[Dossier] Jean-Claude Van Damme : les Muscles de Bruxelles

DOSSIERS | 21 septembre 2012 | 7 commentaires

Jean-Claude Van Damme. La seule évocation de ce nom entraine son lot de réactions. Le rire chez les uns, le profond respect chez les autres, mais rarement l’indifférence. La récente sortie d’Expendables 2, où l’acteur belge incarne Jean Vilain, le méchant terroriste de la troupe, est l’occasion de revenir sur cette personnalité borderline et attachante. De ses débuts en Belgique à son retour en grâce en cet été 2012, où il foule à nouveau les tapis rouges, en passant par les années de débauche.

1 – Jean-Claude Van Damme : l’athlète et le combattant

À l’instar de Chuck Norris, de Steven Seagal ou même d’Arnold Schwarzenegger, Jean-Claude Van Damme fut tout d’abord reconnu grâce à ses performances sportives.
« Sans les arts-martiaux, je serais devenu un pianiste tuberculeux… J’étais un enfant sensible, j’aimais la musique classique et la peinture, l’art sous toutes ses formes. Mais en grandissant j’ai voulu combiner ce goût, avec le développement de ma forme physique. »

C’est tout gamin, à 12 ans, que Jean-Claude pousse pour la première fois les portes du Gold Gym de Bruxelles. Une salle dirigée par Claude Goetz, qui est à l’heure actuelle, toujours aux côtés de JCVD sur les tournages et lors de ses entrainements. Cette rencontre sera la première des rencontres décisives qui mèneront Jean-Claude au firmament de la gloire. C’est Goetz qui transformera le gamin complexé, maigre et « raide » en super mâle fier et conquérant. Lui qui apprendra les rudiments du kickboxing et du karaté à la future star d’Hollywood. Lui encore, qui servira de véritable point d’ancrage à l’acteur quand ce dernier sombrera du côté obscur de la Force.

Jean-Claude et son entraîneur de toujours Claude Goetz

Né le 18 octobre 1960 à Berchem-Sainte-Agathe en Belgique, Jean-Claude Camille François Van Varenberg, comme il s’appelle alors, s’illustre rapidement lors de tournois, mais aussi quand il s’agit de bouger de la fonte sur les machines de musculation. Il remportera ainsi le titre de Mister Belgium, équivalent de Mister Olympia, pour la Belgique (en 1978).
Son palmarès martial (18 victoires pour 1 défaite) est largement contesté par ses détracteurs, mais une chose est néanmoins certaine : JCVD s’est fritté sur les tatamis un grand nombre de fois et souvent ses adversaires ont fini par ramasser leurs dents à quatre pattes (même si il se fait rétamer au bout de deux combats aux Championnats du Monde de kickboxing).
Connu pour son coup de pied sauté retourné qu’il a de nombreuses fois casé dans ses films, Jean-Claude Van Damme est aussi le détenteur du titre de Champion de Belgique de light contact, une variante du full contact.
À 20 ans, il quitte pour la première fois la Belgique pour traverser l’Atlantique afin de rallier la Californie. Là-bas il apprend le fitness et le culturisme, dans l’espoir de fonder en Belgique sa propre salle. Ce qu’il fait peu de temps après. Une salle qu’il laissera finalement en gérance, lorsqu’il plonge dans le grand bain en prenant un aller simple pour les États-Unis où, il en est persuadé, les producteurs n’attendent que lui.

Depuis qu’il est devenu un acteur à plein temps, Van Damme a laissé de côté les rings. Il annonce depuis plusieurs années, un retour à la baston en bonne et due forme, où il affronterait Somluck Kamsing, un champion olympique de boxe anglaise. Le combat semblait être prévu pour l’été 212, mais aucune info n’a filtré quant à la réalité des choses…

À noter que Van Damme a aussi pratiqué la danse de manière assidue pendant cinq ans. Il se vit même proposer par L’Opéra de Paris, d’intégrer les rangs de la prestigieuse institution.

