[Critique] MEA CULPA

CRITIQUES | 5 février 2014 | Aucun commentaire
Mea-Culpa-affiche

Rating: ★★★½☆

Origine : France
Réalisateur : Fred Cavayé
Distribution : Vincent Lindon, Gilles Lellouche, Nadine Labaki, Max Baissette de Malglaive, Gilles Cohen, Medi Sadoun, Velibor Topic, Cyril Lecomte, Sofia Essaïdi, Gilles Bellomi…
Genre : Action/Thriller
Date de sortie : 5 février 2014

Le Pitch :
Viré de la police à cause d’un accident dont il fut la cause alors qu’il était en état d’ébriété, Simon travaille en tant que convoyeur de fonds. Trainant sa culpabilité et sa mélancolie, il mène une vie morose, alors que son ex-femme et que Théo, son jeune fils, s’éloignent peu à peu de lui.
Un jour, Théo assiste par hasard à un assassinant perpétré par des mafieux, devenant par cela un témoin gênant. Commence alors pour Simon, une course à la montre à hauts risques. Aidé par son meilleur ami, Franck, un policier, il doit à tout prix retrouver les truands avant qu’ils ne mettent la main sur son gamin…

La Critique :
On fait difficilement plus basique : un gamin assiste à un meurtre, ce qui fait de lui une cible pour des bad guys. Des méchants qui devront d’abord en découdre avec le paternel du gosse en question aidé par son meilleur ami, si ils veulent éliminer le témoin gênant. Au milieu de cette trame simpliste mais efficace, on retrouve notamment des thèmes porteurs tel que la rédemption, l’amitié, la famille etc… Pour son troisième film Fred Cavayé a souhaité aller directement à l’essentiel. Frapper dans le mille, sans faire de chichis, en causant au passage de multiples et brutaux dommages collatéraux. Il a même torché une affiche à l’arrache qui pompe allègrement celle de son À Bout portant, en remplaçant juste le bleu par du orange et Lellouche par un gamin. Juste histoire de ne pas perdre de temps voyez…

Vous pourrez lire bien des choses au sujet de Mea Culpa : on vous dira que le scénario tient sur un timbre poste et que finalement, sous le vernis des bastons et des fusillades badass, la machine tourne à vide. Des critiques largement assaisonnées d’une belle dose de cynisme, histoire de rappeler qu’on est bien en France, à savoir le pays des Frères Lumières, de La Nouvelle Vague, des causeries bobos, de Christian Clavier et de Dany Boon. En gros, dans l’Hexagone, il est de bon ton de massacrer ceux qui essayent de sortir des clous. C’est malheureux, mais c’est comme ça.
Alors que le web regorge de types méritants qui tentent d’imposer leur vision d’un cinéma de genre nourri aux nobles références, via des courts-métrages, rares sont ceux qui parviennent à franchir la ligne d’arrivée et atterrir du même coup dans les salles obscures, aidés par une promo suffisamment conséquente pour remplir quelques fauteuils.
Le constat est alors le suivant concernant le cinéma d’action : en France, Fred Cavayé n’a pour ainsi dire pas de concurrent. Il règne seul sur le genre qu’il nourrit à grand renfort d’une bonne volonté assortie d’un talent salvateur quand il s’agit d’en mettre plein la poire. Exception faite des rares trips suffisamment tendus pour rentrer dans la case action comme La Proie, d’Éric Vallette par exemple. Et là, on ne prend pas en compte les Louis Leterrier et autres Pierre Morel qui, aidés par tonton Besson, se sont depuis longtemps tournés vers l’Oncle Sam pour mettre en image leur vision d’un cinéma placé depuis belle lurette sous la Bannière Étoilée ou encore sous la bienveillance d’une tradition asiatique bien moins torturée et élitiste que la notre.
En bref, si vous aimez quand ça cogne, ne tenez pas compte des critiques qui affirment que Mea Culpa n’a rien à offrir. Car en matière d’action, il remplit largement sa part du contrat.
Fred Cavayé sait filmer. Il sait placer l’objectif pour mettre le spectateur dans une position centrale histoire de renforcer l’immersion, et il sait tout aussi bien utiliser les ressorts dramatiques de son scénario pour faire enfler la tension.

Des qualités indéniables qui n’empêchent pas les sorties de route. Paradoxalement, alors qu’il brille par un sens de la simplicité qui sert tout à fait l’action, Mea Culpa souffre un peu de la comparaison avec les deux précédentes œuvres du réalisateur, à savoir Pour Elle et À Bout Portant, qui alliaient de façon plus homogène le fond et la forme.
Ici, parfois, l’ennuie guette, même si il ne se déclare jamais vraiment. Certaines séquences apparaissent trop longues, à l’image de cette scène dans un hangar désaffecté où les deux héros jouent au chat et à la souris avec une bande de mafieux sur-armés. On se surprend à décrocher. Pas bien longtemps, mais suffisamment pour remarquer un rythme qui accuse quelques ratés.
Un détail notable qui n’entache en rien l’efficacité d’une première course-poursuite haletante et surtout d’un dénouement explosif à bord d’un TGV perdu en rase campagne. Quand il se loupe, Cavayé sait se rattraper et raccrocher les wagons.
Impossible de ne pas rendre également hommage aux deux interprètes principaux, parfaits dans leurs rôles respectifs. Vincent Lindon, déjà au centre de Pour Elle, et Gilles Lellouche, en tête d’affiche d’À Bout Portant, mènent le bal pied au plancher et endossent les us et coutumes badass de l’action men contemporain, mention Liam Neeson. Lindon tout particulièrement, solide et émouvant, qui semble pouvoir tout jouer dans un cinéma français trop cloisonné, qui laisse rarement à de tels comédiens l’occasion de sortir de leur zone de confort pour prouver leur valeur. Dommage que ce ne soit pas le cas de tous les acteurs du générique, dont certains se contentent de réciter leur texte sans y mettre le cœur nécessaire.

Pour la troisième fois, Fred Cavayé livre un film coup de poing. Un long-métrage qui n’est pas parfait mais qui fait le job avec fougue. Quelque part entre le thriller et le pur film d’action, Mea Culpa pédale un peu, mais globalement, il va à l’essentiel, avec une énergie qui de toute façon fait de lui le trip idéal pour tout ceux qui aiment quand ça bouge. Mea Culpa qui prouve aussi que même si c’est extrêmement compliqué, il est encore possible de produire un vrai film d’action en France.

@ Gilles Rolland

Mea-culpa-photoCrédits photos : Gaumont Distribution

Par Gilles Rolland le 5 février 2014

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