[Critique] SPIDER-MAN : HOMECOMING

CRITIQUES | 13 juillet 2017 | Aucun commentaire
Spider-Man-Homecoming-poster

Titre original : Spider-Man : Homecoming

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jon Watts
Distribution : Tom Holland, Michael Keaton, Robert Downey Jr., Marisa Tomei, Martin Starr, Jacob Batalon, Jon Favreau, Donald Glover, Laura Harrier, Zendaya, Gwyneth Paltrow, Angourie Rice, Michael Mando…
Genre : Fantastique/Action/Adaptation
Date de sortie : 12 juillet 2017

Le Pitch :
Encore galvanisé après son intervention à Berlin pendant la guerre entre l’équipe d’Iron Man et celle de Captain America, le jeune Peter Parker n’attend plus qu’une chose : que Tony Stark le rappelle et permette à Spider-Man d’à nouveau passer à l’action. Mais l’appel tarde et Peter doit se contenter de mener une vie d’adolescent qu’il trouve des plus ennuyeuses. Surtout la journée, où il doit se comporter comme quelqu’un de normal avant de pouvoir enfiler le costume de Spider-Man et patrouiller dans son quartier afin de redresser les torts. C’est justement au cours de l’une de ses patrouilles qu’il contrarie les plans du Vautour, un trafiquant d’armes bien décidé à prendre sa revanche sur Tony Stark. Dès lors, Peter Parker ne pense plus qu’à le contrer, quitte à se mettre en danger…

La Critique de Spider-Man : Homecoming :

En bon adolescent, Peter Parker s’est beaucoup cherché ces dernières années. Après avoir brillé comme jamais chez Sam Raimi, il fut la victime de l’avidité des studios et subit un remixage total avec le très dispensable mais sympathique The Amazing Spider-Man et son horrible suite. Suite qui a provoqué une vive remise en question de la part de Sony, qui a fini par accepter le deal des studios Marvel pour que l’Homme Araignée rejoigne ses petits copains du Marvel Cinematic Universe. C’est alors que l’histoire de Spider-Man a une nouvelle fois été repensée pour coller avec les canons du MCU. Présenté dans Captain America : Civil War, d’une manière il faut bien le dire très convaincante (on n’est pas loin de penser que ses scènes sont les meilleures du film), il a aujourd’hui droit à son propre long-métrage. Histoire de prendre son envol en vue d’une série de films destinée à épaissir un peu plus le propos de la grande histoire des Avengers et de toutes celles et ceux qui gravitent autour.

Spider-Man-Homecoming-Marisa-Tomei

Retour à la maison

Spider-Man : Homecoming n’est pas ce qu’on peut appeler une origin story au sens propre. On ne revient pas sur l’araignée qui a transformé Peter Parker en mutant capable de marcher aux murs et on ne le voit pas en train de s’entraîner comme dans le film de Sam Raimi. Ici, il sait déjà se servir de ses pouvoirs et a déjà prouvé sa valeur en s’en tirant avec les honneurs durant la Civil War. Pour autant, Homecoming ne laisse pas non plus de côté tous les clichés propres à l’origin story. Concernant l’entourage du héros tout particulièrement, qui nous est présenté ici, et concernant ensuite les velléités de ce dernier, exposées en long, en large et en travers. La bonne nouvelle, c’est qu’on a peut-être moins l’impression de n’assister qu’à une mise en bouche comme ce fut le cas pour nombre de premiers volets de la grande saga Marvel, mais bien à une vraie aventure solo. La faute au héros en lui-même peut-être, dont l’âge a permis aux scénaristes et au réalisateur, comme avait pu le faire Marc Webb avec The Amazing Spider-Man, de donner tout autant dans le pur film de super-héros gavé d’action que dans le teen movie à la John Hughes, qui est par ailleurs cité très explicitement comme référence. Le problème étant que ces mêmes scénaristes n’ont fait preuve d’absolument aucune originalité en transposant les gimmicks les plus confortables à l’histoire de Peter Parker, cet adolescent certes attachant mais qui ressemble en tous points à plein d’ados de films. Il n’est pas populaire mais va s’accomplir, il est super intelligent, son meilleur ami fait un peu office de faire-valoir malgré ses qualités évidentes, et il est amoureux de la plus jolie fille du lycée. En soi, la partie « teen movie » de Homecoming rappelle un grand nombre de longs-métrages du genre. Il s’agit d’ailleurs davantage d’une sorte de compilation remixée de plusieurs passages que d’une histoire qui parvient à exister par elle-même. Comme si les responsables du script s’étaient dit que le simple fait que ce soit Spider-Man qui se trouve au centre des choses et non un gamin lambda allait suffire. Et bien non…