2 – Jean-Claude Van Damme : une incarnation du rêve américain

À Hollywood, JCVD se heurte à l’autre versant du rêve américain. Tout en rêvant de grosses bagnoles, de nanas en bikini et de son nom tout en haut de l’affiche, le jeune belge se voit contraint d’enchainer les petits boulots alimentaires. Quand il descend de l’avion, Van Damme a en tout et pour tout 3000 dollars en poche et son niveau d’anglais est à peu près équivalent à celui d’un élève de CM2. Nous sommes en 1982 et les portes des studios restent fermés pour l’athlète.
Pendant les deux années qui séparent son arrivée à Los Angeles et son premier rôle au cinéma, Van Damme occupe les fonctions de poseur de moquette (il ne la fume pas encore), de chauffeur de limousines, de livreur de pizzas, de videur ou encore de prof de karaté dans les parkings (!!!). Il dort dans sa voiture, vole de la nourriture dans les supermarchés et continue de se raccrocher à ses rêves.
Néanmoins, ces années de vaches maigres ne sont pas complètement noires pour Van Damme qui fait la connaissance de Lou Ferrigno, le fameux bodybuilder et interprète de L’Incroyable Hulk, dans la série emblématique du même nom et surtout de Chuck Norris, qui lui demande de lui servir d’assistant pendant ses entrainements. Une espèce d’amitié nait entre la légende Norris et le jeune acteur européen, qui se voit ensuite proposer des petits contrats dans des films comme L’Arme Fatale et Predator, où il se glisse un temps dans le costume de la créature, face à Schwarzenegger. Il sera vite remplacé. À ce sujet, JCVD raconte : « J’étais en voiture avec mon pote Mohamed Qissi (son adversaire dans Kickboxer). On venait de la vallée et on descendait vers Mulholland Drive. Arrivés à la hauteur du Beverly Hills Hotel, je vois Bruce (Willis), dans sa bagnole, qui s’arrête à côté de moi. Je lui fais : « Hey, Bruce ! You’re Bruce Willis ». Je conduisais une vieille Volkswagen merdique que j’avais acheté 300 dollars, à laquelle il manquait les pare-chocs, et lui était dans une décapotable dont j’ai oublié le modèle. Je continue, excité comme un gosse : « Je suis acteur moi aussi, je vais jouer dans Predator. Je fais le Predator ». Et là, il me regarde et lâche : « Ouais. C’est bien ce que je pensais (rires) ». (Première. juillet/août 2012)

Enfin proche du milieu qu’il souhaite infiltrer, Van Damme sent que le vent est en train de tourner en sa faveur. Il manque de se faire décapiter par les hélices d’un hélicoptère sur le plateau de Portés Disparus, mais sinon tout va bien. À tel point que JCVD décroche enfin son premier vrai rôle : celui d’un karatéka gay dans le navet interstellaire Monaco Forever. Un long-métrage inénarrable qui voit Jean-Claude palper des bourses lors d’affrontements mous du genou. Parfois, les légendes naissent dans de bien curieuses circonstances…

Van Damme Monaco Forever

Son rôle de méchant russe dans le très dispensable Karate Tiger (Le Tigre Rouge), qui convoque le fantôme de Bruce Lee, se chargera de viriliser un poil son image, à défaut de marquer l’histoire du septième-art de son empreinte.

