[Interview] EVIL BARBECUE : Rencontre avec Julien Dinse de Freak AC

INTERVIEWS | 8 juin 2012 | 1 commentaire

Que vous aimiez les films d’horreur ou les comédies, voire -encore mieux- les comédies d’horreur, Evil Barbecue ne peut pas vous laisser indifférent ! On parle ici d’un métrage où il est question de merguez et de poulets tueurs, armés de fusils, rampants ou volants. Imaginez le truc ! On cause pour l’heure d’un film de potes, qui tourne autour d’un barbecue maléfique, spécialisé dans la résurrection de bouts de bidoche !

Porté par Julien Dinse,  vidéaste mélomane et musicien cinéphile responsable du récent court-métrage 2013 (voir notre article ici), Evil Barbecue s’apparente à un bon gros délire de mordus de cinéma de genre. Un film décomplexé, qui s’annonce gore, drôle et fédérateur.

Mais Evil Barbecue, c’est encore Julien Dinse qui en parle le mieux.

Salut Julien ! Commençons si tu veux bien par un petit auto-portrait. Tu es l’un des membres fondateurs du collectif Freak A.C., qui a déjà à son actif plusieurs clips vidéos et des courts-métrages dont le récent 2013 ; mais tu aussi musicien, notamment via le groupe de hip-hop Khod Breaker…
C’est tout à fait ça. Tes questions sont troublantes, à la fois sans point d’interrogation et en même temps tellement complètes que je ne sais même pas quoi rajouter. Peut-être que l’essentiel des travaux de Freak AC sont visibles ici : www.myspace.com/freakac ou www.dailymotion.com/freakac, que j’appartiens également au groupe de junk punk Relax Raptor (http://relaxraptor.bandcamp.com) et que Khod Breaker sort un nouveau maxi à la rentrée avec Neofluxx ?


Venons-en à Evil Barbecue, qui narre l’histoire d’un groupe d’amis confronté à un redoutable barbecue responsable d’une invasion de merguez et autres poulets mutants. Tu décris le projet comme étant à la croisée des chemins du cinéma de genre américain et anglais et de la verve des classiques français d’Audiard. Comment se réveille-t-on un beau matin avec l’idée d’écrire un scénario où des merguez envahissent le monde ?
À dire vrai, on se réveille un beau matin à 17 ou 18 ans avec cette idée là, on prend un caméscope et on essaie de faire quelque chose. Mais évidement, comme on a passé le plus clair de son adolescence à boire des bières et à écouter du néo-métal, le résultat ne rime à rien, alors on range le caméscope et on passe à la suite. Et puis, dix ans plus tard, on se retrouve avec les copains de l’époque, on boit des coups et on se dit qu’on pourrait enfin faire ce film là. Pour revenir à ta question, comment a-t-on pu avoir une idée pareille ? J’en sais foutre rien.
Le pitch d’Evil Barbecue semble convoquer l’esprit de la firme Trauma, responsable de films comme Toxic Avenger ou Poultergeist, qui lui aussi met en avant des poulet revanchards. Trauma fait-il partie de tes influences premières ?
Ceux qui ont déjà vu Freak AC sur un terrain de foot savent que j’arbore fièrement un t-shirt Troma, avec la tête du Toxic Avenger ! Troma fait évidement partie de mes influences, bon gré mal gré serais-je tenté de dire ! Je pense que la démarche de Lloyd Kaufman est forcément inspirante pour tous les fans de cinéma un peu fauché et marginal. D’ailleurs, au-delà du trublion qui se fait jeter de Cannes par Gilles Jacob, je pense que Lloyd Kaufman est un bon réalisateur. Il suffit de voir Poultergeist pour s’en rendre compte.

 

Je crois savoir quel grand fan de cinéma de genre horrifique des années 70 et 80 tu es. Bien souvent, dans ces films se cachaient de fines observations virulentes sur la société de consommation ou encore la politique. Peut-on dire qu’Evil Barbecue se place dans la même lignée ?
Non, définitivement pas. Comme je te l’ai dis, Evil Barbecue a été pensé à l’époque ou nous étions adolescents. Je pense pas qu’on était vraiment politisés. Boire des bières et obtenir du sexe étaient nos objectifs premiers.
Quand on lit le synopsis d’Evil Barbecue, on s’aperçoit vite à quel point un tel projet est ambitieux. On trouve beaucoup de scènes gores et de séquences de destructions massives, un peu comme dans les grosses productions américaines que tu cites volontiers. Comment appréhende-t-on ces scènes là quand on ne dispose pas d’un budget illimité ? Comment se passe la production ?
C’est le rôle du réalisateur (Félix Catala en l’occurrence) que de gérer l’équilibre entre trucages numériques et effets réels. Avec les ordinateurs aujourd’hui on peut obtenir beaucoup. Les trucages numériques sont devenus la norme. On trouve même des tutoriels de toute sorte sur YouTube, qui t’expliquent comment réaliser tel ou tel effet. Il faut s’armer d’une bonne dose de patience et aimer le travail méticuleux ! Nous voulons tout de même essayer de réaliser quelques effets « en direct », sur le plateau. D’une part car cela donne plus de personnalité au métrage, d’autre part car c’est de cette manière qu’ont été tournés beaucoup de films des années 80 ou 90 que nous affectionnons particulièrement !
La production d’Evil Barbecue repose sur un système participatif. Les internautes peuvent d’ores et déjà se rendre sur le site http://fr.ulule.com/ et donner ce qu’ils désirent pour permettre au long-métrage de prendre vie. Le but étant de récolter 2000€. Quand est-ce que le tournage doit commencer ?
Nous commençons fin juillet. Le métrage doit être prêt en décembre ! Heureusement que grand-mère sait faire un bon café.

