[Critique] VIVE LA FRANCE

CRITIQUES | 22 février 2013 | 2 commentaires

Rating: ★☆☆☆☆

Origine : France
Réalisateur : Michaël Youn
Distribution : Michaël Youn, José Garcia, Isabelle Funaro, Ary Abittan, Jérôme Commandeur, Vincent Moscato, Guilaine Londez, Franck Gastambide, Claude Perron…
Genre : Comédie
Date de sortie : 20 février 2013

Le Pitch :
Deux bergers du Taboulistan, un petit pays d’Asie Centrale, sont désignés d’office par leur guide suprême pour mener un attentat contre la Tour Eiffel. Le but : faire connaître leur nation dans le monde entier. Une mission à haut risque qui commence bien mal lorsque l’avion qui était censé les amener à Paris, est forcé de se poser en Corse. Commence alors pour deux expatriés un périple farfelu à travers la France…

La Critique :
15 novembre 2006 : Michaël Youn sort de la projection de Borat et est carrément impressionné. 20 juin 2012 : Michaël Youn sort de la projection de The Dictator et est époustouflé. Ce Sacha Baron Cohen a décidément tout compris !
Persuadé que de tels films peuvent aussi voir le jour en France, Youn décide de se lancer. Entre Borat et The Dictator, Youn est devenu réalisateur (avec Fatal en 2009) et sa notoriété et ses relations dans le milieu peuvent lui ouvrir certaines portes jusqu’alors fermées. C’est décidé, son film racontera l’aventure d’un duo de gentils abrutis devenus terroristes malgré eux, baladés en France et confrontés à nos belles coutumes. Sans aller chercher midi à quatorze heures, Youn ne voit pas l’intérêt d’écrire un truc inédit et pompe allègrement Borat, puis The Dictator. La recette de son scénario (qu’il a quand même écrit avec deux autres personnes) est aussi simple que celle des œufs au plat : ses deux héros sont comme Borat, à savoir des représentants d’un petit pays (imaginaire) d’Asie Centrale où les femmes ont des moustaches et où les chèvres sont légion, et comme le dictateur de The Dictator, leurs intentions initiales ne sont pas pacifiques. Le schéma est clair et reprend au passage toute une kyrielle de petits éléments principalement piqués au script de Borat.
Mais Borat est Borat et Sacha Baron Cohen est unique. De plus, avec son film en forme de photocopie bâclée, Michaël Youn a quelques trains de retard. Depuis sa sortie, Borat est devenu culte -quoi qu’on en pense- et Youn, peut-être sans s’en rendre compte, est rentré dans le rang. Le type du Morning Live a grandi. Le cinéma français mainstream l’a accepté, il est sorti avec Elsa Pataki, s’est embourgeoisé et n’est plus très drôle.

Avec Vive la France, Youn tente bien de nous convaincre qu’il reste le même, en prenant la posture du mec qui ravive un modèle de comédie française noble, du genre de La Grande Vadrouille, mais la mayonnaise ne prend jamais. Il ressasse ses vieilles grimaces, ne prend même pas la peine de cacher son plagiat éhonté et se vautre carrément tête la première quand il nous assène sa déclaration d’amour foireuse à un pays qui pour lui, se résume à une accumulation de clichés gênants (Corse = terrorisme ; Sud-ouest = rugby et cassoulet ; flic = bavure, etc…).
Des clichés que Vive la France traine comme autant de boulets. Certains sont plus tendres que d’autres, mais au fond, c’est du pareil au même et le film finit par ressembler à une accumulation de sketches tous plus nazes les uns que les autres, car vus et revus.
Les gags, on les voit arriver à dix bornes et le dénouement, vaguement surprenant, ne sert qu’à enfoncer le bouchon d’une « réflexion » complètement bidon, où le réalisateur tente maladroitement de nous affirmer que la France est avant tout un beau pays, qui tire sa force de toutes ses faiblesses et ses contradictions. Et que ce soit vrai ou pas, finalement, on s’en fout. Le but ici est de brosser le maximum de personnes dans le sens du poil.
Avec son tour de France, Michael Youn veut parler de tout le monde, mais finit par ne parler de personne. Ses personnages, tous autant qu’ils sont, n’ont aucune profondeur et se résument à autant d’archétypes paumés dans un script qui ressemble à un patchwork sans cohérence.

Niveau casting, ce n’est guère mieux. Michaël Youn a l’air de s’amuser, mais il faut dire que c’est son film. José Garcia par contre, qui malgré tout arrive à provoquer de petits rires polis, semble par contre s’ennuyer, même lorsque Isabelle Funaro (Mme Youn à la ville) montre ses longues jambes. Chose qu’elle fait à tout bout de champs. Ses jambes, ses fesses, ses seins, tout y passe, excepté son jeu d’actrice, qui est aux abonnés absents, tant sa présence se limite à une minauderie aussi poussive qu’interminable.
Mal rythmé, parcouru de séquences bucoliques en forme de pub pour la France profonde (avec musique de Charles Trenet à l’appui !), Vive la France se veut fédérateur. Il se veut drôle aussi… Mais sur les deux tableaux, Michaël Youn se plante. Avec l’insolence qui lui est propre, l’ex-surdoué du PAF livre un film boiteux, heureusement court et dont la principale qualité est de donner envie au spectateur de se refaire La Grande Vadrouille et tous ces grands classiques de l’âge d’or de la comédie française. Un âge d’or qui décidément, est bien loin, comme le confirment toutes les purges qui inondent les salles tous les ans depuis maintenant belle lurette, et dont Vive la France vient grossir les rangs…

@ Gilles Rolland

vive-la-france-20-02-2013-7-gCrédits photos : Gaumont Distribution

Par Gilles Rolland le 22 février 2013

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paulus
paulus
10 années il y a

ben dit donc gilles que lui a t il prit de faire un film aussi c– mais que faut il attendre d un hurlu berlu telle que youn je suis étonnée que josé garcia ai risqué de tourné dans ce film ridicule

hippocampestudio
Administrateur
10 années il y a
Répondre à  paulus

C’est un mystère lol ! Je me demande aussi pourquoi José Garcia accepte encore de jouer dans des films comme ça, lui qui peut vraiment être très bon. L’argent certainement…