[Critique] UNE NOUVELLE CHANCE

CRITIQUES | 22 novembre 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Trouble with the Curve

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Robert Lorenz
Distribution : Clint Eastwood, Amy Adams, John Goodman, Justin Timberlake, Matthew Lillard, Robert Patrick, Scott Eastwood, Matt Bush, Bob Gunton, Patricia French…
Genre : Drame
Date de sortie : 21 novembre 2012

Le Pitch :
Gus Lobel, une star du recrutement dans le milieu du base-ball, n’a pas son pareil pour dénicher les futurs champions. Cependant, rattrapé par le temps, Gus est considéré par beaucoup, y-compris au sein de son entourage professionnel- comme trop âgé et dépassé par ce que ce sport est devenu. Conscient que son travail est menacé, Gus tient néanmoins à se rendre à Atlanta, pour voir jouer un batteur prometteur sur qui plusieurs recruteurs ont des vues. Et ce malgré une maladie qui, progressivement, le prive de ses yeux.
Sa fille, avec qui Gus n’a entretenu que de lointaines relations, décide de l’accompagner dans son périple, pour l’aider et pourquoi pas pour en profiter également pour se rapprocher de celui qu’elle n’a fait que croiser depuis tant d’années…

La Critique :
Le postulat de départ est éloquent et laisse entrevoir sans peine la tonalité d’Une Nouvelle Chance, le premier long-métrage réalisé par le fidèle collaborateur de Clint Eastwood, Robert Lorenz. Un homme qui, depuis Sur la Route de Madison, ne cesse de travailler en étroite collaboration avec Eastwood, au poste d’assistant-réalisateur ou de producteur.
Et pour la peine, afin que le passage de relais soit encore plus manifeste, Robert Lorenz a également embauché quelques-uns des plus fidèles techniciens de son mentor, tels le directeur de la photographie Tom Stern, le chef décorateur James J. Murakami, ou encore les chefs monteurs Joel Cox et Gary Roach.
En toute logique, Une Nouvelle Chance ressemble à s’y méprendre à une réalisation de Clint. Que ce soit dans le fond -on y reviendra-, ou dans la forme, qui s’avère plus qu’à son tour élégante, léchée et maîtrisée sur tous les plans. Clint aurait pu signer Une Nouvelle Chance, c’est certain. Certaines de ses thématiques fétiches nourrissant le récit. Mais un Clint en pilotage automatique et non LE Clint. Celui d’Impitoyable, de Sur la Route de Madison ou de Gran Torino.
Au cours de toutes ces années passées à assister et à observer le maitre, l’élève Lorenz a bien appris sa leçon, au point de fournir une copie presque totale des réalisations d’Eastwood. Même si la copie s’avère bien moins savoureuse et grandiose que le modèle.
Un constat qui s’impose très rapidement et qui ne cesse de se confirmer jusqu’au dernier plan.

Probablement motivé par l’envie d’offrir à son protégé des débuts de réalisateurs remarqués, Clint Eastwood a accepté de revenir sur sa promesse de ne plus apparaître devant une caméra. Qui plus est quand ce n’est pas lui qui tourne. La dernière fois que Clint avait tourné pour un autre cinéaste remontant à 1993 et au génial Dans la ligne de mire (de Wolfgan Petersen). Pour son propre compte, il faut remonter au chef-d’œuvre Gran Torino, en 2008.
Ici, Clint fait ce qu’il sait faire le mieux : jouer le vieux briscard, grincheux, à fleur de peau, solitaire et vindicatif. Un personnage bien rodé, que le comédien de légende campe une nouvelle fois avec tout le talent dont il sait faire preuve. Les fans ne se plaindront pas. Les autres probablement, mais ce film n’est pas pour eux.
Il faut aimer profondément Clint Eastwood pour accepter Une Nouvelle Chance et pour y voir autre chose qu’un simple drame familial, se déroulant sur fond de base-ball.
Pas besoin de connaître les règles de ce sport. Le film utilise le base-ball comme un prétexte. Il aurait donc tout aussi bien pu s’agir d’un long-métrage sur le football américain ou le golf.
Le base-ball est utilisé ici pour mettre en exergue les relations père-fille qu’entretiennent les personnages campés par Clint Eastwood et l’excellente Amy Adams. Amy Adams, une nouvelle fois très convaincante, toute en nuances et en émotions vraies, face au géant. C’est d’ailleurs, tant qu’on parle des comédiens, le cas de John Goodman, lui aussi absolument toujours avisé et impeccable, ou encore de Justin Timberlake, qui mine de rien, se construit une belle carrière d’acteur au fil des années.

Clint est chez lui. Il se donne sans retenue et fait honneur aux débuts de Robert Lorenz. Jamais il ne semble prendre à la légère ce film, pourtant hyper balisé par les clichés appartenant au champs lexical du drame à l’américaine. Le film est à sa gloire. Il lui permet d’incarner à nouveau le vieux briscard qui, à force d’expérience, de gouaille et de savoir, peut encore tenir la dragée haute à la jeune -et insolente- génération. Un protagoniste central ,qui amène aussi son lot de scènettes comiques, où Clint excelle toujours (à noter le joli clin d’oeil à la télé-réalité de la femme et des filles de Clint).
Loin d’être blasé, la légende se plait à offrir à ses admirateurs de toujours, ce qu’ils demandent. Physiquement toujours aussi impressionnant, Eastwood habite le film du début à la fin. Il est la raison principale pour laquelle il faut aller voir Une Nouvelle Chance.
Sans lui, il ne resterait qu’une histoire, certes belle, mais très classique et malheureusement cousue de fil blanc. Un récit jalonné de bons sentiments, qui parle du bon vieux temps, qui aborde le problème des non-dits et des regrets. Qui aborde le sujet de la vieillesse avec mélancolie et poésie.
Ce n’est déjà pas si mal diront certains ! Et ils auront raison, car à aucun moment, Robert Lorenz ne semble vouloir imposer sa première mise en scène comme un chef-d’œuvre d’originalité.
Il livre un hommage à son professeur et à l’époque bénie où les choses semblaient plus simples, dans un pays gouverné par les nouvelles technologies, où l’humain ne tient plus le même rôle. Au temps qui passe sans que rien ni personne n’y puisse rien. Sans aucun cynisme.
Pour les autres, ceux qui sont en demande d’un grand long-métrage sur le base-ball, Le Stratège se pose toujours comme la référence.

On adhère ou pas. Là est tout le problème finalement. Et, quitte à reconnaître le côté mineur de l’entreprise et sa faculté à foncer tête baissée dans les lieux communs, il faut aussi saluer la simplicité et la sincérité indéniable de la manœuvre. Peut-être pas le home run attendu, mais une bien belle frappe néanmoins.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Warner Bros

Par Gilles Rolland le 22 novembre 2012

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