[Critique] MISSION TO LARS

CRITIQUES | 9 octobre 2013 | 3 commentaires
Mission-to-Lars-affiche-france

Titre original : Mission to Lars

Rating: ★★★★☆
Origine : Angleterre/États-Unis
Réalisateurs : William Spicer, James Moore
Distribution : Tom Spicer, Kate Spicer, William Spicer, Lars Ulrich, James Hetfield, Robert Trujillo, Kirk Hammett…
Genre : Documentaire/Musique
Date de sortie : 9 octobre 2013

Le Pitch :
Tom Spicer est atteint du syndrome de l’X fragile, une forme d’autisme aigu. Depuis plus de 10 ans, Tom ne cesse de répéter qu’il rêve de rencontrer Lars Ulrich, le batteur de Metallica. Fan absolu d’Ulrich mais aussi du groupe californien, Tom vit néanmoins en Angleterre et pour lui, le simple fait de briser sa routine s’apparente à une grande épreuve. Malgré tout, et afin de réaliser son rêve, sa sœur et son frère tentent l’impossible : embarquer Tom pour un périple américain, afin de réaliser son rêve et d’approcher Lars Ulrich…

La Critique :
Le mercredi 9 octobre sera à n’en pas douter la journée de Metallica. Du moins pour ce qui est du cinéma, puisque ce sont deux films qui sortent dans les salles. Deux long-métrages mettant le quatuor californien au centre de leurs récits, mais néanmoins très différents. Il y a tout d’abord la grosse machine, Throught The Never, piloté par le groupe lui-même, qui y apparaît largement sur scène, entre deux séquences de fiction censées former un tout plus ou moins conceptuel. En marge, Mission to Lars, le deuxième film gravitant autour de Metallica, risque malheureusement de souffrir de l’ombre écrasante de Throught The Never. Et c’est dommage… Vraiment dommage.

Depuis les débuts de Metallica, en 1981, Lars Ulrich, co-fondateur et deuxième moitié du duo dirigeant qu’il forme avec le chanteur/guitariste James Hetfield, a su se démarquer, mais pas forcement pour de bonnes raisons. Son jeu tout d’abord, s’est de l’avis général, considérablement simplifié (pour ne pas dire dégradé) depuis les puissantes envolées à la double pédale des premiers albums. À sa décharge, on peut avancer l’âge d’Ulrich qui, à presque 50 ans ne peut pas -et c’est normal- reproduire à l’exactitude les compositions d’un jeune mec fougueux d’à peine 20 ans. Il y a ensuite la sombre affaire Napster durant laquelle Lars Ulrich se transforma en fervent opposant au téléchargement qui en était alors à ses prémices. On se souvient encore de ces images de fans brûlant leurs albums de Metallica pour protester contre l’acharnement du batteur à voir traduits en justice ceux qui avaient eu le culot de profiter de sa musique sans payer. Depuis, Ulrich se traine la réputation d’un type principalement intéressé par le profit, au point d’apparaitre dans un épisode de South Park comme un pauvre milliardaire pleurnichard, désespéré de ne pas pouvoir se payer son dernier caprice à cause du Pier to Pier. Le documentaire Some Kind of Monster, où Metallica, alors en pleine composition de l’album St Anger, suivait une thérapie très (trop) médiatisée, n’a pas non plus contribué à rendre le personnage sympathique aux yeux même de certains fans, plus enclins à faire de James Hetfield l’icône de leur groupe favoris, lui qui semble d’un premier abord plus simple et plus sincère.
Mais ces dernières années, les choses ont commencé à évoluer. Certes, Lars multiplient les pains en live, démontrant de capacités limitées, mais à côté, son image remonte la pente. On a pu le voir par exemple, plein d’auto-dérision (une qualité qu’on ne lui soupçonnait pas) dans American Trip, où il campait le petit-ami de Rose Byrne. Maintenant que le téléchargement s’est installé dans les mœurs et que la musique de Metallica est disponible gratuitement sur Spotify et Deezer, les choses se sont calmées et Ulrich s’est fait une raison.

Cela dit, il y avait à craindre qu’un documentaire retraçant le parcours du combattant d’un autiste désirant rencontrer Ulrich, son idole absolue, ne soit qu’un véhicule de réhabilitation putassier, tout à la gloire du gus. Au final, il serait mentir que de dire qu’Ulrich n’en ressort pas grandi, mais il serait tout aussi injuste de ne pas reconnaître l’admirable mécanique du film qui ne joue pas le jeu d’une simple campagne pro-Ulrich. En gros, Mission to Lars ne milite pas pour Lars Ulrich. Il expose simplement le parcours d’un jeune homme pas comme les autres, pour rencontrer la personne qu’il idolâtre le plus au monde. Il se trouve qu’on parle de Lars Ulrich et non de James Hetfield ou encore d’Axl Rose ou Angus Young, mais au fond cela n’aurait sans doute pas fait une grande différence. L’important ici, reste la musique. Le rock and roll. C’est l’extraordinaire pouvoir de cette musique qui est mis en exergue par Will et Kate, le frère et la sœur de Tom. Comme ils le soulignent, le rock est la seule chose qui aide leur frangin à aller à contre-courant des peurs générées par l’autisme. L’enfermement dans lequel se trouve Tom depuis sa naissance est mis à mal par les breaks de batterie et les riffs de guitares. Mieux que tous les médicaments et autres thérapies, le rock est le facteur d’une libération et donne lieu finalement à une émotion dévastatrice qui ne manquera pas de toucher en plein cœur un large public, à commencer par ceux qui se remplissent les cages à miel de bon vieux heavy à longueur de journée.

Alors non Mission to Lars n’est pas un objet filmique à la gloire de Lars Ulrich. Après tout, on ne peut pas s’empêcher de se dire qu’ayant entendu parler de ce fan si désireux de le rencontrer (à l’époque en 2009, les médias se sont fait le relais de l’histoire), Lars aurait pu se bouger le cul et venir lui-même à sa rencontre. Le documentaire ne cache pas d’ailleurs les bâtons que le management de Metallica met en premier lieu à l’initiative de Kate et de Will. Le voyage n’est pas sans difficultés, à commencer par le départ, vécu comme une véritable épreuve par le jeune homme en totale détresse. On vibre constamment avec lui. Jamais complaisant ni tire-larmes, le film propose un récit fluide, court (à peine 1h20) et passionnant de bout en bout. On se doute, sinon il n’y aurait pas eu de film, que la rencontre a bien lieu, mais on ne peut s’empêcher de douter, vu les épreuves que le trio doit traverser pour parvenir à décrocher la timbale. Quand vient enfin le dénouement tant attendu, l’émotion atteint son plus haut niveau. Lars déboule, avec son sourire à 1 million de dollars et… Et vous verrez bien, mais sachez qu’il s’avère royal. Car franchement, il faut voir Mission to Lars. Pour les amoureux de la musique, pour les fans de Metallica et pour les autres. Ode au pouvoir de la musique, Mission to Lars est aussi un formidable éclairage, d’une justesse bienvenue, sur des personnes souvent restées dans l’ombre (les “malades” mais aussi les proches). À noter que la totalité des bénéfices générés par le film seront reversés à des associations en faveur des personnes autistes. Que dire de plus pour vous convaincre… Ah si, une chose : Rock and Roll !!!

@ Gilles Rolland

Mission-to-lars-tom-spicerCrédits photos : Clearvision Distribution

Par Gilles Rolland le 9 octobre 2013

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Jerrom
Jerrom
10 années il y a

Pour info, le film sort en DVD le 18 février

Karl Libus
Karl Libus
9 années il y a

Ah bein voilà!!!