Quoi qu’il en soit, les choses sérieuses commencent pour celui qui en profite pour changer de nom en transformant Van Varenberg en Van Damme.
Le déclic, le vrai, a lieu quand Van Damme, alors qu’il se sustente dans un restaurant, voit entrer le producteur phare de l’époque Menahem Golan. Ni une ni deux, il décide d’aller à la rencontre du ponte des studios et de balancer un coup de pied à deux centimètres du pif de ce dernier. Histoire de prouver son audace et sa souplesse. Car niveau audace, JCVD a été à bonne école lorsqu’il côtoie régulièrement Chuck Norris. Chuck qui ne semble avoir converti Van Damme a ses idées politiques réactionnaires, fort heureusement.
« Hey Menahem ! Vous vous souvenez de moi ? Je vous ai envoyé plusieurs photos ! », raconte Jean-Claude. « Et il m’a regardé comme si j’étais fou ». Le stratagème du belge fonctionne à fond les bananes puisque il quitte le restaurant avec dans sa poche revolver, la carte de Golan.
Le lendemain du jour qui restera à jamais désigné comme « le jour où Van Damme faillit assommer le roi d’Hollywood dans un restaurant branché », Jean-Claude se pointe à la Cannon, qui à l’époque, est la boite qui produit les plus grands films d’action, et attend plusieurs heures que Menahem consente à le recevoir. Lorsqu’il se retrouve enfin devant le producteur, Van Damme se met torse poil, et exécute une autre de ses spécialités maison : le grand-écart facial ! « Regardez, je suis très jeune encore. J’ai soif de cinéma et je ne suis vraiment pas cher. Je peux faire tout ce que fait tel ou tel gars dans vos films. S’il vous plait,donnez moi une chance ! », se souvient JCVD.
Loin de repousser les avances un peu agressives mais chargées d’une bonne volonté non feinte, le producteur prend la décision qui aura pour conséquence de faire de Van Damme l’une des plus grandes stars du cinéma d’action : il lui propose le rôle titre du film Bloodsport

Jean-Claude en route pour la gloire, dans Bloodsport

3 – Jean-Claude Van Damme : un acteur qui n’a peur de rien

Un détail troublant se détache de l’ensemble de la filmographie de Jean-Claude Van Damme. En effet, quel fan n’a pas remarqué l’amour inconditionnel -et limite irraisonné- de JCVD pour les patronymes farfelus ? Comment ne pas relever le côté parfois un peu ubuesque des noms des personnages que le belge flamboyant a incarné au fil des années ?
Des personnages appelés tour à tour Gibson Rickenbacker (Cyborg), qui associe deux marques de guitares, Lyon Gaultier (Full Contact), Chad (et Alex) Wagner (Double Impact) Chance Boudreaux (Chasse à l’homme), Charles Le Vaillant (The Order), Jacques Kristoff (Point d’impact), Philippe Sauvage (The Hard Cops), Jack Robideaux (Trafic Mortel), Brazil (Assassination Games), Frenchy (The Eagle Path), Tiano (Dragon Eyes), Samson Gaul (Six Bullets : The Butcher) et plus dernièrement Jean Vilain (Expendables 2). Des noms qui prennent souvent des consonances françaises et qui dénotent là encore, d’un goût affirmé pour l’audace et le second degré (pas toujours volontaire certainement).

La période faste de Van Damme se situe clairement entre 1988 et 1994, à savoir entre Bloodsport et Timecop. Dans l’intervalle, Jean-Claude tournera donc dans onze longs-métrages, qui seront tous des succès au box-office. Des films qui bâtiront la réputation du belge, qui garniront allègrement son compte en banque et qui lui assureront la célébrité tant attendue.
C’est gagné pour JCVD qui est enfin une star. Une vraie. Les petits boulots et les brimades des camarades de classe sont loin. Le petit gamin chétif est désormais un poids lourd de l’entertainment hollywoodien. Il mange avec Stallone et Bruce Willis et sort avec des mannequins. Son garage est plein de caisses de luxe et personne ne remet en cause sa notoriété. Van Damme a réussi l’impensable. Une réussite qui se doit d’être considérée, encore aujourd’hui, avec un maximum de respect et qui, dans un sens, se doit de faire office d’exemple dans sa faculté à illustrer la maxime : « quand on veut on peut ».

