[Critique] MALÉFIQUE

CRITIQUES | 29 mai 2014 | 1 commentaire
Malefique-affiche-France

Titre original : Maleficent

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Robert Stromberg
Distribution : Angelina Jolie, Sharlto Copley, Elle Fanning, Brenton Thwaites, Juno Temple, Sam Riley, Imelda Staunton, Ella Purnell, Peter Capaldi…
Genre : Fantastique/Aventure/Adaptation
Date de sortie : 28 mai 2014

Le Pitch :
Maléfique, une jeune et belle fée, vit paisiblement dans la Lande, le royaume enchanté des créatures fantastiques. Un jour, elle rencontre un jeune garçon, venant du pays des hommes. Un garçon qui ravit son cœur et avec lequel elle passe son enfance. Cependant, une terrible trahison plonge Maléfique dans une rage obscure. Bien décidée à se venger, la fée jète une malédiction sur la jeune princesse, alors encore en bas âge. Le jour de ses 16 ans, l’enfant se retrouvera plongée dans un sommeil sans fin. Une terrifiante bataille s’engage alors entre Maléfique et le Roi. Ce dernier qui n’a plus qu’une idée en tête : anéantir le royaume de Maléfique et tenter de déjouer la malédiction qui plane sur son innocente fille…

La Critique :
Une nouvelle tendance est en train de prendre de l’ampleur. Les contes de fées les plus célèbres subissent de puissants liftings, à l’instar de Blanche-Neige, devenu en 2012, Blanche-Neige et le Chasseur, pour une variation plus guerrière, plus adulte et au final plus fédératrice. Aujourd’hui, c’est Disney qui s’illustre en offrant à sa Belle au Bois Dormant une adaptation live, qui, au passage, prétend se rapprocher un peu plus du conte des frères Grimm (eux-mêmes inspirés de Charles Perrault). Une nouvelle adaptation envisageable sous plusieurs angles. Si on veut se la jouer cynique, on peut carrément arguer que Mickey ne fait que recycler habilement un classique afin d’engranger un max de biftons sans trop forcer. Cependant, on peut aussi argumenter en soulignant la pertinence de la démarche. Après tout, le dessin-animé de Disney commence à dater (1959) et les plus jeunes, comme les fans inconditionnels, sont tout à fait en droit de (re)découvrir cette fameuse histoire sous un angle plus moderne. Quoi qu’il en soit, le résultat est là : la Belle et son bois dormant sont de retour, pour le meilleur et pour le pire.

Une formule toute faite qui peut tout à fait résumer l’impression laissée par Maléfique, tout en jouant sur les nuances. Pour faire simple, jamais Maléfique n’est vraiment mauvais, mais jamais il n’est vraiment bon pour autant. À vrai dire, la seule chose vraiment et pleinement réussie réside dans les décors et les effets-spéciaux. Normal pour une production Disney de 200 millions de dollars. Forcement, le savoir-faire est là et à l’écran, ça en jette ! Le récit, aussi remixé soit-il, prend pied dans un univers superbement maîtrisé. La Lande, ce royaume fantastique abritant la fée Maléfique (c’est son nom et contrairement à ce qu’il sous-entend, au début, elle est très gentille), regorge de couleurs et de créatures attachantes, qui pour certaines d’entre-elles (les trois petites fées) sont issues de la technologie de la performance capture. On pense certes au Seigneur des Anneaux (les arbres, gardiens du royaume, évoquent bien sûr les Ents), mais sur un plan purement visuel, le film parvient à mettre en avant son identité propre, quitte à faire preuve d’un mauvais goût flagrant, en ce qui concerne certaines bestioles.
N’oublions pas que nous avons affaire ici à une histoire fondatrice et après tout, il est normal d’y retrouver des éléments connus. Des repères dont le but est de nous immerger un peu plus dans un monde dans lequel il est agréable de se laisser couler. La première impression est bonne. Y compris du côté des humains, où les armures étincellent, mais pas trop non plus, et où la grandiloquence des batailles et le réalisme des architectures donnent du corps à l’action.