La folle journée de Peter Parker

Mais cela ne veut pas dire que le spectacle est désagréable. Loin de là ! Et ce dès l’excellente introduction, pour le coup plutôt originale.
Ce nouveau Peter Parker est beaucoup moins irritant que celui d’Andrew Garfield et s’avère même immédiatement attachant. Sa naïveté et son enthousiasme, son énergie et son ambition font la différence et le connectent avec son alter-ego de papier, tandis que Tom Holland s’impose avec une évidence indéniable. Holland qui est d’ailleurs le gros point fort du film. En Peter Parker, il est impeccable. Physiquement très crédible, il comprend le personnage et lui rend justice tout en respectant ses codes. On ne peut que louer son travail, ainsi, tant qu’on y est à parler du casting, que celui du toujours remarquable Michael Keaton (lui ancien Batman, aex-Birdman et actuel Vautour, reste dans les airs) et de tous les adolescents qui donnent du corps au récit (Robert Downey Jr, pour sa part veille au grain et évolue en territoire conquis).
Marisa Tomei quant à elle rompt franchement avec les précédentes Tante May et impose un sex appeal un peu étrange dans un tel contexte mais néanmoins bien évidemment appréciable. On regrettera simplement qu’elle soit franchement reléguée au second plan. Ce qui n’était pas du tout le cas chez Sam Raimi.
Et justement, autant le dire tout de suite : Spider-Man : Homecoming n’arrive pas à se hisser au niveau de Spider-Man premier du nom ou de sa suite. Il est supérieur aux deux The Amazing Spider-Man mais pas aussi flamboyant que les œuvres de Sam Raimi. C’est important de le souligner. Pourquoi ? Pour les raisons évoquées plus haut et puis tout simplement car même si il ne fraye pas directement avec eux, si ce n’est qu’il croise plusieurs fois la route de son mentor Tony Stark/Iron Man, Spider-Man a étrangement du mal à se sortir de l’ombre écrasante des Avengers. Ils ne sont pas directement là mais sont quand même présents. On les mentionne souvent et au final, même le méchant, pourtant travaillé et parfaitement incarné, en fait les frais, lui qui est qualifié assez ironiquement par Tony Stark de « menu fretin ». La menace, dans un film de ce genre, se doit d’être conséquente et ici, elle ne l’est pas. Peut-être à la fin, mais au final, pas tant que cela et mine de rien, cela plombe un peu l’impact du long-métrage.
Il y a aussi cette propension du script à tomber à intervalles réguliers dans la bouffonerie. La faute à une équipe de scénaristes (6 au total quand même) dans laquelle on retrouve John Francis Daley, un transfuge de la série Freaks & Geeks, déjà en poste sur Comment tuer son Boss ?. Quand il s’agit de comédie, Spider-Man réussit dans 50% des cas à nous faire rire. Les ressorts sont un peu usés. Dans le drame et l’action, c’est plutôt réussi, mais la propension du film à vouloir à tout prix conserver une certaine légèreté, amenuise la portée des enjeux. En fait, Spider-Man : Homecoming a un peu le cul entre deux chaises tout du long. Il fait la navette entre deux genres qu’il ne parvient pas vraiment à unifier, tout en gardant un œil sur le futur, où Peter Parker sera, on s’en doute, amené à accomplir de grandes choses pour le monde avec les Avengers.
Fruit de la collaboration un peu inégale de deux studios (Sony et Marvel), Homecoming pêche précisément aux endroit relatifs à ce qui aurait dû être une bonne entente constructive pour que les choses sonnent avec plus de force. Il fait office de film un peu bancal et brouillon, malgré ses qualités évidentes, sa bonne humeur et la bonne tenue de ses effets-spéciaux.

Il peut marcher au plafond… (air connu)

Derrière la caméra, Jon Watts profite de son gros budget et emballe des séquences franchement réussies, spectaculaires et pleines d’ampleur. Les pouvoirs de Spider-Man lui donnent l’occasion de livrer une action immersive et lisible dès que le le script lui permet de faire ses preuves, lui qui n’avait jamais évolué dans un tel contexte auparavant (on lui doit le pas terrible Clown et l’excellent Cop Car). Il arrive à tirer son épingle du jeu et profite du terrain mis à sa disposition pour emballer un blockbuster attachant et impressionnant, malgré ses évidents défauts qui l’empêchent de prétendre à une excellence qu’on espérait à portée de toile.
Alors oui, à l’arrivée, Spider-Man réussit son examen d’entrée mais loupe la mention de peu. À l’avenir, il devra prouver les choix un peu étranges probablement destinés à vraiment le différencier de ses prédécesseurs tout en devant trouver un moyen de ne pas se laisser écraser par ses collègues super-héroïques, Iron Man en tête de liste.

En Bref…
Visuellement, Spider-Man : Homecoming est une authentique réussite. Un film virevoltant comme il se doit, coloré, vivant, énergique et attachant. Dommage qu’il ne parviennent pas à faire preuve d’un peu plus d’unité. Quelque part entre la comédie adolescente hyper cliché et le gros film d’action, il ne trouve pas l’équilibre et la pertinence qui contribuaient à faire des deux premiers films de Sam Raimi des modèles du genre, mais esquive néanmoins les plus gros pièges, qui avaient notamment fait de The Amazing Spider-Man 2 une boursouflure indigeste. Ce Peter Parker a du potentiel c’est certain et sa première aventure solo possède une certaine prestance tout en se posant comme un délire pop un peu trop sage mais néanmoins divertissant.

@ Gilles Rolland

Spider-Man-Homecoming-Tom-Holland  Crédits photos : Sony Pictures Releasing France

Par Gilles Rolland le 13 juillet 2017

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