[Critique] MACBETH

CRITIQUES | 20 novembre 2015 | Aucun commentaire
Macbeth-poster

Titre original : Macbeth

Rating: ★★★☆☆
Origine : Grande-Bretagne/France/États-Unis
Réalisateur : Justin Kurzel
Distribution : Michael Fassbender, Marion Cotillard, David Thewlis, Paddy Considine, Jack Reynor, Sean Harris, Elizabeth Debicki…
Genre : Drame/Adaptation
Date de sortie : 18 novembre 2015

Le Pitch :
XIème siècle en Écosse. Macbeth, héros du Roi, sort victorieux d’une sanglante guerre qui ravageait jusqu’alors le pays. Sur le champs de bataille, il rencontre trois sorcières qui lui prédisent qu’il deviendra souverain du royaume. Dès lors, cette idée l’obsède et le ronge. Son épouse également, qui le pousse à commettre l’irréparable, afin de régner sur le trône…



La Critique
 :
Ce n’est bien sûr pas la première fois que le chef-d’œuvre de William Shakespeare est porté à l’écran. Avant Justin Kurzel, Orson Welles ou encore Roman Polanski s’y étaient frottés avec succès, marquant ainsi l’Histoire du septième-art.
Présenté au Festival de Cannes, d’où il repartit bredouille, le Macbeth de Kurzel se démarque dès ses premières images par une volonté d’embrasser le côté crépusculaire et torturé du récit. L’identité est marquée, et brille par la brutale opposition entre l’ombre à la lumière. Entre le noir qui ronge l’âme de Macbeth et le rouge, du sang qui recouvre le champs de bataille. Tout du long, Adam Arkapaw, le directeur de la photographie, par ailleurs déjà à l’œuvre sur Animal Kingdom et Les Crimes de Snowtown, n’aura de cesse de contribuer à faire de cette fresque un joyau visuel. Macbeth est comme un tableau en mouvement. Chaque plan découle d’un travail minutieux, qui offre aux dialogues un écrin parfaitement à propos. Les visages, creusés par la folie, apparaissent comme le reflet des obsessions, tandis que les décors se noient dans une palette de couleurs flamboyantes. Rien à dire, le spectacle est sublime en tous points. Même sentence pour la musique, néanmoins relativement discrète mais très pertinente, de Jed Kurzel, le frère du réalisateur.
Sur un plan strictement formel, Macbeth est la claque annoncée. Celle que laissaient présager les bandes-annonces. Michael Fassbender, ce monstre de charisme fait face à toute une armée de gueules burinées, dominée par un Paddy Considine méconnaissable et un Sean Harris plus viscéral que jamais. Marion Cotillard, quant à elle, impose une prestance froide relativement impressionnante. Impeccable, elle embrasse, à l’instar du reste de la distribution la force de l’histoire, quand bien même son rôle, Lady Macbeth, est réputé depuis toujours comme étant l’un des plus ardus de la littérature occidentale.

Macbeth

Mais… Car oui, il y a un mais. Un gros même. Macbeth peine à passionner. Parfois (pour ne pas dire souvent), il ennuie carrément. Le truc, c’est que Justin Kurzel a tenu à respecter le texte original. Aucun changement à l’horizon. Shakespeare est bien là. Les protagonistes déclament les tirades avec beaucoup de force, mais à l’écran, la sauce ne prend pas toujours. La sauvagerie voulue par Kurzel, à travers ses choix de mise en scène et esthétiques s’oppose étrangement, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi, à la grandiloquence très théâtrale de certains dialogues. Il y a aussi ces ellipses, particulièrement maladroites, qui transforment le basculement dans la folie du roi, en une sorte de mutation brouillonne et finalement peu crédible et forcée. D’un côté, le film met le paquet niveau effets visuels pour nous immerger dans cette brillante prose, mais de l’autre, le montage et la construction du scénario, n’arrivent pas à capturer l’essence de l’œuvre matricielle. Un comble quand on sait que là était justement le but.
Les choix de Kurzel sont louables en cela qu’ils n’ont pour objectif que de servir la pièce de Shakespeare. Au final pourtant, le long-métrage passe trop souvent à côté de son sujet pour s’imposer comme l’adaptation de Macbeth qu’il aurait pu être. Le faste discret mais spectaculaire crée une trop grande distance. On ne rentre pas vraiment dans la tête de Macbeth qui sombre sous nos yeux, sans que son sort ne soit aussi perturbant qu’espéré. À plus forte raison quand le film bascule malgré lui dans le ridicule lors de très courts moments.

Le travail de Justin Kurzel reste à saluer. Son film regorge de qualités formelles. Dans le fond, le bilan est malheureusement en demi-teinte, mais l’ambition est là, ainsi que l’aspect frondeur de cette réinterprétation dont les aspirations ne suffisent pas à dépasser le propos originel pour en livrer une interprétation totalement personnelle. On reste quoi qu’il en soit les yeux rivés sur Kurzel, alors que ce dernier bosse, toujours avec Michael Fassbender et Marion Cotillard, sur l’adaptation du jeu-vidéo Assassin’s Creed.

@ Gilles Rolland

MacbethCrédits photos : StudioCanal

 

Par Gilles Rolland le 20 novembre 2015

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