Jean-Claude Van Damme a voulu et il a eu. Bloodsport lui assure une belle crédibilité en tant que comédien spécialiste des arts-martiaux, un peu comme La Fureur du Dragon l’avait fait pour Chuck Norris. Une crédibilité que Kickboxer, Full Contact et Coups pour Coups souligneront avec fougue. Ces derniers films étant véritablement axés sur les compétences spéciales de Van Damme. En parallèle, l’acteur à la cuisse souple tente de percer en marge des carcans du film d’arts-martiaux strict. Avec Cyborg, il tente le mariage de Terminator et de Mad Max. Le résultat est assez naze. Les Inconnus utiliseront d’ailleurs les bruitages ridicules du film dans leur sketch Les Miséroïdes. Dans Double Impact, Jean-Claude inaugure une tendance qui trouvera plus tard un écho dans sa carrière : le dédoublement. Il incarne dans le film de Sheldon Lettich, Chad et Alex, deux frères aux caractères opposés et met en exergue son égo, qui commence à prendre des proportions dantesques. Le film est un succès. En 2012, une suite est d’ailleurs envisagée par l’acteur.

Avec Universal Soldier, Van Damme incarne un cyborg et se voit opposé au géant suédois Dolph Lundgren. Gros carton partout dans le monde, Universal Soldier est l’un des grands classiques de JCVD (il en tournera trois autres, dont le dernier sort prochainement). La confiance à son maximum, Jean-Claude enchaine sur Cavale sans Issue, une espèce de variation du Fugitif, où il emballe Rosanna Arquette, tout en bottant un maximum de culs, en jeans moulants. Le film est totalement dédié à la gloire de sa star. Un détail particulièrement flagrant quand le scénario du film, via une vanne bien senties, flatte l’acteur en soulignant la longueur de son sexe. Du jamais vu !
Pour la suite des événements, JCVD frappe un grand coup et va carrément chercher le fameux réalisateur chinois, John Woo, prouvant par cela son amour du cinéma asiatique.
La collaboration entre Van Damme et Woo s’appelle Chasse à l’homme et s’avère de très bonne facture. Enlevé, nerveux, riche en ralentis et certes bas du front, Chasse à l’homme bénéficie du charisme d’un Van Damme pour le coup chevelu (dans la nuque seulement) et du savoir-faire d’un John Woo décidé à faire son trou sur le Nouveau Continent.
Avec Timecop, Jean-Claude incarne un flic qui voyage dans le temps. Pas franchement mémorable, le film s’avère farci d’erreurs (la tare de beaucoup de films abordant des problématiques spacio-temporelles) mais est pourtant jubilatoire. En 1994, tout ce que touche Van Damme se transforme en or. Il siège au panthéon des bagarreurs prestigieux du cinéma américain, aux côtés de Stallone et de Schwarzenegger. Schwarzenegger a qui il rend d’ailleurs hommage à l’occasion d’une brève apparition dans le chef-d’œuvre parodique de John McTiernan, Last Action Hero.

Jean-Claude croque la vie à pleine dents dans Chasse à l’Homme de John Woo !

C’est alors que les choses dérapent un poil ! Van Damme se laisse convaincre par des producteurs qui voient en lui l’incarnation parfaite de Guile, le personnage vedette du jeu vidéo Street Fighter. Van Damme accepte et se retrouve à jouer au petit soldat aux côtés du talentueux Raul Julia (La Famille Addams) et de la pop star Kylie Minogue. Le résultat est catastrophique et réussit l’exploit de contrarier à la fois les fans de Van Damme et ceux du jeu vidéo, qui ne reconnaissent pas du tout leur jeu culte dans ce ramassis difforme.

Jean-Claude dans Street Fighter !

