[Critique] POP REDEMPTION

CRITIQUES | 5 juin 2013 | 8 commentaires

Rating: ★★☆☆☆

Origine : France
Réalisateur : Martin Le Gall
Distribution : Julien Doré, Grégory Gadebois, Jonathan Cohen, Yacine Belhousse, Audrey Fleurot, Alexandre Astier, Délia Espinat-Dief, Arsène Mosca, Evelyne Macko, Julien Renon…
Genre : Comédie
Date de sortie : 5 juin 2013

Le Pitch :
À l’aube de leur tournée estivale dans les pays d’Europe de l’Est, les membres du groupe de black metal Dead MaKabés, apprennent qu’ils ont été engagés pour jouer au HellFest, le plus grand festival de metal de l’Hexagone. Devant surmonter une crise sans précédent, qui pourrait bien mettre en péril l’existence du groupe, les quatre garçons dans la bourrasque prennent la route. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises…

La Critique :
Faire le grand écart entre la pop et le metal. L’intention de Martin Le Gall, le réalisateur de Pop Redemption est claire et tout à fait revendiquée. Au lieu de s’en tenir à un film de potes, délirant et borderline, sur fond de metal, Le Gall illustre les aventures de personnages amenés à mettre de l’eau dans leur vin. Pas étonnant que son film peine à faire des étincelles quand il devrait péter le feu, avaler des éclairs et chier le tonnerre. Riche en citations des Beatles, le film en a cependant oublié une de John Lennon qui affirmait que le rock français était comme le vin anglais. La chose est valable pour les films « rock » français. Ils sont comme le vin anglais. Ou comme le Canada Dry si vous préférez : ils ont l’air de films rock, peuvent avoir, dans un premier temps le goût des films rock, mais n’en sont pas.

Surfant sur la popularité ahurissante du HellFest, en axant son récit autour du fameux festival, Pop Redemption n’en reste pas moins une comédie tout à fait conventionnelle, sans aucune surprise, réalisée par un mec qui n’arrive jamais à s’extirper des clichés franchouillards, et portée par une escouade de comédiens heureusement plutôt inspirés. À commencer par les quatre acteurs vedettes. Julien Doré chante avec ses tripes, se montre convainquant et parvient à donner du corps à son personnage, pourtant farci de stéréotypes encombrants. Les autres suivent la tendance et s’en sortent bien, même si là aussi, il faut nager à contre-courant. Car Pop Redemption mélange tout et ne respecte finalement que très rarement la musique qu’il choisit de mettre en évidence. En l’occurrence le metal donc, et plus précisément le black metal.
Martin Le Gall préfère la pop et c’est très bien. Il adore de toute évidence les Beatles et ça aussi c’est super. Pourquoi alors avoir choisi le black metal ? Le metal et la pop sont deux choses différentes et ça, le film ne le comprend jamais, en dénigrant le premier au profit de la seconde. Deux choses différentes mais pas incompatibles si tant est que l’on arrête de cloisonner les fans de rock dans des cases trop étriquées. Le personnage de Julien Doré déteste tout ce qui sort du black metal. Au début c’est drôle, après c’est naze. Et si il existe sans aucun doute des fans aussi hardcore, il y a fort à parier qu’ils ne ressemblent pas à Julien Doré, car aussi tenace soit-il, lui aussi finit par céder à l’appel de la pop, suite au trauma apparemment inévitable dans toute bonne gaudriole française qui se respecte.
Amenés à se produire sur la grande scène du HellFest, les Dead MaKabés mettent de l’eau dans leur vin (on revient à l’histoire de Lennon) et plombent ainsi la crédibilité d’un film qui ne prend pas son sujet au sérieux et qui se retrouve très rapidement le cul entre deux chaises.

