[Critique] YOUNG ADULT

CRITIQUES | 27 mars 2012 | 1 commentaire

Titre original : Young Adult

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jason Reitman
Distribution : Charlize Theron, Patrick Wilson, Patton Oswalt, Elizabeth Reaser, Collette Wolfe, Jill Eikenberry, Richard Bekins, Emily Meade, Jenny Dare Paulin…
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 28 mars 2012

Le Pitch :
Mavis Gary écrit des romans à l’eau de rose pour adolescents à Mineapolis, où elle vit avec son petit chien. Un jour, alors qu’elle travaille, elle reçoit un faire part de naissance de son ancien petit ami, resté dans la ville où elle a grandi. Le message chamboule profondément la jeune femme qui décide de partir retrouver son ex afin de le reconquérir. Mais une fois sur place, les souvenirs affluent et la situation ne tourne pas à l’avantage de Mavis…

La Critique :
Lorsque Jason Reitman (le réalisateur) et Diablo Cody (la scénariste) se rencontrent pour la première fois, ils pondent Juno, petite pépite du cinéma indépendant qui a fait date. Depuis, Reitman a offert à George Clooney l’un de ses plus beaux rôles avec In The Air, tandis que Diablo Cody a offert à Megan Fox la possibilité de se transformer en démon pour bouffer (au sens littéral) des types trop entreprenants dans Jennifer’s body (avantage Reitman). Du coup, inutile de préciser que nous attendions avec impatience de découvrir le fruit de cette nouvelle collaboration.
Autant le dire de suite : le résultat est à la hauteur des attentes et risque de trouver un écho chez tous ceux qui ont quitté le lycée depuis un moment. Ceux qui y sont encore sauront alors à quoi s’attendre.

Toujours redoutable dans sa façon de croquer ses personnages Diablo Cody a une nouvelle fois accouché d’un excellent scénario. En d’autres mains, une histoire semblable aurait probablement sombré dans les tréfonds de la banalité, mais ici non. Le dénouement est à la hauteur de l’intelligence des forces en présence. Et forcement, un tel mélange de subtilité, d’outrance, de subversion et d’émotion fait plaisir à voir. Surtout pour un long-métrage clairement vendu comme une énième comédie romantique un poil irrévérencieuse. Un humour bel et bien présent et parfois très efficace, mais néanmoins dilué. Et après le ratage Bad Teacher, la méfiance vis à vis d’un tel postulat de départ était pourtant de mise.

Qui n’a jamais regretté, ne serait-ce que l’espace d’un instant, le temps de ses années lycée ? Une question au centre de Young Adult qui anime l’héroïne du film d’une façon pour le moins obsessionnelle. Ancienne star du bahut, Mavis Gary (Charlize Theron) a une bonne situation professionnelle, de l’argent et elle est toujours au top physiquement. Pourtant quelque chose manque. Un homme mais pas seulement. Il y a aussi cette impression d’être passée à côté de quelque chose. Non, nous ne sommes pas chez Bridget Jones. Ici, le manque est insidieux et réside dans un esprit borderline. Mavis est prête à tout pour récupérer ce qu’elle estime mériter. Son opinion d’elle-même est si haute -du moins en apparence- que rien n’y personne ne pourra se mettre en travers de sa route.

Le personnage central de Young Adult est une adolescente de presque 40 ans, qui se complait dans ses rêves de jeune fille. Jusque dans son travail d’écrivain de romans pour jeunes adultes (d’où le titre). Un personnage brillamment croqué par une scénariste qui sait de quoi elle parle. Avouant volontiers s’être inspirée de ses propres ressentis pour composer la personnalité de Mavis, Diablo Cody insuffle à sa “créature” une authenticité rare. Authenticité qui résonne via la performance plus vraie que nature de Charlize Theron. La comédienne sud-africaine trouve d’ailleurs peut-être ici son meilleur rôle. Pathétique, belle à tomber, odieuse, drôle, cynique, charmeuse, perfide, charismatique et irresponsable, Charlize Theron livre une performance savoureuse, toute en finesse avec un dévouement qui force le respect. Pour son retour (après un congés chez Dior), Charlize ne pouvait pas rêver mieux que ce rôle en or (J’adore). Et si Charlize peut remercier Diablo Cody pour un tel cadeau, nous spectateur, ne pouvons que nous incliner face au talent de Jason Reitman, cinéaste décidément truffé de bon sens, surdoué quand il s’agit de raconter le quotidien et de traduire les états d’âme. Sa mise en scène est à la fois sensible et discrète, près de ses personnages. Sa direction d’acteur étant au diapason de ses intentions. Le casting qui gravite alors autour de Charlize Theron compose une galerie de personnages qui sentent le vécu. Que ce soit, Patrick Wilson, pour le coup vraiment à son aise dans les chemises à carreaux du père de famille tranquille dans ses charentaises, ou l’étonnant Patton Oswalt, parfait en homme brisé et rattrapé en permanence par un passé difficile, les comédiens du film composent un tableaux pertinent, qui contribue au processus d’identification.

Certains pourraient probablement argumenter sur le manque d’originalité de Young Adult. Là n’est pas le problème, car au fond, c’est le traitement de l’histoire qui compte et non la prétendue originalité de cette dernière. Jason Reitman l’a bien compris. Il s’empare avec malice, humour et sensibilité de thèmes universels, comme la poursuite du bonheur, la vieillesse, le passage à l’age adulte ou encore la quête de l’amour ou l’accomplissement de soi tout en explorant la mécanique du regret. Des problématiques qui nous concernent tous. De quoi conférer à son dernier bijou l’universalité nécessaire. Pas de doute, ce type est l’un des meilleurs réalisateurs en activité du moment.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Mandate Pictures

Par Gilles Rolland le 27 mars 2012

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