[Critique] LA DAME DE FER

CRITIQUES | 15 février 2012 | Aucun commentaire

Titre original : The Iron Lady

Rating: ★★★½☆
Origine : Angleterre/France
Réalisatrice : Phyllida Lloyd
Distribution : Meryl Streep, Jim Broadbent, Susan Brown, Phoebe Waller-Bridge, Alice de Cunha, Iain Glen, Alexandra Roach, Victoria Bewick, Emma Dewhurst, Olivia Colman, Harry Lloyd, Amanda Root…
Genre : Biopic
Date de sortie : 15 février 2012

Le Pitch :
Retour sur le parcours de Margaret Thatcher, première et unique femme Premier Ministre du Royaume-Uni.

La Critique :
La tentation de comparer The Queen (Stephen Frears, 2006), avec La Dame de Fer de Phyllida Lloyd (jusqu’ici connue pour avoir réalisé Mamma Mia !) est forte. Les deux œuvres brossent le portrait de deux femmes de pouvoir, anglaises de surcroit, et lèvent le voile sur les coulisses du pouvoir, avec tout ce que cela comporte d’effets secondaires sur les personnages concernés. D’un côté, nous avons la Reine d’Angleterre et de l’autre le Premier Ministre. Pouvoir monarchique hautement symbolique et pouvoir politique. Deux écoles pour deux films. Deux visages pour illustrer finalement les deux facettes de la société britannique à deux moments clés de son histoire.

Vivement vilipendé par une large fange d’anglais, de critiques et de spectateurs pour la représentation « sympathique » qu’il donne de Thatcher, le film de Phyllida Lloyd est aussi salué pour l’occasion qu’il offre d’assister à une nouvelle performance mémorable de son interprète star, Meryl Streep. Il faut dire que l’actrice est fabuleuse. Meryl Streep se glisse dès les premières minutes dans les tailleurs bleus de la Dame de Fer et livre une performance incroyable. La voix, la stature, le regard, la coiffure, tous les éléments sont réunis pour faire de l’actrice une Margaret Thatcher en tout point bluffante. Un mimétisme il est vrai souligné par des maquillages tout aussi hallucinants dans leur faculté discrète à fignoler artificiellement le travail de l’actrice, qui, corps et âme, prête son jeu et son corps à son rôle.

Ceci dit, il serait injuste de reprocher -comme on a pu le faire- à Meryl Streep de rendre sympathique la figure politique anglaise. À moins bien sûr de vouer une admiration aveugle à Meryl Streep et d’être ainsi incapable de saisir l’effacement total de l’actrice au profit de son personnage. Consciente du caractère polémique qu’un tel rôle trimballe, l’actrice n’élude pas les travers de Margaret Thatcher. Le film, s’il pêche par quelques maladresses et autres redondances, notamment par d’incessants allers-retours un peu usants entre le passé et le présent, fait de même et s’efforce de saisir objectivement l’essence de son sujet.

Peut-être aurait-il fallu un réalisateur un peu plus solide aux commandes du film pour éviter ces petits faux pas, qui traduisent surement des craintes légitimes. Au final, si La Dame de Fer ne rentre pas dans le tas et propose finalement davantage un portrait de femme que le récit d’une période historique donnée, il n’évite pas les accusations. C’est malheureux car le film ne cherche pas la polémique. Il analyse plutôt les revers du pouvoir. Ses dommages collatéraux. La solitude des puissants, la souffrance des proches et le poids des responsabilités. Là est le vrai corps du film.

Margaret Thatcher n’est pas un personnage sympathique, ni même attachant. Le film montre une vieille femme qui, à l’hiver de sa vie, fait le bilan. Un bilan doux-amer. La détresse va de pair avec l’introspection qui ne fait pas de cadeaux. « Ne creuse pas trop ou tu risques de ne pas aimer ce que tu déterreras » affirme en substance, Dennis, le mari de Thatcher, alors que celle-ci regarde de vieilles vidéos de vacances. Effectivement… C’est alors que la force a quitté le navire et que les regards se sont détournés, que le puissant mesure l’étendu des dégâts. Difficile de ne pas être touché par les yeux perdus de celle qui, loin d’avoir mené une politique irréprochable, n’a jamais trop hésiter à se salir les mains, sans se soucier du mal qu’elle pouvait causer. Y compris à sa propre personne.

@ Gilles Rolland

 

Par Gilles Rolland le 15 février 2012

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