 

Pour revenir au film, on remarque une volonté de ne pas se concentrer uniquement sur les séquences chocs qui pourraient découler d’un tel pitch. Les personnages semblent en effet travaillés, tout comme les relations qui les unissent. Est-ce important selon toi de déclencher l’empathie chez le spectateur sans se contenter d’enchainer les décapitations ?
Ma réponse tient en un film et trois mots : Bienvenue à Zombieland. Un film de zombies qui dure une heure et demie, avec une demi-heure au milieu sans aucun zombie. On peut le revoir deux, trois, quatre fois sans s’ennuyer, car on aime passer du temps avec les personnages qu’il y a dedans. À mon avis, tu dois pouvoir te sentir bien dans un film comme dans une maison. Tu dois pouvoir aimer y revenir, le visiter, y voir des amis. D’ailleurs, si tu regardes, le succès d’une série comme The Walking Dead, elle aussi s’articule autour des personnages. Après, si les zombies sont classes, bingo. Des personnages cools et des belles bestioles, voilà le secret.
Evil Barbecue cherche-t-il à faire passer un message ? Un message du genre : devenez végétarien ou encore n’abusez pas de la viande carbonisée ?
Je pense que le message serait plutôt : ne devenez SURTOUT PAS végétarien. Si nous arrêtons de manger de la viande, il se pourrait bien qu’elle se retourne contre nous.
2013 abordait déjà d’une certaine façon la fin du monde. Evil Barbecue aussi. Est-ce qu’il est raisonnable de considérer le second comme un suite indirecte du premier, à savoir la chronique d’un monde qui part définitivement en couille -de la plus absurde des façons- après le désintéressement des dirigeant politiques ?
Au lycée, nous avions un professeur de français qui avait coutume de dire « ooouh là là c’est très trèèès bien… mais ça n’a rien à voir ».
Freak A.C., on s’en doute, repose aussi sur la camaraderie qui anime ses membres. Quand on rembobine un peu l’histoire du collectif, on retrouve les mêmes têtes, que ce soit devant ou derrière la caméra, un peu à la façon du Frat Pack de Will Ferrell. L’amitié est-elle au centre de votre démarche ?
Evil Barbecue n’est qu’une histoire d’amitié. Nous n’avons aucune autre raison valable de faire ce métrage.
Quelle sera la place de la musique dans Evil Barbecue ? Allons nous retrouver Khod Breaker ou Relax Raptor dans la B.O. ?
Hé hé ! Petit malin va. Ça se pourrait.

Julien Dinse (debout) et le réalisateur Félix Catala

Finissons par l’interrogatoire maison !


Ton dernier frisson au cinéma : Prometheus, malgré tout ce qu’on peut en dire !

Ta devise : « Live free, or don’t ».

Ton modèle : j’en ai plein, mais j’essaie d’être moi-même mon propre modèle. Haters gonna hate.

Le pire des navets : mmm… faudrait savoir ce que tu appelles un navet. Si c’est un film mal réalisé avec tout qui foire, sans grande surprise, Eaux Sauvages ou Les Mémés Cannibales. Si c’est un blockbuster pérave alors… Independence Day par exemple ! Il est bien pourri celui-là non ?

Ton musicien/groupe préféré : probablement Trent Reznor ?

Le film que tu affirmes détester mais que tu aimes en secret : du coup, je peux pas le dire.

Le film que tu revois encore et encore : dernièrement j’ai beaucoup revu Bienvenue à Zombieland et Les Beaux Gosses. Sinon les Lynch, les Tarantino, Les Idiots, Pi, La Cité de la Peur…

Ton héros de cinéma
: à vrai dire, j’ai un vrai héros de série : Fox Mulder, un vrai modèle d’homme pour moi étant jeune, trop de style, trop de punchlines, grosse saveur. Les années passant, j’ai bien peur que sa vie privée ressemble de plus en plus à la mienne !

Merci beaucoup Julien d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions !

@ Propos recueillis par Gilles Rolland

Par Gilles Rolland le 8 juin 2012

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Pamalach
Pamalach
11 années il y a

Ça fait envie tout ça !