La chute vers les abimes des rayonnages poussiéreux des vidéo-clubs qui va suivre, sera néanmoins lente. Mort Subite, Risque Maximum (de Ringo Lam, autre maestro du cinéma d’action asiatique) et Le Grand Tournoi, déplacent toujours les fans. Le Grand Tournoi qui marque d’ailleurs les débuts de JCVD à la réalisation. Un long-métrage ambitieux, mais mal maitrisé par un acteur peu conscient de ses limites, qui tente de s’imposer par la seule force de son caractère et qui refuse la notion même de limite.
Par la suite, Jean-Claude Van Damme rejoindra son pote Steven Seagal dans la catégorie des acteurs indésirables dans les salles obscures. Ses films, comme ceux de Seagal, ne sortent plus qu’en vidéo et ce ne sont pas les collaborations avec Ringo Lam et le cultissime Tsui Hark qui arrangeront les choses. Alors qu’il pouvait tout se permettre, Jean-Claude perd les pédales et du même coup le mode d’emploi de la réussite à Hollywood. Les codes ont changé et les vétérans de l’action, dont il fait parti, malgré son jeune age, ne font plus forcement recette à la fin des années 90. Stallone bataille sévère, Schwarzenegger envisage une carrière politique, Chuck Norris se voile la face et passe à la télévision (avec succès) et Seagal malmène sa balance. Van Damme, lui, devra attendre 2001 et Replicant, de Ringo Lam pour réapparaitre dans les programmations des cinémas. Le film est un flop relatif, mais il est bon.
Ensuite, JCVD replonge pour quelques années. Jusqu’au film de Mabrouk el Mechri qui, avec son JCVD, offre à Jean-Claude Van Damme l’un de ses plus beaux rôles et du même coup une rédemption médiatique inattendue. Pas de quoi revenir brusquement au sommet, mais de quoi entrevoir une chance de prouver de quel bois il est fait. Conscient de sa condition de naufragé, Van Damme continue vaille que vaille de tourner. En 2012, Stallone revient vers lui pour lui proposer le rôle du méchant vedette dans Expendables 2 (alors qu’il avait refusé le premier). À 52 ans, Van Damme retrouve les tapis rouges…

Sa filmographie est à l’image de sa vie, parcourues de hauts et de bas, commercialement et qualitativement. Van Damme a toujours su attirer les faveurs des grands de l’action et même si les résultats se sont souvent avérés décevants, impossible de ne pas reconnaître cette volonté de ne jamais vraiment baisser sa garde.

Dans les mois qui viennent, Van Damme sera à l’affiche de plusieurs films : Universal Soldier : Day of Reckoning, avec Dolph Lundgren et Scott Adkins, Rjevski contre Napoléon (qui s’annonce bien pourri), la comédie Welcome to the Jungle, ou encore Enemies Closer. On parle aussi d’un remake/suite de Bloodsport et d’une suite à Double Impact.

Jean-Claude sur le tournage de la comédie Welcome to the Jungle.

4 – Jean-Claude Van Damme : l’homme de tous les excès

Printemps 2001 : Jean-Claude Van Damme est invité à l’émission philosophique Loft Story. Le but ? Rencontrer Aziz, l’un des candidats qui est fan du maitre. Amaigri, Van Damme se pointe sur le plateau en réussissant l’exploit de marier les baskets, le treillis bleu et la veste de costard. Jean-Paul Gauthier a paraît-il gerbé sur sa marinière en voyant cette association. Sur M6, ce soir-là, Van Damme parle fort, ne répond pas franchement aux questions, part en live (« Arrêtez les claquements merde ! Arrêtez ces histoires ! J’parle du cœur ici ! On est pas du show business ! J’suis un homme qui parle à un homme maintenant ! À un jeune garçon, qui est encore un enfant ! »), parle de drogue et donne une image qui va, dès lors, lui coller à la peau, comme un vieux chewing-gum à la semelle d’une santiag.
C’est la promo pour le film Replicant qui marque la naissance de la nouvelle réputation de Jean-Claude. Alors plus ou moins oublié du grand public, ce dernier est tout d’un coup de retour sur les plateaux. En pleine dépression, il supporte visiblement mal cette soudaine exposition médiatique et ne rate pas une occasion de se ridiculiser en prouvant presque par A + B, qu’il est devenu un consommateur régulier de cocaïne. Il nie, mais plus tard viendront les aveux. Sur le plateau d’Ardisson, rebelote. Il a beau dire qu’il ne mange que des légumes, Van Damme est visiblement chargé comme un coureur cycliste. Il multiplie les déclarations fracassantes, comme lors de cette interview où survient pour la premier fois le mot « aware ». Une expression qui deviendra culte. Un mec montera même une marque de boites alimentaires en plastique appelée TuppAware.

