[Critique] KURT COBAIN : MONTAGE OF HECK

CRITIQUES | 5 mai 2015 | 1 commentaire
Kurt-Cobain-Montage-Of-Heck-poster

Titre original : Kurt Cobain, Montage of Heck

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : Brett Morgen
Distribution : …
Genre : Documentaire/Musical
Date de sortie : 04 Mai 2015

Le Pitch :
D’avant sa naissance à sa disparition, Kurt Cobain : Montage of Heck plonge au plus profond de la vie d’un homme dont le groupe a bouleversé des millions de personnes dans les années 1990. Un homme devenu une icône intemporelle : Kurt Cobain. De sa jeunesse à Aberdeen jusqu’au faîte de sa gloire, portrait du leader de Nirvana…

La Critique :
C’est par une triste journée d’avril 1994 que le monde a appris la tragique disparition de Kurt Cobain. La nouvelle a abasourdi des millions de fans, atterrés et meurtris par la mort de celui qu’ils avaient désigné comme le porte-drapeau de toute une génération, une génération en colère et en perte de repères qu’on appelle génération X. Leader charismatique et quasi-christique d’un trio qui a entraîné la déferlante grunge, Cobain n’a jamais tenu le choc face à cette gloire qu’il n’aurait jamais imaginé ni demandé Qui aurait cru qu’un groupe qui jouait surtout dans des bars et des garages deviendrait culte en seulement trois albums studio ? Kurt Cobain, le batteur Dave Grohl et le bassiste Krist Novoselic ont sorti l’excellent Bleach, le torturé In Utero alors qu’ils étaient au sommet de leur gloire, et l’album live Unplugged In New York, chef d’œuvre absolu, est probablement l’un des meilleurs live jamais produits, mais ce qui les a amené au top, c’est le classique intemporel Nevermind, entré au panthéon du rock. 21 ans après la mort de leur idole, les fans ont enfin accès à un documentaire à la hauteur de la légende.

Kurt-Cobain-Montage-Of-Heck-Novoselic

Des documentaires sur Cobain, il y en a eu, dont le très bon Kurt & Courtney de Nick Broomfield, mais aucun n’a la densité de Kurt Cobain : Montage of Heck, documentaire de la chaîne câblée HBO, montré en séance unique en France le même jour que sa diffusion à la télévision américaine, après des projections triomphales à Sundance puis à Berlin.
C’est en découvrant le garde-meubles de Cobain que le réalisateur Brett Morgen a eu l’inspiration, en voyant les tableaux du chanteur et en écoutant des cassettes dont Montage of Heck, une mixtape contenant des morceaux de musique, des extraits sonores de films d’horreur et d’autres choses diverses et variées. Et c’est la direction que prend le rockumentaire. Loin d’être aussi linéaire que les documentaires classiques, celui de Morgen propose littéralement une plongée au plus profond de la psyché du chanteur disparu, artiste polyvalent qui, en plus de la musique, peignait, faisait de l’animations, dessinait, et noircissait des feuilles blanches de tout ce qui lui passait par la tête. On découvre les plus grands moments de sa vie, de l’enfant Kurt Donald Cobain au grand Kurt. Les témoignages de plusieurs personnes qui ont compté dans sa vie donnent au film un caractère plus intime et intimiste que jamais, que ce soit ses parents, sa première grande relation amoureuse Tracy, sa femme Courtney Love ou son groupe, tous ayant donné leur accord pour être interviewé en raison de l’implication de Frances, la fille du chanteur, co-productrice du documentaire.
Kurt a grandi dans la ville d’Aberdeen, dans l’état de Washington. Le divorce de ses parents a été très douloureux. Enfant hyperactif, son état s’est aggravé à leur séparation, à tel point qu’il a été confié par sa mère à son père, puis baladé de maison en maison au sein de sa famille. Les remontrances de son père ont annihilé toute confiance en lui, à tel point que l’humiliation lui est insupportable et qu’il gère très mal les éloges comme les critiques négatives. Ce stress constant entraînera des ennuis de santé qui le conduiront plus tard à annuler des concerts, et très tôt il tombe dans la drogue, d’abord la marijuana avant l’héroïne qui l’accompagnera toute sa vie. On découvre aussi sa relation tumultueuse avec Courtney Love, femme détestée par les fans, ainsi que son désir absolu de fonder un foyer. Son mariage comme sa relation avec Frances est montré comme étant de l’amour absolu. À partir de la naissance de sa fille, Kurt Cobain est pris d’angoisses, notamment la peur de la perdre. On découvre à la fois un écorché vif, absolument torturé et en proie aux addictions et aux angoisses mais aussi un époux et père aimant. Un homme d’une sensibilité extrême, à tel point qu’un jour, ayant appris que sa femme avait l’intention de le tromper, il fit une overdose médicamenteuse. Sa sensibilité et son caractère écorché, on le retrouve à la fois dans ses textes, ses œuvres d’art comme dans ses prestations scéniques, qui dégageait une rage de possédé qui lui conférait une énergie folle. On découvre que la modestie du chanteur était telle qu’il refusait son statut d’icône, sa starification ; il refusait du coup les autographes et les interviews étaient rares, non parce qu’il était une diva, mais justement parce qu’il refusait d’en être une, il ne voulait qu’on ne se concentre que sur sa musique.

