[Critique] OH BOY

CRITIQUES | 24 juin 2013 | Aucun commentaire

Titre original : Oh Boy

Rating: ★★★★½
Origine : Allemagne
Réalisateur : Jan Ole Gerster
Distribution : Tom Schilling, Friedericke Kempter, Marc Hosemann, Katharina Schüttler, Justus Von Dohnanyi, Andreas Schröders, Arnd Klawitter, Martin Brambach…
Genre : Comédie/Drame
Date de sortie : 5 juin 2013

Le Pitch :
Niko, jeune trentenaire berlinois en pleine errance, va vivre une journée des plus singulières remplie de péripéties…

La Critique :
Oh Boy narre l’histoire d’un jeune homme trentenaire, apparemment quelque peu perdu dans les méandres d’une existence, sur laquelle il n’a pas de prises. Nous voilà donc plongé dans les 24h singulières de Niko, le personnage principal. Ce qui frappe en premier lieu dans la réalisation de Jan Ole Gerster, c’est que l’on se voit dès les premières minutes littéralement immergé dans cette histoire si curieuse. Et ceci grâce à de nombreux facteurs, à commencer par une distribution générale bien choisie, où chaque protagoniste a son importance. Mais principalement grâce à l’interprétation de Tom Schilling, tout en finesse et en authenticité. Il parvient à illuminer la caméra et le film s’en voit absolument subjugué.

La quête viscérale de ce jeune homme apparaît de premier abord très simple : il veut juste un café ! Ce désir après lequel il court vainement prête à sourire, mais cette « métaphore » est utilisée tout le long du film avec beaucoup d’humour. On peut l’interpréter comme le reflet de la complexité de l’existence et de la jeunesse. Et cette quête menant vers le café qui apparaît ici comme le Saint Graal, va être pavée de péripéties, auquel notre anti-héros ordinaire devra faire face toute cette longue journée.

Le plus intéressant reste l’évolution et le caractère de Niko, qui touchant à souhait dans son errance, donne un aspect profondément humain à la pellicule. Le thème difficile de l’errance est illustré à travers quelques scènes poignantes, sublimant ainsi un propos qui va bien plus loin que les apparences. L’humour est également au rendez-vous de ce long-métrage multi-facettes. Le comiques de situation est exploité avec maestria, et c’est particulièrement sur ce point que réside toute l’intelligence de Oh Boy. Il mêle humour et émotion avec beaucoup de subtilité et finesse.

Ce qui donne un aspect si personnel au film, c’est aussi ce choix artistique du noir et blanc, qui est tout simplement judicieux, et apporte comme une touche intemporelle à l’histoire. Les plans sont également choisis avec brio et intelligence.

Le propos au final est franchement louable, car au delà de cet air léger, on sent toute la puissance des émotions, illustrées par certains moments qui prennent aux tripes et touchent infiniment. Niko est un jeune homme à la fois charismatique mais aussi très fébrile. Il y a du Holden Caufield (Personnage principal du roman de J.D Salinger : L’attrape-cœurs), chez lui, c’est indéniable. Le thème d’une jeunesse errante plutôt aisée, le comique de situation, l’évolution sur un laps de temps assez court, le burlesque et le ton utilisé… Il y a définitivement du J.D Salinger chez Jan Ole Gerster, et du Holden chez Niko, et c’est l’effet qu’on ressent d’ailleurs dès la bande-annonce.

Oh Boy se présente comme un interlude plein de poésie, d’humour et de tendresse. C’est une bulle hors du temps, un joli conte empreint de philosophie. Ce petit bijou au charme fou, est rythmé aux tonalités suaves et jazzy, qui viennent couronner le tout. Ce que l’on retiendra principalement, ce sont ces moments saisissants qui touchent de manière sobre, sans fards, sans sur-jeu et sans effets superflus. On vit des émotions profondes mais simples. Et si le réalisateur a dit qu’il comprendrait que le film soit taxé de pastiche d’autres œuvres (notamment celles de Godard, et celles de la Nouvelle Vague ), il préfère qu’on voit là un hommage, avec une touche très personnelle et unique.
En tout cas, on en ressort avec l’envie de le revoir une seconde fois, et tous les choix judicieux de cette réalisation, lui confèrent une perspective définitivement humaine.

@ Audrey Cartier

Oh BoyCrédits photos : Diaphana Distribution

Par Audrey Cartier le 24 juin 2013

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