[Critique] JUNGLE

CRITIQUES | 11 janvier 2018 | Aucun commentaire
jungle-poster

Titre original : Jungle

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis
Réalisateur : Greg McLean
Distribution : Daniel Radcliffe, Alex Russell, Thomas Kretschmann, Yasmin Kassim, Joel Jackson…
Genre : Aventure/Drame/Adaptation
Date de sortie : 10 janvier 2018 (DTV)

Le Pitch :
Au début des années 80, un groupe d’amis décide d’effectuer un trek dans la jungle bolivienne en compagnie d’un aventurier rencontré sur place. Leur but ? Aller à la rencontre d’une tribu complètement isolée du monde extérieur. Malheureusement, les difficultés du parcours mettent à mal la cohésion du groupe et provoquent son éclatement. Ce qui, dans ces conditions extrêmes, peut s’avérer très dangereux. Histoire vraie…

La Critique de Jungle :

C’est dans l’horreur que Greg McLean, un réalisateur australien, s’est fait connaître du grand public. Avec le radical Wolf Creek, qui a fait passer l’envie à pas mal de personnes de s’aventurer dans le bush, mais aussi avec Solitaire, l’un des meilleurs films de crocodile jamais réalisés. McLean qui, après avoir offert à Wolf Creek une suite (puis une série), s’est un peu fourvoyé avec The Darkness, un film gentiment horrifique très anecdotique, avant de revenir en pleine forme avec The Belko Experiment et sa sauvage réflexion sur le monde du travail, qui est malheureusement passé inaperçu. Car étrangement, c’est un peu tout le temps le même refrain pour McLean dont les longs-métrages ne sortent en France que dans de petites configurations. Un peu comme Jungle, son nouveau fait de gloire, pourtant porté par Daniel « Harry Potter » Radcliffe, qui marque un tournant dans la carrière du cinéaste puisque ce dernier délaisse totalement le cinéma horrifique pour adapter le livre de Yossi Ghinsberg et ainsi mettre en scène son aventure cauchemardesque dans la jungle bolivienne.

Jungle-Daniel-Radcliffe

Into The Wild 2

Difficile en effet de ne pas penser au film de Sean Penn devant Jungle tant les deux œuvres partagent quelques importants points communs. Dans les deux films, il est question de rechercher autre chose. De s’aventurer aux confins du monde civilisé pour se trouver soi-même. Les personnages incarnés par Emile Hirsch et Daniel Radcliffe se mettant dans des situations potentiellement très dangereuses afin de donner à leur existence l’impulsion qu’ils ont toujours recherchée et ainsi espérer renaître. En Alaska pour l’un et dans la jungle pour l’autre. Un rapprochement inévitable qui ne nuit pourtant pas à Jungle, tant Greg McLean s’est arrangé pour se démarquer du chef-d’œuvre de Sean Penn. En faisant notamment parler son expérience dans le cinéma d’horreur, en adaptant des codes et autres gimmicks, sans pourtant verser dans l’horreur, mais en rendant sans cesse justice au récit et à ses implications émotionnelles et philosophiques. En exploitant parfaitement l’environnement mis à sa disposition et l’engagement d’acteurs parfaitement dévoués.

You know where you are ?

Jungle raconte donc comment un homme a survécu pendant plusieurs jours, seul dans la forêt amazonienne, en proie à la faim et à différentes menaces. Une histoire forte, qui a visiblement plu à Daniel Radcliffe au point de l’encourager à perdre du poids et à plus généralement ne pas s’économiser pour honorer la résilience et la détermination de son personnage. Un acteur encore une fois excellent, dans un rôle exigeant, qui évite d’en faire des tonnes, à l’instar de son réalisateur, lui aussi décidé à privilégier l’immersion sans s’éparpiller. Ce qui n’interdit pas l’audace comme le prouve le passage durant lequel Radcliffe souffre d’hallucinations provoquées par la fatigue et la faim, alors que les secours tardent à venir mettre fin à son calvaire.
Sorte de brutal conte initiatique, Jungle ne se montre pas trop explicatif, reposant sur un scénario très intuitif qui parvient très bien à mettre en exergue les thématiques. La survie est au centre de la dynamique, mais il est aussi question d’amitié et de ce désir d’accomplissement, loin du carcan familial et des attentes qu’il suscite. Au fil des scènes, le personnage de Yossi se raconte, alors que la perspective d’une mort solitaire se dessine avec toujours un peu plus d’insistance.
Remarquablement mis en scène et interprété, Jungle s’impose alors avec force. Viscéral, immersif et passionnant, il sait aussi laisser la place à une émotion qui sert parfaitement ses intentions. Jungle qui orchestre au fond, le combat de l’homme face à un monde qui oppose une farouche résistance, absolument pas disposé à se soumettre. Un propos très actuel que McLean rend encore plus universel grâce à une maestria certaine. Il n’est d’ailleurs pas insensé de penser qu’il s’agit de son meilleur film. Du plus ambitieux en tout cas et du plus abouti formellement. Car Jungle est magnifique. La beauté des plans et de cette jungle fascinante et hostile tranchant avec la lente déconstruction du corps et de l’esprit du personnage incarné par Daniel Radcliffe.
Et si on pense au final à des œuvres comme Delivrance de John Boorman et Into The Wild donc, ce n’est pas pour souligner que Jungle leur est inférieur mais au contraire pour au final arriver à la conclusion que ce dernier parvient à en égaler parfois la puissance évocatrice.

En Bref…
Ambitieux et parfaitement réalisé, Jungle possède aussi l’efficacité propre à un certain cinéma de genre. Le cinéma de genre d’où vient précisément Greg McLean dont le boulot ici force l’admiration, à l’instar de celui des acteurs, Daniel Radcliffe en tête, décidément impressionnant quand on lui donne les moyens de se fondre totalement dans des personnages qui n’appellent aucune concession. Des concessions, Jungle n’en fait d’ailleurs pas beaucoup. Un film sans pitié, rythmé, beau et cruel à la fois.

@ Gilles Rolland

Jungle-cast  Crédits photos : Splendid Film GmbH

Par Gilles Rolland le 11 janvier 2018

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