À l’instar d’Ozzy Osbourne qui, pendant la diffusion de sa série de télé-réalité The Osbournes, déclenchait bien malgré lui de nombreux éclats de rires, JCVD fait marrer dans les chaumières. Derrière ce clown dépareillé, se cache un homme en souffrance. En 2001, il vient de se remarier avec la « bodybuildeuse » Gladys Portugues, son premier amour, mais celle-ci n’arrive pas à apaiser la bête. Ses films ne marchent plus. Certains n’arrivent même plus à masquer l’image d’un mec complètement paumé (Piège à Hong Kong est peut-être le meilleur exemple) qui semble se forcer à enchainer les navets pour tenter de garder la tête hors de l’eau.
Dans l’intervalle, Van Damme sniffe et picole. Il est sujet à de violentes crises, comme cette fois il explose la caméra d’un paparazzi un peu trop insistant. Paradoxalement, cette sur-médiatisation, qui aurait pu, en étant mieux gérée, permettre à Van Damme de se relever et de regagner le cœur du grand public, enfonce l’homme qui en essayant de se raccrocher aux branches, fusille son image publique.
La crise perdurera jusqu’en 2007. 2007, ou l’année de la sortie de JCVD, le fameux film où Jean-Claude joue son propre rôle, range l’égo et les excès au placard, et se met à nue. Son monologue, qui intervient au milieu du long-métrage, restera dans les annales. L’acteur semble plus sage et posé. En interview, il fait preuve d’une honnêteté incroyable et ne renie rien. Il fait amende honorable.
Et comme il n’est pas homme à faire les choses à moitié, Van Damme ne cache plus rien. Il balance tout et peu à peu, se refait une virginité dans les médias. Seuls les moins avisés continuent de le rallier, mais lui au fond, il s’en fout comme de son premier coup de pied retourné.

Jean-Claude, Arnold, Sylvester et Dolph lors de l’avant-première d’Expendables 2

En août dernier, Van Damme est aux côtés de Stallone, Lundgren, Statham et Schwarzenegger, à l’occasion de l’avant-première parisienne d’Expendables 2. Heureux, Van Damme déboule et fait le show. Avec la sympathie et la sincérité qui au fond, l’ont toujours caractérisé, Jean-Claude prend du temps pour signer des autographes et faire des photos. Il clame à qui veut l’entendre son amitié pour ses partenaires et plus particulièrement pour Sylvester Stallone, qui vient de lui offrir l’un de ses grands rôles. Abordable, Van Damme semble en paix avec lui-même.

Le fait qu’il vienne de perdre un max de thunes en produisant Eagle Path, sa dernière réalisation dans laquelle apparaissent Bianca et Christopher, ses enfants, n’a pas d’importance. Jean-Claude, 52 ans, fait ce qu’il aime. C’est un homme simple, qui aime les animaux et la nature. Au point d’annuler une tournée de promo pour rester au chevet d’un chien qu’il vient de sauver d’un refuge, alors que ce dernier subit une opération.

Jean-Claude et sa fille Bianca (qui a oublié d’être moche).

Comme il le dit lui-même : « J’ai changé dans le bon sens. Je suis plus humble, je fais attention à ma ponctualité, je ne sors plus le soir… La vodka, les bières, c’est fini ces conneries. J’ai le sport et mes chiens, qui sont toujours avec moi sur les tournages. Des animaux que j’ai recueilli au fil des années et qui m’accompagnent partout. »

Affiche de la participation de Jean-Claude Van Damme à l’occasion d’une campagne anti-fourrure.

5 – Jean-Claude Van Damme : le philosophe incompris

Impossible d’aborder l’énigme Jean-Claude Van Damme sans revenir sur ses fameux aphorismes. Ces petites phrases qui ont fait couler beaucoup d’encre et qui ont largement contribué à bâtir la légende.

