[Critique] LA MOMIE (2017)

CRITIQUES | 14 juin 2017 | 1 commentaire
La-Momie-poster

Titre original : The Mummy

Rating: ★★☆☆☆ (moyenne)
Origine : États-Unis
Réalisateur : Alex Kurtzman
Distribution : Tom Cruise, Russell Crowe, Sofia Boutella, Annabelle Wallis, Jake Johnson, Courtney B. Vance…
Genre : Action/Fantastique/Aventure
Date de sortie : 14 Juin 2017

Le Pitch :
Nick Morton, chasseur de trésors, découvre par hasard aux confins du désert, un sarcophage égyptien dans un tombeau enseveli. Travaillant bon gré mal gré avec Jenny Helsey, il entreprend de ramener sa précieuse trouvaille à Londres sans se douter que la profanation de cette sépulture a déjà provoqué le réveil de la princesse Ahmanet, qui fut jadis momifiée vivante dans ledit sarcophage, celle-ci ayant dors et déjà jeté son dévolu sur Nick…

La Critique de La Momie (Jérôme) :

Rating: ★☆☆☆☆
C’est en 1932 que La Momie de Karl Freund s’est extirpée pour la première fois de son sarcophage pour envahir les écrans de cinéma sous bannière Universal, déjà productrice des adaptations séminales de Dracula et Frankenstein l’année précédente. Que Universal souhaite remettre au goût du jour son bestiaire n’est ni une surprise, ni un outrage. Les « Universal Monsters » sont des classiques dont les thématiques permettent d’être régulièrement revisitées et c’est pourquoi le studio vient d’annoncer le lancement d’un Dark Universe, une série de remakes visant à concurrencer les franchises Marvel, Star Wars et DC Comics.
Les monstres avaient déjà fait les frais de leur sur-exploitation dès les années 40, lorsque Universal leur donna plusieurs suites, réunissant plusieurs personnages au sein d’un même film. Il s’agissait d’authentiques séries B reproduisant ou extrapolant sur les originaux, mais avec un budget (et un talent) moindre : La Main de la Momie (1940), La Tombe de la Momie (1942) ou le pas si mauvais Frankenstein rencontre le Loup-Garou (1943). Le duo Bud Abbot et Lou Costello rencontreront aussi la Momie en 1955 dans le parodique Les Deux Nigauds contre la Momie.
En 1998, Universal proposait déjà une mise à jour de son fond de catalogue avec La Momie de Stephen Sommers, la dernière en date, Le Tombeau de l’Empereur virant encore à la parodie, involontaire cette fois. Un Van Helsing plus tard, les monstres allaient hiberner à nouveau pour dix bonnes années. Jusqu’à aujourd’hui. Alors quoi de neuf sous le soleil de Râ ?

La-Momie-Sofia-Boutella

Momie : Impossible 6

Le teaser du film laissait entrevoir un film d’action plutôt que fantastique. Bonne nouvelle : il n’en est rien et l’avion en chute libre de la bande-annonce ne constitue qu’une « récréation » au début du film. Mauvaise nouvelle : ne vous attendez pas pour autant à du dépaysement ou du mystère, et encore moins à des frissons.
Tom Cruise est en partie responsable du problème, sa personnalité ne disparaissant jamais derrière son personnage. Déjà dans Mission : Impossible, il tirait la couverture à lui au détriment de l’équipe. Dans La Momie, deux films se vampirisent à l’écran et c’est bien là la seule monstruosité de l’affaire : d’un côté La Momie AVEC Tom Cruise, et de l’autre, La Momie – Origines, le pilote voulu par Universal. Ces orientations divergentes sont apparentes jusque dans la campagne marketing du film, certaines affiches faisant l’impasse sur le traditionnel portrait de profil de la star (car il est entendu que Tom est un acteur-nez…) au profit de la seule momie.
Si l’acteur semble avoir imposé ses doléances créatives habituelles (le crash de l’avion donc), il détonne face aux éléments fantastiques du film. Car c’est une première : mis à part Entretien avec un Vampire (qui était un film romanesque plutôt que fantastique in fine), il ne s’est jamais frotté au surnaturel. Et l’acteur de livrer ici une des plus piètres prestations de sa carrière, après un Jack Reacher 2 déjà bien mou du genou l’année dernière. Lors de la découverte du tombeau, un plan édifiant ose carrément le placer dans le flou à l’arrière-plan : Cruise est un figurant de luxe dans cette nouvelle franchise Universal.
Qu’il ait accepté de disparaître au sein d’une distribution prestigieuse (Russell Crowe en Dr Jekyll, Javier Bardem annoncé pour incarner le monstre de Frankenstein) est peut-être l’aveu de sa position fragilisée au box-office ? Et que penser des 22 ans qui le séparent d’Annabelle Wallis dans le film ? À vouloir nous (se ?) convaincre qu’il peut encore jouer les tombeurs auprès de plus jeunes que lui, ne se ringardise-t-il pas ?

