[CRITIQUE] LA TOUR

CRITIQUES | 9 février 2023 | Aucun commentaire
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Rating: ★★☆☆☆

Origine : France

Réalisateur : Guillaume Nicloux

Distribution : Angèle Mac, Hatik, Ahmed Abdel Laoui, Kylian Larmonie, Merveille Nsombi, Nicolas Pignon…

Genre : Horreur/Thriller

Durée : 1h29

Date de sortie : 8 février 2023

Le Pitch :

Les habitants d’une tour d’immeuble sont du jour au lendemain confrontés à un phénomène des plus étranges : un voile d’un noir impénétrable a entouré leur bâtiment. Tout ce qui est plongé dans ce néant disparaît instantanément. Entre les murs de cette tour désormais totalement isolée, le chaos ne tarde pas à dicter ses lois…

La Critique de La Tour :

Guillaume Nicloux n’a peur de rien. En plus d’écrire des romans, des nouvelles et des scénarios, il réalise aussi des films depuis 1990 et ne s’interdit jamais de passer d’un genre à l’autre. Un réalisateur que l’on retrouve aujourd’hui aux commandes de La Tour, un pur film d’angoisse dont le pitch détourne le principe du confinement, nous ramenant en quelque sorte trois ans en arrière, en prenant bien sûr le soin d’extrapoler un maximum.

Confinement extrême

Et c’est bien là le problème. La Tour va vite. Trop vite. Le film monte dans les tours (désolé) et ne s’arrête jamais vraiment, s’enfonçant au fil des minutes dans une outrance qui ne sert jamais son propos pourtant intéressant. Dès que les personnages s’aperçoivent que leur immeuble est isolé est que quiconque essaye de sortir est dévoré par ce mystérieux voile noir, tout part en vrille et surtout le scénario. En 10 minutes à peine, des habitants commencent à péter les plomb et à s’organiser en milices en fonction de la couleur de leur peau. Un peu comme si tous avaient attendu ce jour, en sachant qu’il allait arriver, et s’étaient préparés en secret pour faire foirer autant de trucs que possible en un minimum de temps.

Chacun sa tour

Le postulat de La Tour évoque un peu celui de The Mist, le film de Frank Darabont adapté d’une nouvelle de Stephen King. Ici, pas de monstres à tentacules dehors mais absolument rien. Le néant. Et c’est bien ça le problème. À l’intérieur, comme dans The Mist, les sentiments s’échauffent, le fanatisme fait un peu son œuvre et nombreux sont ceux qui semblent poussés à répondre à leurs plus bas instincts. Bon, certes, il vaut mieux être enfermé dans un supermarché que dans un immeuble. Surtout pour la bouffe. Cela dit, quand The Mist faisait preuve d’un vrai talent pour faire monter la tension crescendo, tout en mettant en avant un certain sens de la mesure, indispensable dans ce genre d’exercice, La Tour n’en a absolument aucune (de mesure).

La Tour casting

Dans le noir

Guillaume Nicloux mélange donc tout : les codes des films de prison, avec les leaders qui asservissent les autres, le sexe qui devient une monnaie d’échange, etc, les codes de certains films d’horreur et les codes du drame social. Car bien sûr, Nicloux, en bon élève, a bien compris que l’horreur n’avait vraiment de sens que si elle servait un propos. Le déclencheur (à savoir le voile noir) servant ici à mettre en exergue le racisme latent qui ne tarde pas à gangrener le cœur de certains habitants de l’immeuble.

Si le concept pouvait paraître pertinent sur le papier, à l’écran, il peine vraiment à toucher sa cible. La faute à une galerie de personnages écrits à la va-vite, dont la plupart s’avèrent transparents, mais aussi à une succession d’événements espacés par des ellipses trop brutales. Brouillon et foutraque, La Tour va donc trop vite. On y revient. Guillaume Nicloux, trop occupé par le propos social souligné plus haut, finit même par en oublier qu’il est aux commandes d’un film dit « de genre » et ne cherche même à avancer un semblant d’explication ou à prendre les risques qui auraient pu faire la différence.

Obscurité fatale

Si le fait de ne justement rien expliquer aurait pu faire sens, afin de nous placer d’une certaine façon aux côtés des personnages, ici, on a la fâcheuse impression que cela n’intéresse pas le réalisateur. Ce dernier jette ce voile noir, isole ses personnages et organise un jeu de massacre trop outrancier pour là encore marquer des points.

À l’image de l’affreux (mais pas dans le bons sens) The Divide, de Xavier Gens, qui racontait un peu la même histoire d’ailleurs, La Tour cherche à faire passer son message dans l’excès, s’enfonçant toujours un peu plus dans le sordide, au point de paraître ridicule. Jusqu’à ce qu’arrive enfin le dénouement, qui confirme le statut profondément bancal de cette tentative au départ plutôt louable mais au final surtout très vaine. Heureusement, si son scénario est loin de convaincre, Guillaume Nicloux se rattrape grâce à une mise en scène qui exploite efficacement la géométrie de cette tour plongée dans le noir. Mise en scène qui fatalement, s’avère incapable de faire oublier les nombreux défaut de l’ensemble.

En Bref…

Film concept, La Tour utilise l’horreur pour disserter sur des thématiques sociales mais tourne vite en rond. Certes court, il manque de cohérence pour s’avérer efficace et verse trop souvent dans l’outrance pour quoi qu’il en soit imposer une quelconque pertinence. Reste la mise en scène plutôt efficace de Guillaume Nicloux et le jeu incarné de certains acteurs…

@ Gilles Rolland

La Tour
Crédits photos : Wild Bunch
Par Gilles Rolland le 9 février 2023

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