« Je suis aware », « J’aime bien les nains qui savent bien peindre », « 1 + 1 = 1 », « Les cacahuètes, c’est le mouvement perpétuel à la portée de l’homme » etc…
Si on rajoute à cela le français parfois approximatif de Jean-Claude, la coupe est pleine.

Pour rappel, le français n’est pas la langue maternelle de Van Damme. C’est le flamand. C’est donc un type qui parlait flamand et un peu français qui est parti aux States (sa ville natale faisant partie des 19 communes bilingues de Belgique). L’anglais, il l’a appris (selon lui) en regardant les Flingstones à la télévision. Ceci explique cela.

Van Damme a toujours aimé parler. Même aujourd’hui, alors que les sombres années sont derrière lui, Jean-Claude se lâche sur les plateaux. Il canalise son énergie, mais prouve que la drogue n’était pas tout à fait responsable de ses fulgurances. La drogue a affecté la forme, mais pas forcement le fond.


Comme l’a dit Benoit Poelvoorde à son sujet, Van Damme dit ce qu’il pense sans se soucier du quand dira-ton. Poelvoorde qui souligne justement la pertinence de beaucoup des déclarations de son compatriote : « C’est un peu fastoche de se moquer. (…) Qui irait narguer Jean-Claude Van Damme ? Personne ! » tout en rajoutant que si le show business ne comptait que des prix Nobel, ça se saurait. Van Damme est considéré comme le clown de service car il ose l’ouvrir. Même quand il n’a rien de spécial à dire.
Tout simplement. Ce qu’il dit n’est pas forcement bien dit, mais ce n’est jamais dénué de sens, quand on gratte un peu.
Plus encore que sur les rings ou dans ses films, où il affronte de gros molosses, Jean-Claude Van Damme n’éprouve pas la peur. Celle du ridicule notamment. Une manière de tourner le dos à ses détracteurs.
Il ne faut pas oublier non plus l’humour du bonhomme et son second degré quasi-permanent, comme en témoignent les pubs pour World of Warcraft, pour la bière Coors Light, le clip qu’il a tourné pour Bob Sinclar ou encore ses apparitions dans Narco ou dans la série Friends.

Qu’on le veuille ou non, Jean-Claude Van Damme est une authentique personnalité. Un homme entier. Un type qui a gravi par la seule force de sa volonté (et de ses adducteurs), les échelons de la gloire. Un mec qui s’est ramassé, mais qui s’est toujours relevé. Un type qui a toujours reconnu ses erreurs, sans fard, ni simulacre et qui après presque 30 ans de carrière au cinéma, entrevoit le métier comme un jeune premier. Comme un gus qui a faim.
Finalement, on a vu pire comme modèle.

Merci au magazine Première et au site www.lesartsmartiaux.com pour les précieuses déclarations de JCVD retranscrites dans ce dossier. 

@ Gilles Rolland

Par Gilles Rolland le 21 septembre 2012

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7 Commentaires
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josy
11 années il y a

Très beau dossier!!!!!!Bravo!

Altime E.
Altime E.
11 années il y a

Van Damme,grandissant je voyais mon grand frere fan averé de ce dernier jusqu’à meme porter son nom de l’acteur, moi a mon tour j’etais devenu fan.
Jean Claude ,un acteur qui m’a marqué. lol

Pamalach
Pamalach
11 années il y a

Merci pour ce dossier.

hippocampestudio
Administrateur
11 années il y a
Répondre à  Pamalach

Lol, merci de l’avoir lu 🙂 !

Freud Bat
Freud Bat
11 années il y a

Merci pour avoir lu et compri cette belle page

nerdzofgameur
nerdzofgameur
9 années il y a

Dossier assez complet maisnpar contre la fureur de vaincre qui donne une credibiliter dans kes art martiaux a chuck norris ca ma fait beaucoup rire

Il est un peu sept fois champion du monde le bonhomme hein