Jouant sur les plates-bandes de Radio Rebels (Airheads), This is Spinal Tap ou encore Wayne’s World, Pop Redemption n’arrive jamais à ressembler à autre chose qu’à un gentil road movie parcouru de timides accès de rébellion vite étouffés par des conventions propres à la comédie bien de chez nous et commerciale à souhait.
Et puis c’est quoi cette icône moisie, du nom de Dozzy Cooper (Alice Cooper + Ozzy Osbourne), censée cristalliser la scène black metal dans son ensemble ? Une rock star au rabais qui symbolise la faculté du film à ne jamais parvenir à un niveau de crédibilité acceptable pour toute personne attachée à ce genre de musique. Ouais le black metal c’est Satan, les croix renversées, le sang et tout ça. On gueule dans le micro, on a les yeux exorbités, et on s’habille de noir des pieds à la tête, mais au fond on est un gentil garçon. Parce que faut pas déconner, Pop Redemption n’est pas non plus réservé à un public d’initiés. Le HellFest marche peut-être, mais inutile de prendre des risques en se mettant à dos les néophytes. Là est peut-être la plus grosse erreur du film : vouloir plaire au plus grand nombre. Si Wayne’s World ou Spinal Tap sont devenus cultes, c’était justement parce qu’ils ne cherchaient pas à dénigrer leur cible première et le milieu qu’ils abordaient. Pop Redemption traite la musique par dessus la jambe. Léger, il l’est assurément et avec beaucoup d’indulgence ça peut probablement passer. Mais alors beaucoup…

Aujourd’hui, le metal est plus ou moins rentré dans les mœurs. Pop Redemption nous ramène 20 ans en arrière (voire plus), quand s’habiller en noir, porter des tatouages et plus généralement sortir un peu du rang, faisait directement de vous un nuisible. Chapeau !

@ Gilles Rolland

pop-redemption-julien-doréCrédits photos : Gaumont Distribution

Par Gilles Rolland le 5 juin 2013

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paulus
paulus
10 années il y a

hihihhihi il font peur mais c est le but metal

ornitho
ornitho
10 années il y a

Je ne vois pas en quoi le métal est dénigré au profit de la pop. Il n’y a aucun parti pris pour cette dernière dans le film. La critique devrait revisionner ce film.

BloodShed
BloodShed
10 années il y a

Une critique écrite avec un avis peu objectif et qui survole le film. Si on va plus en profondeur le film est une parodie du métal d’où l’insertion de tout les clichés possibles. Il ne dénigre en rien le métal et a été coaché par le compositeur du groupe Zuul Fx, Steeve Petit. La preuve sur Youtube avec l’interview de Martin Le Gall et Steeve Petit où ce dernier annonce qu’il a veillé à ce que les codes du métal soit respectés et non bâclés. Cela reste une comédie avec un très bon casting, bien ficelé. Je dois en être, je crois, à mon 7eme visionnage et je m’en lasse pas.
Écrit par un adepte du metal.
Bonsoir !

BloodShed
BloodShed
10 années il y a

Vous avez raison sur le point qu’une critique est un avis personnel même si je l’ai lu comme étant une critique générale. Concernant le film, je l’ai perçu comme une comédie dans laquelle le groupe présenté réuni tout les stéréotypes que les personnes en général perçoivent de ce qu’est le métal. Je ne le perçoit pas comme un exemple mais plus comme un cliché ambulant et c’est cela qui est drôle. Ensuite concernant son intégralité, cela reste un film qui survole le genre musical mais c’était, je pense, un peu le but recherché afin de laisser au film une certaine légèreté. Je vous invite à regarder les interviews notamment de Martin Le Gall et Steeve Petit afin de voir qu’il y a quand même eu une vrai recherche et un vrai travail dans le genre musical spécialement le black metal.

BloodShed
BloodShed
10 années il y a

Il est vrai que ça fait plaisir de débattre de façon argumenté sur un sujet comme le métal. Je comprend votre déception si vous avez regardé les interviews avant le film, il ne correspond pas à nos attentes. En tout cas je ne connaissais pas le film Wayne’s World dont vous avez parlé plus haut je vais de ce pas m’y intéresser. Si vous avez d’autres références de film je suis preneur ! 🙂

Metallurgeek
Metallurgeek
10 années il y a

Je ne vois pas non plus en quoi le film dénigre le black metal. Qu’il s’en moque c’est certain, de même qu’il se moque de la pop, et de deux trois autres trucs au passage (gendarmes, flics, restau chinois typique, etc.). Et se moquer c’est plutôt raccord : on est justement dans une comédie.
Pour moi le film est honnête : il annonce la couleur dès le titre « pop rédemption ». Ou plutôt il annonce les couleurs les couleurs : du rose/jaune/vert bien psychédélique et dur noir bien dark. Alors oui, le méklange est impossible. Mais c’est d’essayer quand même qui est drôle.

Côté reproche je trouve juste un manque de rythme, là où – et je rejoins en cela la critique initiale – ça devrait « péter le feu, avaler des éclairs et chier le tonnerre ». Au final, ce qui fait le film c’est surtout 1) l’impossible mélange, 2) la conviction et le talent des acteurs, second rôles compris.

Avis aussi subjectif que personnel.