[Critique] TWILIGHT – CHAPITRE 5 : RÉVÉLATION 2ème PARTIE

CRITIQUES | 16 novembre 2012 | Aucun commentaire

Titre original : The Twilight Saga : Breaking Dawn – Part 2

Rating: ★★½☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Bill Condon
Distribution : Kristen Stewart, Robert Pattinson, Taylor Lautner, Billy Burke, Peter Facinelli, Elizabeth Reaser, Kellan Lutz, Nikki Reed, Jackson Rathbone, Ashley Greene, Michael Sheen, Dakota Fanning…
Genre : Romance/Vampire/Fantastique/Saga/Suite
Date de sortie : 14 novembre 2012

Le Pitch :
Revenue d’entre les morts après son accouchement fatal, grâce à une morsure in extremis de la part d’Edward, Bella commence sa nouvelle vie de vampire et se prépare à remplir son rôle de mère. Mais quand Irina, cousine lointaine des Cullen, prend la fille de Bella et d’Edward pour une enfant immortelle transformée en vampire, elle court prévenir les Volturi, qui déclarent la guerre et partent détruire la famille Cullen. Dans une tentative désespérée pour survivre, les Cullen et les Quileutes rassemblent des clans de vampires à travers le monde, pour témoigner contre les Volturi et prouver leur innocence. Et dans l’éventualité que ça tourne mal, vampires et loups-garous sont prêts à livrer bataille…

ATTENTION : Cette critique risque de contenir des spoilers.

La Critique :
Ils ont réussi. Ça leur a pris cinq films, mais ils ont réussi. Dans sa dernière ligne droite, Twilight a enfin trouvé sa voie.

Un des plus gros défauts de la saga jusqu’ici, était finalement simple à deviner : les films étaient trop fidèles aux livres. Depuis le début, chaque épisode de ces roucoulades emo suivait aveuglement les romans pourris de Stephenie Meyer à la lettre, par crainte d’offusquer les fans inexplicablement nombreux, qui prennent ses écrits softcore turgides et moralistes au sérieux. On peut faire un bon film à partir de tout et de n’importe quoi, certes, mais parfois, il faut étriper tout le contenu afin d’y parvenir. La seule façon de transformer les bouquins Twilight en œuvres cinématographiques qui auraient un minimum de mérite, serait de reconnaître dés le départ que l’adaptation traitée est nulle, hisser les pires aspects de la série à leur niveau maximum, accepter que toute l’entreprise est bel et bien la blague colossale que sa créatrice (et ses fans) ne semblent pas vouloir reconnaître, et laisser tout partir en roue libre, comme il se doit.

Et dans Révélation : 2ème partie, c’est exactement ce qui se passe.

Sans hésiter, sans faire d’excuses, ce cinquième et ultime chapitre prend chaque petite chose qui fait de Stephenie Meyer une écrivaine incapable et de Twilight une série épouvantable, et rajoute les portions triples. Les personnages affreux, la narration incompétente, la mythologie débile, l’intrigue bébête, la misogynie rétrograde…tout le paquet nous est servi en menu XXL. Et le résultat final est presque splendide à voir : une catastrophe magnifique sans précédent, à mille lieux des autres opus, qui balaye tout sur son passage et s’avère plus drôle, plus divertissante et  éminemment plus fun qu’un blockbuster de taille qui soit réellement bon. Oubliez les navets soi-disant satiriques comme Mords-moi sans hésitation : il serait impossible de faire une parodie de la saga Twilight plus marrante et plus ironique que le dernier épisode de la saga.

Essayons de rester vague et ne pas trop en dévoiler, mais puisqu’on parle de l’adaptation du dernier tiers d’un livre, Révélation: 2ème partie est une fin à part entière, et une fin qui mérite quelques explications. L’intrigue reprend directement après la conclusion brutale de l’opus précédent. Malheureusement, la métisse humaine/vampire née de l’accouplement entre Edward et Bella ne s’appelle pas Blade, mais Renesmée. Bella est désormais un vampire, et c’est dramatique : elle est peut-être toujours aussi insupportable, mais cette fois c’est pour l’éternité.
Edward ne sert pas à grand-chose dans ce volet, ayant expédié son joker dans la première partie en pratiquant une césarienne sur Bella avec ses dents. Après avoir été reloue pendant quatre films, sa femme fait une crise hormonale de vampirisme, tout le monde veut le buter, il a un bébé sur les bras et l’ex de sa meuf lui tourne autour. Courage, Edward. Mais le plus intéressant reste Jacob, qui est devenu le « protecteur » de l’enfant magique, grâce à une espèce de prophétie compulsive de loup-garou. C’est-à-dire : il s’est « imprégné » de la petite Renesmée, dont il semble éperdument amoureux. Le film se donne beaucoup de peine pour insister sur le fait que cette relation est strictement platonique, mais il est impossible de ne pas penser ALERTE PEDOBEAR (ou PEDOWOLF) quand on les voit tous les deux ensemble.

Bref, tout ceci pour dire qu’en ce qui concerne la version du roman, Révélation est peut-être l’une des conclusions les plus décevantes d’une saga jamais imaginées. C’est justement le fait que le chapitre final est largement mal-aimé par les fans qui le rend intéressant : c’est le moment où la série perd complètement la boule, injectant un sens de la démesure et de la poésie gothique qui faisait terriblement défaut au récit jusque là. Les personnages arrêtent de se dévisager prétentieusement et rassemblent des armées de vampires internationales pour faire face aux méchants Volturi, dans une bataille façon Braveheart. Des personnages en carton se rangent de chaque côté (après tout, c’est Stephenie Meyer qui a écrit le bouquin), chacun doté d’un superpouvoir unique à la X-Men, pour s’élancer dans un combat épique entre monstres qui décidera du destin de tous. On ne peut pas faire mieux, n’est-ce pas ?

