[Critique] MY WEEK WITH MARILYN

CRITIQUES | 8 avril 2012 | Aucun commentaire

Titre original : My Week with Marilyn

Rating: ★★★☆☆
Origine : Angleterre
Réalisateur : Simon Curtis
Distribution : Michelle Williams, Kenneth Branagh, Eddie Redmayne, Dominic Cooper, Dougray Scott, Judi Dench, Toby Jones, Emma Watson…
Genre : Biopic/Adaptation
Date de sortie : 4 avril 2011

Le Pitch :
En 1956, Marilyn Monroe débarque en Angleterre pour participer au tournage du film Le Prince et la Danseuse, aux côtés du légendaire Laurence Olivier. Colin Clark, jeune homme de 23 ans, trouve un job sur le plateau en tant que producteur-assistant. Alors que l’égo titanesque d’Olivier est confronté à la fragilité émotionnelle de Monroe, la production rencontre souci après souci. Face à l’absence de son mari, Arthur Miller, Marilyn demande à Colin de passer une semaine échappatoire avec elle…

Critique :
James Dougherty a eu quatre ans avec Marilyn. Joe DiMaggio a eu neuf mois avec Marilyn. Arthur Miller a eu cinq ans avec Marilyn. Colin Clark a eu une semaine avec Marilyn. Et pour Kennedy, c’est une autre histoire à part entière. Comme l’indique le titre, My Week with Marilyn raconte l’avant, le pendant et l’après de la brève semaine d’intimité entre le jeune (et chanceux, il faut l’admettre) Colin Clark et la déesse de l’écran. Producteur assistant sur le tournage du film Le Prince et la Danseuse, (une adaptation terne d’une comédie écrite par Terrence Rattigan), Colin Clark ne se remit jamais vraiment de sa rencontre avec Marilyn. Elle avait 30 ans. Ils étaient seuls. Un soir, ils se sont baignés nus à la pleine lune. C’est à peu près tout. Est-ce qu’ils ont couché ensemble ? Mystère – My Week with Marilyn reste timide à ce sujet.

L’adaptation cinéma de Simon Curtis s’inspire de deux autobiographies signées Clark, l’une étant un journal de bord, l’autre une nouvelle sûrement exagérée de son aventure avec Monroe. Racontée à la manière « rien de tel que le show-business », le film déduit de façon perspicace que Marilyn Monroe était une star qui voulait être une grande actrice, et que Laurence Olivier était un grand acteur qui voulait être une star. On peut finalement conclure que le Prince et la Danseuse ne les a pas aidés du tout.

C’est bien connu, certains acteurs endossent parfaitement le rôle de leur personnage, au point d’en devenir la copie conforme. Hugh Jackman est Wolverine, Ian McKellen est Gandalf, etc.…

Ainsi, Michelle Williams est le portrait craché de Marilyn Monroe, même si la magie indéfinissable qui entourait le sex-symbol des années 1950 lui échappe. Et on ne parle pas de la façon dont elle capture l’essence même de l’actrice, à travers une reproduction magistrale de sa posture, de ses gestes, de sa voix et de son sourire. Non, l’important c’est qu’elle évoque tous les visages de Marilyn ; visage publique, visage privé, visage fantasmé… Personne ne connaissait vraiment Monroe, mais on peut déduire en effet qu’elle aurait pu être un peu comme ça.

Essentiellement, le reste du film est une anecdote rallongée où Kenneth Branagh règne en chef. Lui ne cherche pas à imiter Laurence Olivier. À la place, il apporte une telle vitalité et une telle précision à son jeu d’acteur qu’il incarne quelqu’un de totalement différent. Vain, anxieux, craquant sous la pression d’être acteur et réalisateur à la fois, Olivier voit son désir pour Marilyn se changer en frustration indigne et pétages de plombs explosifs.

Et il a de bonnes raisons de le faire. Par exemple, lorsque l’actrice, en proie à de fréquentes inquiétudes fait patienter des artistes comme Dame Sybil Thorndike (une chaleureuse Judi Dench) pendant trois plombes. Quand Marilyn prend la peine de se montrer sur le plateau, c’est toujours en compagnie de sa tutrice Paula Strasberg (Zoë Wanamaker), dont le coaching dans les coulisses dérange tout le monde et fait monter la rage d’Olivier à un niveau incandescent. Détail amusant qui montre plus que jamais que Branagh n’a pas perdu la forme. Il réveille le film quand il le faut et le rôle lui correspond à merveille. Après tout, on parle d’un grand acteur et réalisateur qui joue un grand acteur et réalisateur !

On voit également passer une multitude d’acteurs british de toutes sortes, interprétant des rôles classiques de comédiens et de figurants sur le plateau dans une jolie mise en abime. Eddie Redmayne, qui joue le rôle de Clark, est adorable en novice un peu paumé dans le monde du cinéma. Son manque d’expérience et son enchantement transforment sa fugue avec l’icône en aventure chaste et enfantine. D’autres, comme Dominic Cooper et l’inépuisable Toby Jones, remplissent les fonctions d’américains grandes gueules avec conviction. Même Emma Watson fait un petit coucou en tant qu’assistante garde-robe.

Néanmoins, si on fait le point, My Week with Marilyn peine à convaincre. Le film repose sur une construction fragile. Le scénario est superficiel au point d’être inexistant. Le personnage de Colin Clark, aussi attrayant soit-il, est entouré par des gens avec beaucoup plus de présence et de charisme. Le ton est jovial et léger, mais ne fait pas l’effort d’explorer quoi que ce soit en terme de psychologie. Le long-métrage nous donne certainement une belle impression d’une ère perdue du cinéma, mais n’offre rien de nouveau sur Monroe, à part ce que l’on savait déjà. Il suffit de prendre le film pour ce qu’il est : un biopic « mignon », souvent drôle, parfois touchant, qui ne prend pas de risques et repose confortablement dans sa petite niche de nostalgie et de charme.

En fin de compte, tout cela importe peu. Ce qui c’est passé pendant cette fameuse semaine ne compte pas vraiment. Ce qui est important, c’est la performance de Michelle Williams. Vulnérable, démunie, perdue, enivrante, spontanée, elle crève l’écran.

@ Daniel Rawnsley

Crédits photos : BBC Films

Par Daniel Rawnsley le 8 avril 2012

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