La Momie tombe le masque

Le film voulu par Universal ne se focalise pas sur M. Cruise, au contraire. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un pilote de série télé qui ne dit pas son nom. Et si pendant une bonne heure, on croit assister à un « vrai » film sur le plan narratif, le scénario se permet une pause à mi-parcours pour nous infliger une maladroite exposition du Dark Universe envisagé par le studio, sur le mode « Suicide Squad de l’horreur ». Et de zapper à notre insu tout le développement de l’intrigue qui aurait pu/du être consacrée à La Momie du titre. En effet, le film embraye sur un climax sans surprise et carrément anti-spectaculaire. C’est l’impression d’avoir assisté à une longue bande-annonce pour le Dark Universe qui domine. Insatisfaisant en tant que film autonome, les seules informations « utiles » pour la suite se cantonnent à la présentation de la société secrète Prodigium (un S.H.I.E.L.D. pour monstres) ainsi qu’à une ultime révélation pas franchement enthousiasmante…

Télé-travail

Il ne faut pas chercher loin le manque d’ambition de La Momie, la filmographie de son réalisateur Alex Kurtzman se résumant à la production télévisuelle. Après des débuts sur Hercule et Xena la Guerrière, Kurtzman rejoint J.J. Abrams sur Alias et Fringe pour qui il produit, écrit, et réalise à l’occasion. Pour le cinéma, il signe le scénario (???) de Transformers La Revanche et Star Trek Into Darkness, soit un bel exemple d’épisode TV étiré sur deux heures. Fonctionnel, le style de Kurtzman assure le minimum syndical sur La Momie, respectant le cahier des charges à la lettre sans insuffler la moindre ambition au projet, d’autant que Universal n’y aura investi « que » 125 millions de dollars – une prudence paradoxale alors que plusieurs films sont déjà annoncés.
Car contrairement à Stephen Sommers en 1998, Kurtzman ne prétend pas lorgner vers Indiana Jones ou l’imagerie de Lawrence d’Arabie. Son inspiration ne provient pas de classiques du 7ème Art, mais visiblement de la série vidéo-ludique phare de la Playstation, Uncharted, ce qui indique à quel public Universal destine son Dark Universe.
Quant à voir les noms prestigieux de Christopher McQuarrie (The Usual Suspects, Way of the Gun, Mission Impossible – Rogue Nation) et David Koepp (brillant scénariste de blockbusters – La Guerre des Mondes, Spider-Man, Le Monde Perdu – et auteur à part entière à ses heures – Réaction en Chaîne, L’Impasse,…) au générique de La Momie, on se demande, vu le peu de matière brassée en deux heures, quelle a pu être leur contribution réelle, hormis un hypothétique rôle de consultant en vue des futurs films de la franchise.

En Bref…
La sentence peut paraître sévère mais même La Momie de Stephen Sommers, avec son humour hors-sujet hérité des Deux Nigauds contre la Momie fait figure de grand film d’aventures à côté de cette nouvelle mouture dont la deuxième bande-annonce a de plus le culot de dévoiler TOUTES les scènes sans exception. La « Marvelisation » des monstres classiques de Universal évoque plus une opération marketing opportuniste qu’une volonté de proposer une relecture pertinente de sa mythologie. Pour les cinéphiles en tout cas, le constat est clair : cette momie est déjà au bout du rouleau !

