[Critique] LA BELLE ET LA BÊTE (2014)

CRITIQUES | 14 février 2014 | 2 commentaires
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Rating: ★½☆☆☆

Origines : France/Allemagne
Réalisateur : Christophe Gans
Distribution : Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussollier, Eduardo Noriega, Audrey Lamy, Sara Giraudeau, Jonathan Demurger, Nicolas Gob, Louka Meliava…
Genre : Fantastique/Romance/Adaptation
Date de sortie : 12 février 2014

Le Pitch :
Un marchand ruiné, forcé de s’exiler à la campagne avec ses trois filles et ses trois fils, découvre par hasard le royaume de la Bête, une créature mystérieuse vivant recluse à l’abri du regard des hommes. Condamné à mort par la créature pour avoir volé une rose, le marchand ne doit son salut qu’à Belle, sa plus jeune fille, qui décide de se sacrifier à sa place et de rejoindre la Bête pour l’éternité.
Au royaume du monstre, Belle découvre néanmoins monts et merveilles et commence à s’attacher à son geôlier. Tout spécialement quand elle découvre que celui-ci n’est que la victime d’une terrible malédiction…

La Critique :
Afin de se différencier des nombreuses autres adaptations du fameux conte, le réalisateur Christophe Gans a tenu à coller au plus près du texte original, publié par Madame de Villeneuve en 1740… C’est ainsi que Gans a choisi de revenir sur le devant de la scène huit ans après Silent Hill : en orchestrant un conte de fée, en grand renfort d’effets numériques et autres paysages fantastiques. Une manœuvre censée fédérer le public autour d’un récit ultra connu (et rabâché), marqué principalement jusqu’alors par deux grandes illustrations cinématographiques, à savoir celle de Disney et celle de Jean Cocteau.

En France, Christophe Gans jouit d’un statut tout particulier. Grand cinéphile, amoureux de films de genre, et ancien rédacteur en chef du magazine Starfix, il est aussi connu pour avoir lancé HK Magazine, qui a joué un rôle prépondérant, via sa collection de vidéos, dans la popularisation du cinéma asiatique dans l’Hexagone. Le mec en connait donc un rayon en ce qui concerne le cinéma. Ce sont d’ailleurs ses connaissances et sa passion dévorante qui ont réussi à propulser ses premières réalisations dans le cœur des spectateurs. Des fans qui ont vite fait de lui, l’un des seuls cinéastes français capables, de par son ambition et ses idées, de rivaliser avec les cadors américains.
Sont ainsi sortis Crying Freeman et Le Pacte des Loups. Des films marqués par de multiples influences. Des influences qui ne sont d’ailleurs pas toujours très bien digérées ni assemblées, mais qui jurent (dans le bon sens) dans le paysage cinématographique français. Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien si c’est lui qui remporta la palme dans la course à l’adaptation du jeu vidéo culte Silent Hill, qui lui permit de diriger des acteurs étrangers et de sortir définitivement du cadre imposé par les carcans franchouillards allergiques à ce genre de productions.
Cela dit, il est également tout à fait envisageable de respecter Gans pour ce qu’il représente et pour ce qu’il tente de proposer, et le considérer pourtant comme souvent surestimé.
La Belle et la Bête en apportant une belle preuve à 45 millions d’euros.

En se confrontant à un tel mythe, Gans se heurte à ses ainés. Autant le dire tout de suite, jamais le film n’arrive à surpasser ni à égaler la version de Cocteau ou celle de Disney. Toutes les craintes soulevées par la bande-annonce trouvent un écho dans le long-métrage certes ambitieux mais terriblement bancal. On salut le toupet de Gans d’avoir voulu jouer dans une catégorie délaissée par les productions françaises, mais cela n’empêche pas de reconnaître à son travail de graves imperfections qui plombent sérieusement l’ambiance.
L’ambiance justement -et là se situe la faute la plus grave du film- ne parvient jamais à instaurer la féérie indispensable. Les paysages sont magnifiques, les architectures aussi, mais rien n’y fait, on se croirait dans une pub géante pour un parfum du genre de Lolita Lempicka ou de Nina Ricci.
Tout le budget semble être passé dans l’élaboration des décors. À côté, les effets-spéciaux font pâle figure en étant au mieux corrects (le visage de la Bête est l’effet le plus réussi) au pire franchement navrants (la biche, les lianes…). Les petites bestioles, peut-être censées remplacer dans le cœur des bambins, les objets animés du Disney ou encore les grosses statues, se détachent trop du cadre et cassent la magie censée se dégager du spectacle. Dommage car la mise en scène contient pourtant son lot de jolis moments (la poursuite sur la glace, la scène de danse…). Les efforts de Gans sont visibles et c’est peut-être aussi ça le problème. Il force trop le passage et met en exergue les grosses ficelles qui animent son petit monde trop préfabriqué pour convaincre.

Surtout qu’en l’occurrence, Gans ne peut pas compter sur ses acteurs pour relever le niveau. Et ce pour la simple et bonne raison, que La Belle et la Bête est un véritable festival d’interprétations catastrophiques. Mis à part Vincent Cassel, qui parfois arrive à sauver les meubles, et André Dussolier, tous les comédiens semblent tout droit sortis d’une pièce de théâtre de fin d’année interprétée par des collégiens je-m’en-foutiste. Léa Seydoux dans un premier temps, a l’air de lire son prompteur en permanence. Scandaleusement désincarnée, la comédienne est peut-être jolie mais c’est bien tout. Elle récite son texte sur un ton monocorde, n’y croit pas et du coup, nous non plus. C’est encore pire du côté de ses frères et de ses sœurs à l’écran, avec notamment des performances complètement à la ramasse d’Audrey Lamy et de Sara Giraudeau. Les pires étant les frères, tous plus mauvais les uns que les autres. Eduardo Noriega de son côté, fait ce qu’il peut, mais vu que personne n’a l’air de le diriger, il part aussi en vrille en campant un méchant plus caricatural et grotesque tu meurs.
Ce qui est tragique, c’est que souvent, on rit. Par dépit plus que par réelle envie, devant une adaptation foutraque qui sombre au fil des minutes dans un ridicule embrassant en ressemblant à un grand sketch bourré de tics et de clichés.

Le bilan n’est vraiment pas reluisant pour la Belle et pour sa Bête. Rarement Gans maîtrise son film et souvent les choses partent en vrille. À de nombreuses reprises le long-métrage se tire une balle dans le pied et le plus gênant, c’est qu’il semble faire express de s’auto-saborder. Rythmé à l’arrache, le spectacle est chiant comme la pluie, niais et tiédasse. Censé offrir une évasion aussi romanesque que fantastique, il ne décolle jamais, n’encourage jamais l’immersion et pêche par une succession de choix bancals ou pire, franchement pathétiques. Et quitte à se répéter, les acteurs n’aident pas. Bien au contraire. Chacune de leur réplique, récitée avec un automatisme rebutant, est un coup de pelle qui creuse le trou dans lequel le film s’enfonce. Et ni la photographie, propre, ni la musique enchanteresse, n’arrivent à freiner cette chute malheureusement un peu prévisible…

@ Gilles Rolland

La-belle-et-la-bête-léa-seydouxCrédits photos : Pathé Distribution

Par Gilles Rolland le 14 février 2014

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paulus
paulus
9 années il y a

il y a des beaux paysage moi je l ai vu en noir et blanc avec jean marais c étais bien plus beau