orgues quelques séquences ultra spectaculaires, à faire pâlir d’envie les films d’action américains qui essayent depuis longtemps d’orchestrer avec le même génie des bastons aussi virtuoses (sans presque jamais y arriver, chacun sa spécialité), Ip Man 3 fait le show. Quand Donnie Yen se retrouve par exemple face à Mike Tyson, l’excitation est à son comble. Après tout, c’est un peu sur ce duel que le film a été vendu (en France en tout cas). Un duel visuellement très convainquant, où chacun offre à l’autre ce qu’il a de meilleur, et tant pis si Tyson joue comme une truffe car au fond, il est surtout là pour laisser parler ses poings. Son rôle étant surtout anecdotique.
Et c’est d’ailleurs quand il est écarté de l’équation que le film commence vraiment à dévoiler ses cartes. En alternant de purs morceaux de bravoure, où les coups pleuvent, et en illustrant la détresse d’un colosse aux pieds d’argile contraint de se battre sur tous les fronts. Et puis, on le répète car il faut vraiment insister là-dessus, mais certaines séquences sont vraiment hallucinantes. Précision, force de frappe, inspiration, mise en scène parfaitement à propos, tous les éléments sont réunis pour contenter même le plus difficile des amateurs de trips d’arts-martiaux.

Malgré ses efforts et la belle composition de Donnie Yen, Ip Man 3 échoue un peu à jouer sur deux tableaux. Son scénario ne se tient pas vraiment. Il enchaîne les ruptures de ton et survole un peu son sujet, malgré une belle application sur certains plans et surtout un sincérité indéniable. La démarche était louable et au fond, c’est surtout cela qui compte mais difficile de rentrer pleinement dans le côté dramatique d’une histoire qui elle-même, a du mal à l’instaurer sur la longueur. Le premier Ip Man y parvenait pleinement, en faisant se rencontrer la petite et la grande Histoire, mais là, sur un plan plus intimiste, la réussite est moins flagrante. Restent donc les combats, réglés par le maestro Yuen Woo-Ping et les exploits qu’accomplissent Donnie Yen et l’hallucinant Patrick Ham. Les coups font mal, un certaine réalisme est toujours entretenu et l’inspiration ne fait jamais défaut aux brutaux enchaînements. De quoi offrir à l’histoire de Ip Man un nouveau chapitre certes un peu bancal mais visuellement parfaitement convainquant et plus encore !

@ Gilles Rolland

Ip-man-3-Donnie-Yen  Crédits photos : M6 Vidéo

Par Gilles Rolland le 2 mai 2016

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