[Critique] THE BAY

CRITIQUES | 20 juin 2013 | Aucun commentaire

Titre original : The Bay

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Barry Levinson
Distribution : Kristin Connolly, Christopher Denham, Nansi Aluka, Frank Deal, Jane McNeill, Kether Donohue…
Genre : Horreur/Gore
Date de sortie : 19 juin 2013

Le Pitch :
La baie du Maryland est envahie par une bactérie vorace qui contamine quiconque s’en approche. Alerté par deux biologistes français, le Maire de la station balnéaire Chesapeake Bay refuse de donner du crédit à ces allégations qu’il juge trop alarmistes. Petit à petit, les habitants et autres touristes se transforment en hôtes de parasites mutants, semant la panique dans la ville qui sombre dans l’horreur…

La Critique :
C’est lorsque Barry Levinson se voit confier un projet de film portant sur l’état lamentable de la flore sous-marine de la baie de Chesapeake, que ce dernier décide de basculer dans l’horreur. C’est donc à partir d’un fait tristement réel, cristallisant de véritables problèmes écologiques que Levinson a décidé de livrer une fiction et non un documentaire. D’emblée, et même si The Bay est notamment produit par Oren Peli, le papa de Paranormal Activity (et donc du found footage en carton), le projet se distingue. Sur le papier du moins car dans les faits, le film peine parfois à dépasser dans sa forme le cadre du found footage horrifique censé nous faire croire que tous les faits sont réels.
On connait les règles du jeu : les acteurs sont peu ou pas du tout connus et la mise en scène utilise une multitude de techniques, qui vont de la caméra de JT à celle du téléphone portable. Le but de la manœuvre étant -même si plus personne n’est dupe depuis Le Projet Blair Witch– de monter un faux documentaire aux forts relents d’une authenticité fabriquée (bien que basée sur un fait réel donc).
Le truc ici, qui fait toute la différence, c’est que ce n’est pas n’importe quel branque qui tient les manettes. Alors oui, il est incongru de retrouver le réalisateur de Rain Man, de Good Morning, Vietnam, de Sleepers ou encore de Bandits. Cependant, si il est indéniable de reconnaître l’importance de Levinson dans les années 80 et 90 (surtout fin 80, début 90), il est aussi difficile de ne pas reconnaître que ces dernières années, ce dernier a eu du mal à imposer ses films. Envy, Man of the year et Panique à Hollywood ne sont même pas sortis en salle en France (le dernier à être sorti en France est le sympathique Bandits et il date quand même de 2001 !). Alors oui, on veut bien croire en la sincérité de The Bay, avec son message virulent en faveur de la protection de la faune sous-marine, mais il faut peut-être aussi y voir l’occasion pour un réalisateur un poil has-been de revenir par la porte du found footage. Un genre plus que jamais à la mode, surtout quand on est parrainé par Oren Peli, grand patron autoproclamé du style…

Pour autant, et malgré le côté un peu bizarre de l’association Barry Levinson-found footage horrifique, The Bay s’en sort plutôt bien. Pamphlet positivement sensationnaliste portant sur les dérives d’une industrialisation meurtrière pour l’environnement, le long-métrage n’y va pas par quatre chemins et tranche directement dans le bifteck. The Bay est donc gore et bien dégueulasse. Les bactéries du film, inspirées de l’isopode mangeur de langue, petite saloperie bel et bien présente dans certaines eaux spécialisée dans l’extermination de poiscaille, font des dégâts. Les victimes sont touchées, contaminées par l’eau et se changent en zombies plutôt agressifs.
Derrière la menace principale, se cache donc une autre menace et The Bay de livrer également (et assez rapidement) un trip d’infectés dans la lignée de 28 Jours Plus Tard. Comme si le poison dans l’eau ne suffisait pas, les victimes se retournent contre les personnes saines pour les trucider. C’est le deuxième effet The Bay et sur l’écran, la sensation est garantie, bien que tout compte fait, Levinson n’exploite pas franchement ce point précis.

Plutôt bien monté, mais répondant quand même aux principaux clichés inhérents au genre found footage, The Bay demeure une bonne surprise. Merci aux gros navets du genre qui remettent en perspective pas mal de choses et qui offrent aux réalisateurs concernés et soucieux d’exploiter un maximum les possibilités offertes par la caméra embarquée, un véritable boulevard. Levinson a une vraie proposition et un vrai discours. Il n’évite pas les clichés mais les utilise pour servir son intention de base. Des intentions qui changent tout, car sans éviter totalement de sonner un poil anecdotique, The Bay se paye le luxe d’être spectaculaire (comprendre donc bien gerbant) et tendu, tout en se posant comme le déclencheur d’une possible réflexion.

Pas sûr que The Bay change grand chose au niveau des scandaleuses manœuvres responsables de la contamination de l’eau et de la destruction de formes de vie sous-marines, mais au moins, il tente. On sent Levison lutter contre des velléités purement commerciales, et en fin de compte, il arrive à imposer son expérience, plaçant son film dans la catégorie des found footages recommandables, aux côtés de Rec, Cloverfield, Le Projet Blair Witch ou encore du saisissant The Troll Hunter. Pas en haut de la pile, ni en bas, mais quelque-part au milieu, avec un joli supplément d’âme…

@ Gilles Rolland

The-Bay-photo-1Crédits photos : ARP Sélection

 

Par Gilles Rolland le 20 juin 2013

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