[Critique] LES CHANSONS QUE MES FRÈRES M’ONT APPRISES

CRITIQUES | 27 septembre 2015 | Aucun commentaire
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Titre original : Songs My Brothers Taught Me

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisatrice : Chloé Zhao
Distribution : John Reddy, Jashaun St. John, Travis Lone Hill, Taysha Fuller, Irene Bedard, Allen Reddy, Eleonore Hendricks…
Genre : Drame
Date de sortie : 9 septembre 2015

Le Pitch :
Après la mort de leur père aux multiples femmes et enfants, Johnny et sa sœur Jashaun voient leurs vies bouleversées. Johnny pensait quitter la réserve de Pine Ridge pour Los Angeles, avec sa petite amie Aurélia, laissant derrière lui sa mère et sa sœur. Cette dernière cherchant pour sa part sa place dans le monde compliqué de la réserve. En quelques semaines, leurs vies vont se jouer…

La Critique :
Chloé Zhao est une jeune réalisatrice au parcours atypique. Née à Pékin, elle s’installe aux États-Unis dans les années 90. Elle réalise un premier court-métrage (Daughters) en 2009. Après avoir passé un certain temps au sein de la réserve de Pine Ridge, Dakota du Sud, pour y documenter la vie quotidienne, elle finit par vouloir raconter une histoire fictive. Ce qui ne l’empêche pas de vraiment coller à la réalité de l’existence routinière des derniers représentants du clan Oglala (un des sept clans qui constitue la tribu Lakota). Après une longue immersion dans ce monde clos et difficile d’accès, elle finit par nous raconter cette terrible histoire.

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Dès les premières images, on classe Les Chansons que mes frères m’ont apprises dans la case « indépendant ». Caméra faussement hésitante, photographie qui saisit au plus près les subtiles nuances d’un soleil couchant, paysage splendides et plans superbement chiadés… Il y a beaucoup de Terrence Malick dans la forme. Les thématiques sont aussi très proches de ce que l’on attend d’un film indé. Il sera question d’alcoolisme, de rêves d’évasion contrariés, de familles dysfonctionnelles, d’amours impossibles… Des thèmes toujours traités avec une grande élégance et une pudeur exemplaire.

Johnny ambitionne donc de quitter sa réserve natale. Pour se faire, il vend de l’alcool en douce, alors même que l’alcoolisme est un fléau qui ravage les environs et que certains militants se font un devoir de l’éradiquer. La mort de son père, adepte du rodéo, l’amène à rencontrer différents membres de sa famille (qui est « mixte », son père étant blanc et sa mère native américaine). Cet aspect multiculturel est traité de manière simple comme un élément du décor, une évidence (et tant mieux, car cela devrait toujours être le cas). Jashaun, la petite sœur de Johnny, peine à trouver sa place, elle aspire à rayonner au prochain Pow Wow avec une belle robe. Pour se faire, elle commence à travailler avec un rappeur du coin qui vend des vêtements faits main. Bref… Il se passe quantité de choses alors même qu’on est dans une simple chronique quotidienne. Certaines scènes sont très fortes de par les dialogues, et les silences suggèrent beaucoup, au sujet de ce qui est parfois dur à entendre. Il est d’ailleurs à un moment question de la mort d’un ami de Johnny. Mort qui a vraiment eu lieu (le film lui est dédié). Les sujets abordés sont nombreux et il y a une véritable densité sur le fond (comme dans la vraie vie).

En parlant de vraie vie, la plupart des acteurs jouent plus ou moins leur propre rôle, et dans certains cas ne changent pas de nom (le rappeur Travis Lone Hill par exemple). Le casting est superbe, quasiment composé d’inconnus. Les acteurs portent leurs personnages avec un naturel et une justesse stupéfiants. Seule figure un tant soit peu familière, Irene Bedard, qui a prêté sa voix à Pocahontas dans la version Disney et qui jouera plus tard la mère de cette dernière dans Le Nouveau Monde, de Malick (elle rempilera aux côtés du réalisateur dans The Tree Of Life). On est conquis par leur jeu sans fard et parfois douloureux. Ajoutez à cela la grande importance de la musique, souvent interprétée en live par les acteurs, et on a un film à l’ambiance singulière, sombre et lumineux tout à la fois. Une perle et un des rares long-métrage centré sur la vie des Natifs Américains qui vaille le détour.

@ Sacha Lopez

Les-chansons-que-mes-frères-mont-apprisesCrédits photos : Diaphana Distribution

 

Par Sacha Lopez le 27 septembre 2015

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