[Critique] RADIOSTARS

CRITIQUES | 16 avril 2012 | Aucun commentaire

Rating: ★★★½☆

Origine : France
Réalisateur : Romain Levy
Distribution : Clovis Cornillac, Manu Payet, Douglas Attal, Pascal Demolon, Benjamin Lavernhe, Côme Levin, Zita Hanrot, Sam Karmann, Jack Ido, Ana Girardot…
Genre : Comédie
Date de sortie : 11 avril 2012

Le Pitch :
Rois de la FM avec leur émission matinale les animateurs du Breakfast-Club se pensent intouchables et se permettent tout. À l’antenne et dans la vie, où ils jouissent d’un statut proche de celui de la rock star. Pourtant, lorsque l’émission accuse un sérieux coup de mou au niveau des audiences, les animateurs sont sur la sellette. Leur patron leur propose alors un marché qu’ils ne peuvent pas refuser : partir sur les routes de France pour animer pendant l’été leur émission. Commence alors un voyage où la joyeuse troupe va voir ses repères et ses certitudes voler en éclats…

La Critique :
Radiostars est un film relativement facile à aimer. Les codes sont connus pour avoir construit quelques-unes des meilleures comédies américaines ou britanniques. Le reste n’est qu’une question d’habillage. Romain Levy, scénariste ayant fait ses armes dans du très mauvais et du pas terrible (Cyprien, Les 11 Commandements, Coursier, Une Pure Affaire…), qui réalise son premier film, a donc relativement bien digéré ses influences.

Radiostars embrasse les us et coutumes du road movie et du film de potes. Le tout mixé aux gimmicks propres au film de radio. Car le film de radio est un style à part entière. Un genre qui fusionne lui-même plusieurs parfums et qui s’axe souvent autour d’une bande originale bien marquée. Du coup, impossible de ne pas penser à Good Morning England, Pump up the volume, Good Morning Viet-Nam et d’autres, en voyant Radiostars, même si ce dernier ne partage parfois avec certains de ces classiques que le simple fait qu’un ou plusieurs mecs parlent dans un micro. Moins engagé que Good Morning Viet-Nam, moins rock and roll que Good Morning England, moins rebelle que Pump up the Volume, Radiostars, avec sa moelle constituée d’éléments piqués à droite à gauche se démarque. En tout cas suffisamment pour ne pas encourager les spectateurs à crier au pillage.

Ainsi va le très sympathique premier long-métrage de Romain Levy. On reconnaît Presque Celèbre de Cameron Crowe quand, dans le bus, les animateurs brisent la glace en entonnant une jolie chanson (voir ce passage de Presque Célèbre où, après une nuit particulièrement agitée, les protagonistes se mettent à chanter ensemble le Tiny Dancer d’Elton John). Là encore, il convient de parler d’hommage ou de clin d’œil tant le point de vue adopté par Levy empêche l’accusation de plagiat.

Même chose pour la scène où un type rit sans raison, quand les animateurs sont en train de converser avec une star du rap. Voir dans le cas présent The Big Lebowski et la séquence où le Dude va voir Maude (Julianne Moore) et qu’un type assis au milieu de la pièce se marre sans raison apparente. Deux exemples particulièrement flagrants qui n’entachent pas le plaisir que procure le film.

Des comédies comme celle-là ne sont pas légion dans notre beau pays. Reposant sur un scénario solide, riche en joutes verbales jubilatoires et autres réparties qui claquent joliment, le film ne laisse pas de place à l’ennui et se révèle souvent très drôle. L’humour est parfois un peu limite mais globalement c’est du bon boulot. On sent que les scénaristes (Romain Levy et Mathieu Oullion) se rattrapent aux branches en ayant recours à la vulgarité extrême et au mauvais goût quand l’inspiration leur fait défaut mais ce n’est pas très grave. Le résultat global donne quand même envie d’applaudir tant Radiostars se situe à des siècles des pantalonnades franchouillardes à la Clavier qui encore aujourd’hui envahissent à intervalles réguliers les cinémas. Radiostars regarde vers l’avenir et a compris que c’est du côté d’Apatow et des Farrelly qu’il fallait chercher. Là où on soigne les dialogues, les situations et les personnages. Il ne se contente jamais de se reposer entièrement sur le décalage évident entre ses parisiens un peu imbus d’eux-mêmes et les provinciaux. Et quand il aborde la question, la vanne qui en découle est souvent très drôle.

Et parlons-en des personnages. L’équipe de Breakfast-Club est attachante et ce malgré la présence de Clovis Cornillac, acteur souvent imbuvable qui trouve miraculeusement ici une légitimité bienvenue. À ses côtés, Manu Payet est impeccable. Subtil et habité par son personnage, Payet trouve l’un de ses plus beaux rôles au cinéma et contribue à conférer au film son identité. Et puis il y a l’excellent Pascal Demolon. Un comédien de l’ombre qui laisse exploser un charisme et un talent flagrant dans la peau d’un second couteau des ondes FM. Demolon bouffe l’écran. Ses scènes figurent toutes parmi les meilleures du film. Un joli trio qui suffit à faire oublier la performance en dent de scie de Dougle Attal, un peu fade et le manque d’épaisseur de certains personnages secondaires (Zita Hanrot par exemple assez absente).

Ceux qui ont eut un jour la chance de se retrouver derrière un micro de radio jubileront, les autres devraient apprécier la volonté de livrer une vraie comédie. Un vrai road movie initiatique. Rythmé car reposant sur un scénario vivant. De quoi encourager l’indulgence quant aux petits défauts qui émaillent le film (reprendre le Video killed the radio stars des Buggles, dans un film qui parle d’une bande d’animateur radio = idée du siècle). Radiostars est une belle surprise. Pas de quoi bouder son plaisir donc.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Les Productions du Trésor

Par Gilles Rolland le 16 avril 2012

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