@ Jérôme Muslewski

La Critique de La Momie (Gilles) :

Rating: ★★★☆☆
Universal annonce la couleur dès l’apparition de son logo et lance en grande pompe son Dark Universe, soit la réponse attendue au Marvel Cinematic Universe, à l’univers DC Comics et au bal des monstres XXL de Warner. Car aujourd’hui, un grand studio se doit d’avoir son univers partagé. C’est comme ça, il va falloir s’y faire. Universal qui a donc pioché dans son catalogue pour rameuter les créatures légendaires autrefois popularisées par Boris Karloff et cie, soit la Momie, le monstre de Frankenstein, ou encore le Docteur Jekyll et son Mister Hyde.

C’est donc La Momie qui ouvre le bal, pouvant compter sur l’attraction que suscite encore à ce jour Tom Cruise, lui qui a su, contrairement à beaucoup d’autres de ses contemporains, entretenir son aura de stars à travers les décennies sans jamais voir l’éclat de celle-ci se faner. Pour autant, Tom Cruise étant Tom Cruise, il convenait de se demander si il n’allait pas un peu tirer la couverture à lui, au détriment de la momie du titre, ici incarnée par l’incroyable Sofia Boutella.

Ce qui est malheureusement le cas. Malheureusement, car on a beau l’adorer mister Cruise, il faut quand même reconnaître que ce qu’il nous propose ici, avec son personnage de bel aventurier un peu goujat, entêté et vénal, mais au fond très gentil, contribue à faire non seulement de l’ombre à la momie mais aussi à diluer les enjeux du film dans son ensemble. Tom Cruise movie ou film d’émouvante/aventure à l’ancienne ? On ne sait jamais vraiment et La Momie de devenir au fil des minutes un gros bordel. Un film qui a le cul entre deux chaises en permanence pas vraiment aidé par un script bancal lui aussi, où les vannes hors sujet côtoient les moments voulus de pure terreur et les truc uniquement présents pour mettre en place les fondations du Dark Universe.

Mais heureusement, une fois qu’on a accepté la condition foutraque de La Momie, le spectacle offre quand même de quoi se réjouir. Ok, ce n’est clairement pas le meilleur film de l’année. Même pas de l’été ou du mois de juin. Il ne sera jamais cité non plus dans la liste des meilleurs Tom Cruise. Mais on s’amuse. Certaines séquences sont relativement spectaculaires, comme ce crash d’avion ou la renaissance de La Momie qui entraîne dans son sillage des zombies du plus bel effet. Tom Cruise fait le job, avec le professionnalisme qu’on lui connaît, mais pas de fulgurances à noter de son côté, tandis que Russell Crowe s’amuse comme un fou. Finalement, seule Sofia Boutella tire vraiment son épingle du jeu. Sa momie est non seulement la plus sexy qu’on ait pu voir sur un écran de cinéma, mais sa performance apporte aussi de belles nuances. Il faut le souligner.

Derrière la caméra, Alex Kurtzman fait de son mieux mais curieusement, son film ne sonne pas avec l’ampleur nécessaire. Tout ceci, bien que divertissant, est un peu trop anecdotique. Mais c’est probablement aussi pour cela qu’on a envie de lui pardonner ses défauts pour prendre ce qu’il a à nous donner.

Au final, La Momie n’introduit pas le Dark Universe avec toute la flamboyance espérée mais demeure une série B bancale et plaisante. Le genre qui peut faire l’affaire un soir de semaine mais qui n’augure pas franchement le meilleur pour la suite des aventures des monstres Universal au cinéma…

@ Gilles Rolland

   Crédits photos : Universal Pictures International France

Par Jérôme Muslewski le 14 juin 2017

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Karl Libus
Karl Libus
6 années il y a

Et bien j’ai bien aimé… et j’attend de voir ce qui sera fait par la suite… l’idée est tout de même classe, maintenant ils ne peuvent que faire mieux, non?