[Critique] SPECIAL CORRESPONDENTS

CRITIQUES | 9 mai 2016 | Aucun commentaire
Special-Correspondents-poster

Titre original : Special Correspondents

Rating: ★★★☆☆
Origine : Grande-Bretagne/Canada
Réalisateur : Ricky Gervais
Distribution : Ricky Gervais, Eric Bana, Vera Farmiga, Kelly Macdonald, Kevin Pollack, America Ferrara, Raul Castillo, Benjamin Bratt…
Genre : Comédie
Date de sortie : 29 avril 2016 (Netflix)

Le Pitch :
Frank, un journaliste star d’une radio locale new-yorkaise est envoyé par sa rédaction en Équateur, afin de couvrir un conflit armé. Affublé de Ian, un technicien malheureux en ménage plutôt maladroit, Frank se voit, à la suite d’un malencontreux incident, bloqué aux États-Unis. Dans l’impossibilité de revenir bredouille, les deux hommes mettent alors en place un habile stratagème afin de faire croire à leur radio qu’ils sont bien en Équateur, au cœur d’une guerre qu’ils montent de toutes pièces…

La Critique :
À l’instar d’Adam Sandler, Ricky Gervais s’est vu offrir par Netflix la possibilité de produire un film. Un long-métrage qui intervient d’ailleurs avant l’adaptation au cinéma des aventures de son personnage dans la série The Office. Ici, il campe un gentil geek confronté aux affres d’une vie maritale chaotique. Un rôle qu’il s’est bien sûr écrit sur mesure afin de coller de près aux codes du buddy movies, comme l’indique également le personnage campé par Eric Bana, qui se trouve aux antipodes de celui de Gervais. La recette est connue mais Gervais connaît bien ses classiques, et si Special Correspondents ne révolutionne pas le genre auquel il s’attache, il s’avère très efficace (à noter qu’il s’agit d’un remake du film français Envoyés Très Spéciaux). Car c’est une évidence : ici, le but est de faire rire, en proposant une comédie à l’ancienne, basée sur les différences de ses deux protagonistes. On connaît la chanson, mais quand c’est Ricky Gervais qui la chante, un peu étrangement, les clichés et autres lieux communs passent comme une lettre à la poste.

Special-Correspondents-Vera-Farmiga

Rien d’original dans la trame principale de Special Correspondents. Cela dit, le film parvient néanmoins à s’élever quelque peu, lorsque se dessine en filigrane, grâce à la plume toujours gentiment acerbe de Gervais, une réflexion sur les médias et plus globalement, sur notre société et son besoin constant de scoops. Ce besoin qui a aujourd’hui pris le contrôle d’une partie des médias, prêts à tout pour une bonne histoire quelle qu’elle soit, est au centre d’une dynamique plus maligne qu’elle n’en a l’air. Sans verser dans un discours sérieux, Special Correspondents n’y va pourtant pas de main morte pour illustrer son propos. Que ce soit quand il met en scène l’émoi d’une population face à la situation de deux hommes prétendument piégés par un groupuscule révolutionnaire dans un pays dont la masse ignore l’existence, ou par le biais de l’attitude de cette femme prête à tout pour tirer partie d’une situation dramatique dont elle se moque éperdument. Un personnage campé avec un plaisir et une énergie communicatives par l’excellente Vera Farmiga. L’actrice qui, si elle se fait discrète au début, parvient à tirer partie de son rôle, pour offrir au métrage quelques-unes de ses meilleures scènes.
Le casting justement fait mouche dans son ensemble. Le duo vedette, tout d’abord, fonctionne à fond les ballons. Ricky Gervais sait où il va et la direction qu’il a choisi est la bonne. Eric Bana profite de l’aspiration de son partenaire et incarne avec le charme et la légèreté nécessaires une star de l’info à priori détestable, mais finalement plutôt sympathique. America Ferrara, la Betty d’Ugly Betty et Raul Castillo venant grossir les rangs, en soulignant un humour souvent parfaitement calibré pour à la fois déclencher des rires en cascades, mais aussi mettre en évidence certaines thématiques soulevées par le scénario. Bien sûr, Kelly Macdonald est aussi parfaite, même si finalement, son rôle ne lui permet pas vraiment de prouver quoi que ce soit. Mais au fond, tout le monde joue son rôle sans chercher à tirer la couverture à soi. Ce qui est souvent le cas dans les comédies. Même Ricky Gervais, dont le rôle se situe dans la droite lignée de ceux qu’il a pu tenir dans ses précédentes productions ou dans des séries comme Extra, ne fait pas de l’ombre à ses camarades de jeu. L’harmonie au centre de Special Correspondents, lui permet ainsi de sonner avec une belle sincérité.

D’autant plus que la rythmique tient à bonne distance l’ennui. On ne parlera pas de chef-d’œuvre car ce n’est pas le propos, mais tout ce que Special Correspondents choisit de faire, et bien il le fait correctement. Carrément très bien parfois. Sans autre prétention que de proposer un spectacle tantôt léger tantôt plus concerné, mais jamais plombant, toujours vif, grâce à des dialogues inspirés, Ricky Gervais livre une comédie old school qui remplit totalement sa part du marché. Sans en faire trop, toujours dans une certaine mesure, avec un petit supplément d’émotion non négligeable.

@ Gilles Rolland

Special-Correspondents-Eric-Bana-Ricky-Gervais  Crédits photos : Netflix

Par Gilles Rolland le 9 mai 2016

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