[Critique] KING RISING 2 : LES DEUX MONDES

CRITIQUES | 7 février 2012 | Aucun commentaire

Titre original : In the Name of the King 2 : Two Worlds

Rating: ★☆☆☆☆
Origine : États-Unis/Canada/Allemagne
Réalisateur : Uwe Boll
Distribution : Dolph Lundgren, Natassia Malthe, Lochlyn Munro, Heather Doerksen…
Genre : Heroïc-Fantasy/Aventure/Action/Fantastique
Date de sortie : 4 janvier 2012 (DTV)

Le Pitch :
Granger, un ancien soldat plus ou moins alcoolo reconverti en professeur d’arts-martiaux pour enfants, est aspiré par un étrange vortex. Dès lors, il se retrouve en plein Moyen-Age où il est accueilli par le Roi Raven. À peine arrivé, Granger apprend qu’il est l’élu. Un rôle qui le désigne d’office pour accomplir une ancienne prophétie. Le destin de l’humanité est en jeu… Rien de moins !

Voix off du trailer : “Après le triomphe de King Rising…”

La Critique :
King Rising premier du nom pillait sans vergogne Le Seigneur des Anneaux et quelques autres classiques de l’heroïc-fantasy. Avec le deuxième volet de sa saga moisie, Uwe Boll a choisi de jeter son dévolu sur Evil Dead 3 : l’Armée des Ténèbres, auquel il emprunte sans pitié le postulat de départ. Mais Boll n’est pas né de la dernière pluie et sa démarche n’a rien de grossier (ironie). Son héros, le bien nommé Granger (Le Roi : Granger ? Un nom pour le moins inhabituel. Granger : Vous verriez le nombre de coups qu’il m’a permis de tirer !), incarné par Dolph Lundgren, partage en effet peu de points communs avec Ash d’Evil Dead. Il n’a ni tronçonneuse, ni fusil et il est blond. Des différences qui feraient presque oublier tout le reste à savoir l’essentiel : on assiste dans les deux longs-métrages à l’arrivée impromptue d’une tête brulée dans un univers moyenâgeux en proie à un mal surnaturel. Il est, de plus, question d’élu dans les deux films. Uwe Boll n’est pas du genre à y aller par quatre chemins. Après tout, Evil Dead 3, c’était il y a longtemps et il n’y aucune raison de penser que quelqu’un va faire le rapprochement. Bah ! De toutes façons on va arrêter là le jeu des sept différences. D’une part car il serait difficile d’en trouver sept et de l’autre car une telle analyse comparative nous enlèverait une large partie du plaisir ô combien ambigu que King Rising 2 procure quasi-immédiatement.

Torché dans une forêt quelconque autour d’un tas de pierres que l’on tente de faire passer pour une forteresse, King Rising 2 pêche tout d’abord par son manque flagrant de moyens. Tout sonne creux. À commencer par les costumes, tous plus improbables les uns que les autres. Les armures en plastique brillant ne valent pas mieux, tout comme les armes, que l’on croiraient tout droit sorties d’une panoplie de carnaval. Pas trop de figurants non plus. Les armées du mal ne dépassent pas les quinze gus, qui doivent servir dans plusieurs scènes vu leur camouflage intégral. Probablement que sous ces cagoules taillées à la serpe se cachent le chef op, les producteurs et pourquoi pas Uwe lui-même. On fait comme à la maison et puis le style reconstitution historique à la papa a déjà fait ses preuves, donc pourquoi pas ?

Mais il faut voir le bon côté, car cette économie de moyens ne vise probablement qu’à nous faire apprécier la beauté du jeu des acteurs. Dolph Lundgren en tête, qui , contrairement à Jason Statham dans le premier volet, n’est pas épaulé par d’autres acteurs connus. Dolph est seul, à l’exception peut-être du type qui joue le roi, aperçu notamment dans Une Nuit au Roxbury. Mais Dolph n’en a cure. L’acteur trimballe sa carcasse, le regard torve, visiblement conscient de l’ampleur des dégâts. Il balance des vannes généreusement et envoie quelques mandales bien senties aux malheureux manants qui se risquent à le chatouiller de trop près, mais le cœur n’y est pas. King Rising 2 fait figure de ballade de santé pour l’acteur qui possède un C.V universitaire long comme le bras et toute une ribambelle de ceintures noires. Il fait ça pour le chèque le Dolph, histoire de patienter en attendant que Stallone le rappelle. Pas de quoi prendre des risques, ni forcer le talent. Pas la peine de se changer non plus. Un futal, un t-shirt, une veste kaki et un chech et c’est bon. Pourquoi se bouffer le foie à embaucher une costumière quand on peut porter la même tenue tout le long du film, y compris pour dormir, coucher avec la jolie doctoresse ou slammer joyeusement dans les buissons ?

Dolph ne ressort pas perdant de King Rising 2. Non, car son flegme le lui permet. Et puis ce n’est pas la première fois qu’il se compromet dans un navet et il y a fort à parier que ce ne sera pas la dernière. Faut dire que chez nous, on l’aime Dolph, tout comme on sait apprécier les stars du cinéma d’action des années 80/90. Elles seules peuvent se sortir avec honneur des pires traquenards. King Rising 2 en est un de choix.

Uwe Boll pour sa part, continue d’alimenter avec la rigueur d’une chaine d’assemblage teutonne, une filmographie caractérisée par son refus des conventions. Vieux sagouin sans foi ni loi, Boll affirme son statut de franc-tireur du nanard. Les films, il les empile sans se soucier du résultat, ni de sa réputation pliée depuis longtemps. Pas refroidi par l’accueil critique catastrophique réservé à King Rising, c’est en toute connaissance de cause qu’il s’est lancé dans l’aventure d’une suite. Une suite plus modeste, vraiment molle du genou (et du reste), aux effets numériques dignes des meilleurs épisodes de Xena la Guerrière et aux répliques parfois hilarantes (à un soldat qui lui propose une épée, Dolph qui n’a qu’un petit couteau répond : « J’ai l’impression que dans la foret noire, la taille est importante »). Il n’y a pas à dire : King Rising 2, résulte d’un savoir faire vraiment unique.

PS : Il est important de souligner l’escroquerie totale de la jaquette. On peut en effet y voir une multitude de chevaliers en armure et un Dolph habillé en circonstance. Rien de tout cela n’est dans le film.

@ Gilles Rolland

 

Par Gilles Rolland le 7 février 2012

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