[Critique] THE IMPOSSIBLE

CRITIQUES | 21 novembre 2012 | 2 commentaires

Titre original : The Impossible / Lo Imposible

Rating: ★★★★★
Origines : Espagne/États-Unis
Réalisateur : Juan Antonio Bayona
Distribution : Noami Watts, Ewan McGregor, Tom Holland, Samuel Joslin, Oaklee Pendergast, Soenke Möhring, Geraldine Chaplin, Marta Etura, Dominic Power, Bruce Blain, Johan Sundberg…
Genre : Drame/Catastrophe/Histoire vraie
Date de sortie : 21 novembre 2012

Le Pitch :
24 décembre 2004 : un couple et ses trois fils débarquent sur la côte thaïlandaise, pour les fêtes de fin d’année. Deux jours plus tard, un tsunami déferle, semant la destruction sur son passage. Séparés par la catastrophe, les membres de la famille tentent de survivre tout en essayant de retrouver la trace des uns et des autres. Histoire vraie…

La Critique :
Pour ou contre ? La critique française est divisée au sujet du second film de Juan Antonio Bayona, déjà responsable du très remarqué film d’horreur, L’Orphelinat. Certains se sont visiblement sentis pris en otage par l’incroyable émotion que suscite ce récit véridique. D’autres, pas du tout. Question de ressentis et d’attentes. Car il est tout à fait compréhensible de ne pas rechercher ce genre de ressenti quand on va au cinéma. C’est probablement la raison du départ anticipé de plusieurs spectateurs en cours de route.
Ainsi, le choc généré par The Impossible est saisissant.
La mise en place est courte et efficace et voit arriver ce couple tranquille et ses trois jeunes fils dans un hôtel baigné de soleil, au bord de l’océan. Quand survient la vague, tout bascule et le long-métrage s’apparente alors à un cauchemar à la puissance évocatrice incroyable. Car rarement au cinéma, un film n’aura su retranscrire, avec autant de pertinence, de justesse et d’intensité, une catastrophe naturelle de cette échelle. Bien loin de l’intro d’Au-Delà, de Clint Eastwood, qui racontait déjà, via l’histoire du personnage incarné par Cécile de France, ce tragique évènement, The Impossible renonce d’emblée à tout sensationnalisme facile.
Une gageure, puisque l’on parle tout de même d’un film catastrophe qui, par définition, se doit d’en mettre plein la vue.
Bayona se refuse à en faire des caisses et ne se repose donc pas sur des effets numériques. Le résultat n’en est que plus probant. À l’heure des images de synthèse, The Impossible et son réalisme touchent en plein cœur et n’en devient que plus ahurissant.

L’extraordinaire violence du tsunami se traduit à l’écran avec une ampleur rarement atteinte, y-compris par les plus grands cinéastes et débouche sur une scène déchirante, dans tous les sens du terme. La famille est éparpillée par les flots, la détresse de ces corps malmenés par les eaux chargées de débris, s’avère éprouvante, au point parfois, d’en devenir difficilement supportable.
Sans chercher à déclencher quelques émotions faciles, le metteur en scène se « contente » d’illustrer le tsunami dans son effrayante réalité. Son point de vue est le bon, car il s’avère dépourvu de tout cynisme inhérent à une superposition d’effets encombrants.
Très rapidement donc, on suit les errances de ces personnages, perdus dans un pays qui n’est pas le leur, dans des circonstances on ne peut plus tragiques. D’un côté, la mère et son fils ainé et de l’autre, le père et ses deux plus jeunes garçons.
Reliant l’Orphelinat et The Impossible par le fait que les deux œuvres relatent une histoire horrible chacune à leur façon, Bayona ne sacrifie pas non plus son style, qu’il adapte admirablement bien à un récit de vie dédié au courage et à la volonté humaine.

Difficile d’expliquer le lot d’émotions que charrie The Impossible. Une chose est sûre : ce n’est pas toutes les semaines que l’on peut voir quelque chose d’aussi puissant et viscéral.
L’interprétation des acteurs étant au diapason de la tonalité de l’ensemble, le tableau est complet et dans son genre, The Impossible est un chef-d’œuvre.
Il suffit de voir le regard perdu et la détermination de Maria (Naomi Watts), quand elle cherche à rejoindre son fils, alors que la deuxième vague arrive. Celui de Henry (Ewan McGregor), raccroché à un espoir jugé par les autres comme délirant, qui cherche sans relâche sa femme et son fils ainé, tout en essayant de tenir son rôle de père au mieux auprès de ses deux autres enfants. Deux acteurs au sommet de leur talent. Tout en sobriété et respect pour les personnages auxquels ils prêtent leurs traits. Naomi Watts et sa faculté à aller jusqu’au bout d’une performance douloureuse, avec dignité, sensibilité et authenticité (allo ? L’académie des Oscar ?) et Ewan McGregor, toujours concerné, dont les larmes, suffisent à déclencher les nôtres. Les enfants aussi, Tom Holland en tête, sont formidables.

Superbement réalisé, The Impossible jouit en outre d’une bande-son certes nourrie de violons, mais pas pompeuse pour autant. Parcourue de plages de silence, elle accompagne les émotions sans trop les souligner. À l’image de la démarche artistique de Juan Antonio Bayona et de son talent pour aborder un sujet sensible, sans trahir des ressentis à fleur de peau et encore vivaces dans la conscience collective.
Avec un recul admirable, il réalise un drame incroyablement poignant, difficile et véritablement marquant. Prouvant par cela, que le drame au cinéma, ne rime pas nécessairement avec guimauve, lieux communs et situations volontairement accentuées pour provoquer un torrent de larmes. Ici, les larmes…elles coulent de source.

@ Gilles Rolland

@ Crédits photos : SND Diffusion

Par Gilles Rolland le 21 novembre 2012

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paulus christiane
paulus christiane
11 années il y a

tres émouvant gilles je le vivait dans ton commentaire toujour tres judicieux

paulus christiane
paulus christiane
11 années il y a

je vais regardé les autres petits lancements