On passe par toutes les émotions devant Kurt Cobain : Montage of Heck, par moments on est mal à l’aise quand un extrait sonore dévoile des aspects les plus intimes de sa vie, parfois on rit devant des séquences montrant son humour décalé, ou au comble de l’émotion quand certaines chansons prennent une autre dimension. On est avant tout scotché non seulement par le caractère intime poussé au paroxysme, mais aussi bluffé par la créativité du réalisateur, reflet de celle du sujet de son documentaire. Fasciné par le film culte Pink Floyd, The Wall extrêmement barré et imaginatif, Morgen a voulu s’en rapprocher. C’est le style assez particulier du réalisateur, à qui on doit le docu/film d’animation Chicago 10 (sur le procès de huit manifestant contre la guerre du Viêtnam) ou encore The Kid Stays in the Picture (sur le célèbre producteur Robert Evans) qui a poussé Courtney Love et Frances Cobain à faire confiance au documentariste. Il faut dire que Kurt Cobain : Montage of Heck est un véritable ovni multipliant les techniques, entre les peintures et dessins qui prennent vie, les images d’archives, les montages de vidéo réalisées par Kurt Cobain, et des animations signées par le talentueux Hisko Hulsing pour les séquences représentant des tranches de vie du chanteur (sur la base d’enregistrement audio). Plus qu’un documentaire, il s’agit d’une véritable expérience.

@ Nicolas Cambon

Kurt-Cobain-Montage-Of-HeckCrédits photos : Pathé/HBO

 

Par Nicolas Cambon le 5 mai 2015

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Paracelsia
Paracelsia
8 années il y a

Perso pour Kurt & Courtney c’est plutôt le contraire, c’est un documentaire qui s’est laissé prendre au piège du reportage pas du tout objectif, Courtney est la cible, ça devient une chasse aux preuves contre elle, donc même si je possède le DVD je le trouve vraiment inutile, avec ce Montage of Heck on a de façon chronologique et pertinente une vue d’ensemble sur la vie de cet homme déjà bien fragile et paumé avant de devenir cette icône qui après sa mort est devenu plus. Perso j’ai aimé Nirvana avant la mort du chanteur, j’ai beaucoup pleuré après l’annonce de sa mort parce que j’adorais sa musique, j’adorais qu’il soit aussi à côté de ses pompes que moi mais jamais ressentit ça pour aucun docu sur lui que sur Montage of Heck, la dimension vraiment intime du film à peut-être provoqué ça.
Good job 😀