Attention spoiler. Et puis tout est bousillé par un deus ex machina tellement pourri que même Stephen King serait choqué. Un personnage totalement inconnu du lecteur déboule de nulle part, explique que toute l’affaire n’est qu’un énorme malentendu, les méchants acceptent son excuse, la guerre entre vampires est évitée, et tout le monde rentre à la maison. Non, vraiment. C’est ça la fin glorieuse de la saga romanesque de Twilight ? Aucun personnage principal ne meurt, toutes les relations amicales et amoureuses demeurent inchangées, le statu quo est préservé à 100%, et tout le monde a droit à un happy end, sans aucun prix à payer, ni d’effets négatifs. Fin du spoiler.

Ouais.

Comme cité plus haut, il faut parfois montrer un manque total de respect au sujet traité pour en tirer quelque chose de bon. Et c’est dans l’acte final du long-métrage que cela se produit. Ayant remixé à sa sauce le cahier des charges de la licence (des vampires, de l’amour teen, de la mormon-attitude), le réalisateur Bill Condon a repensé cet ultime épisode. Cette fois, la bataille a bel et bien lieu, et le film fait feu de tout bois, mêlant à sa folie romanesque des déflagrations horrifico-gores du plus bel effet. Et si des blockbusters comme The Dark Knight Rises ou Avengers n’auvaient pas remporté le prix auparavant, Twilight serait le vainqueur de l’une des meilleures séquences d’action de l’année. Tout s’arrête dans un maelström de baston et de fureur qui dure une bonne vingtaine de minutes. Un final en forme de manifeste lyrique, pour une saga qui aura in fine trouvé sa place dans l’ampleur cinématographique. Ce serait un crime d’en dévoiler plus. Mais en toute sincérité, si vous appréciez le cinéma comme les romains du passé appréciaient le bordel des jeux de gladiateurs, foncez ! Qui aurait cru que Bill Condon était un grand fan de Dragon Ball Z ?

Malheureusement, le reste du film est un énorme tas de conneries. Conneries qui persistent jusqu’à la fin. Fidèle au poste, Twilight arrive a être un feuilleton kitsch et mélodramatique pour la dernière fois, avec quelques dernières minutes qui font foirer toute l’affaire, juste au moment où on est prêt à appeler Révélation un bon film. Mais dans un sens, c’est parfait. Les vestiges du long-métrage sont une vraie poilade, tellement le film est fier de sa nullité. Poétique, la deuxième partie de Révélation s’efforce non seulement d’amoindrir le spectacle de sa seule séquence excellente, mais ceci de la manière la plus stupide qui soit. C’est la cerise sur le gâteau de l’une des séries les plus incompétentes et bizarrement toxiques du cinéma. Après tout, Révélation est le seul bouquin de Twilight où il se passe enfin quelque chose, et si le vide abyssal des écrits de Stephenie Meyer est involontairement hilarant, plus marrant encore sont ses efforts d’écrire quelque chose d’important. À l’écran, c’est carrément assommant.

Ah, et tant qu’on y est, si la pauvre Kristen Stewart s’en était sortie précédemment en conservant la même expression faciale pendant quatre films consécutifs, pour jouer son personnage bon-à-rien, maintenant elle rejoint Taylor Lautner dans la catégorie des acteurs humiliés. Les défouloirs de Bella en vampire pendant la première partie du film montrent à quel point le dernier Twilight est un désastre grandiose, et ne cherchez pas plus loin que la bande-annonce : l’image tordante de Kristen Stewart faisant un tacle aérien à un couguar géant, résume la calamité qu’est le film en une seule séquence. Une séquence inoubliable qui restera gravée éternellement dans la mémoire du septième-art, à côté du moment risible où Jacob, découvre mécontent son courrier, visible au tout début de l’épisode précédent. Pour ce qui est de Robert Pattinson, rien à signaler à l’horizon : il porte toujours sa gueule d’enterrement, avec quelques grimaces montrées ici et là. Seul Michael Sheen semble vouloir faire la fête : lui au moins, sait qu’il joue dans un navet et en profite pour s’éclater avec son personnage de bad guy over-the-top.

On ne s’attendait pas trop à ce que la saga Twilight se termine de cette façon. Mais il serait dommage de ne pas recommander (oui, recommander) la deuxième partie de Révélation, puisque ce n’est pas un film uniquement destiné aux seules jeunes filles en fleur, mais bel et bien aux cinéphiles curieux de tous poils. C’est loin de ce qu’on peut appeler un bon film, ça tout le monde peut en être sûr, mais comment dire…c’est assez génial. Pas pour les raisons voulues par le réalisateur, certes, mais quand même génial. Nul ? Oui. Tragique ? Sans doute. Le métrage peut inspirer un peu de peine, quand on voit les tentatives sincères des artisans de faire un bon film tomber en ruine à l’écran. Mais quand c’est fun, c’est fun. Le dernier chapitre de Twilight est un vrai régal, l’un des meilleurs nanars depuis très, très longtemps. Ça valait le coup d’attendre.

@ Daniel Rawnsley

Crédits photos : SND Diffusion

Par Daniel Rawnsley le 16 novembre 2012

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