Malheureusement, il ne suffit pas d’en mettre plein les yeux pour tenir sur la longueur. Même quand on dure à peine plus d’1h30. Tragiquement, c’est donc du côté du scénario que Maléfique se plante. Tout est relatif, mais difficile de ne pas condamner le long-métrage du débutant Robert Stromberg pour la vacuité de son script. C’est bien simple : dans Maléfique, il ne se passe pas grand-chose. Au début, tout va bien. La fée tombe amoureuse d’un humain. L’humain trahit la fée, on nous glisse une petite morale sur l’ambition et sur les dommages collatéraux du pouvoir, et la fée devient méchante. Angelina Jolie apparaît à l’écran sous les traits bien connus de la sorcière du dessin-animé (les repères, toujours les repères) et la princesse déboule. Ensuite, ça se gate. En enchainant les va-et-vient entre le château du roi, dans lequel ce dernier se désole de ne pas arriver à tuer la méchante fée, et le royaume de cette dernière, qui voit la princesse faire ami-ami avec les gentils monstres, le film ne parvient pas cacher la minceur de son scénario. En épurant au maximum, tout aurait pu être raconté en ¾ d’heure. Ni plus ni moins. Le reste n’est que remplissage. Avec des vannes éculées, des répétitions gênantes et des gros plans vaguement inquiétants sur le visage transformé d’une Angelina Jolie certes investie, mais pour autant, pas complètement bluffante.
Bien heureusement, le dernier quart d’heure vient ruer dans les brancards, même si au fond, c’est trop tard. Le mal est fait et le gros ventre mou qui vient plomber l’ambiance a bien du mal à se faire oublier. Maléfique est parfois soporifique, sans être mauvais. Il est aussi anecdotique, sans être gonflant. Il y a un mot qui existe pour qualifier de telles œuvres et ce mot c’est « fade ». Pas visuellement, comme indiqué plus haut, mais dans le fond. Et le fond c’est super important, même si derrière, la forme assure (malgré ces accès de mauvais goût, il est important d’insister). Dommage pour le sous-propos féministe, quant à lui vraiment surprenant et bienvenu, pour une production de ce calibre, qui aurait mérité d’être souligné avec un peu plus de conviction (on voit alors bien que Disney ne veut pas trop sortir des clous).

En cela, Maléfique reste un film à conseiller en priorité aux enfants. Eux trouveront sans problème leur compte. Plus peut-être que devant le dessin-animé de 1959 qui s’avère par bien des aspects plus sombre et flippant, même pour les adultes.
On espérait une surprise et c’est ainsi un produit ultra calibré qui déboule. Pas l’événement attendu mais une adaptation timide et bien emballée. Curieusement, on peut y croiser Sam Riley et Juno Temple, deux acteurs abonnés au cinéma indépendant plus radical. Sharlto Copley fait aussi partie de l’équipe et à vrai dire, son roi gangréné par la folie d’une vengeance sourde, fait son petit effet. Tous ces acteurs tentent d’exister face à Angelina Jolie, la star incontestable du long-métrage. Maléfique est dédié à son actrice principale. Son charisme assure au personnage une présence certaine, mais encore une fois, cela ne va pas beaucoup plus loin.
Il y a deux ans, Blanche-Neige et le Chasseur allait plus en avant dans la démarche de dépoussiérage et prenait plus de risques, quitte à se mettre à dos les inconditionnels et à pomper à droite et à gauche des idées ayant fait leur preuve (encore le Seigneur des Anneaux). Du coup, rien n’interdit de le préférer (largement) à ce Maléfique, pas si maléfique qu’espéré.

@ Gilles Rolland

Maléfique-Angelina-JolieCrédits photos : The Walt Disney Company France

Par Gilles Rolland le 29 mai 2014

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
jerome muslewski
jerome muslewski
9 années il y a

Film platement mis en scene et acteurs pas ou mal dirigés. SFX luxueux certes, mais le production design de ce type de films (les recents Alice et Oz) est devenu tellement interchangeable qu’on ne s’extasie meme plus 🙁
Plus dommageable, le film ne tranche jamais entre prequelle et remake, et la pirouette scenaristique pour justifier les ‘trahisons’ vis-a-vis de l’histoire originale est non seulement facile, mais tombe carrement comme une moumoute dans la soupe. (en gros: “l’histoire telle que vous la connaissiez etait un mensonge”)