[Critique série] BLOODLINE – Saison 3

SÉRIES | 29 mai 2017 | 1 commentaire
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Titre original : Bloodline

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis
Créateurs : Todd A. Kessler, Glenn Kessler, Daniel Zelman.
Réalisateurs : Todd A. Kessler, Mikael Håfström, Mario Van Peebles, Michael Apted, David Manson.
Distribution : Kyle Chandler, Linda Cardellini, Norbert Leo Butz, Jacinda Barrett, Jamie McShane, Sissy Spacek, Ben Mendelsohn, John Leguizamo, Chloë Sevigny, Beau Bridges…
Genre : Drame/Thriller
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
Complètement démuni après avoir commis l’irréparable, Kevin Rayburn cherche désespérément à joindre son frère John, qui a décidé de fuir les Keys en abandonnant les siens à leur sort. Meg Rayburn quant à elle, tente également de maîtriser une situation qui devient de plus en plus incontrôlable. L’étau se resserre sur la famille, qui a de plus en plus de mal à rendre ses mensonges cohérents et dont les secrets ne demandent qu’à ressortir au grand jour…

La Critique de la saison 3 de Bloodline :

Le temps est venu de faire nos adieux à la famille Rayburn. Cette saison 3 sera la dernière.
Principalement connus pour avoir créé et porté la série Damages, les showrunners Todd A. et Glenn Kessler et Daniel Zelman ont, avec Bloodline, exploré trois années durant les sombres sinuosités d’une famille à la dérive. Le tout en exploitant des ressorts et des techniques de narration qui avaient déjà fait des merveilles dans Damages, mais sans pour autant jouer sur la redite. Le tout dans un total refus des concessions, au point de s’enfoncer au fil des épisodes dans une noirceur finalement assez peu en phase avec les critères commerciaux du petit écran. Et vu de quelle façon la saison 2 de Bloodline se clôturait, il était à prévoir que le troisième et dernier acte n’allait pas être le théâtre d’un revirement et allait en effet continuer d’illustrer une lente et inexorable descente aux enfers. Et c’est bel et bien le cas. Cette nouvelle salve de 10 épisodes est d’une noirceur incroyable, eux qui ne font donc non seulement aucune sorte de compromis, mais qui mettent en plus en avant une audace à double-tranchant…

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Montée des eaux

Le sublime générique de Bloodline donne le La. Le paysage est paradisiaque. Au bord de l’océan Atlantique, dans les Keys, le soleil brille. Puis les nuages commencent à s’amonceler tandis que la marée charrie des débris, avant que la scène ne se transforme en une sorte de maelstrom propice aux tragédies les plus insondables. Prenant pied au cœur d’une région qui inspire d’habitude aux scénaristes des intrigues policières plus ou moins sexy, au sein desquelles se multiplient les plans de nanas en bikini et de types bodybuildés, Bloodline fait un peu comme Dexter (qui se déroulait aussi en Floride) mais en mieux et surtout en beaucoup plus sombre. Ici, la beauté de l’environnement vient se télescoper avec la noirceur des cœurs pour organiser un long et terrifiant processus de décomposition. Si la première saison laissait encore la place à une certaine légèreté, toute relative cependant, la saison 2 laissait augurer que le happy end allait probablement être hors d’atteinte pour les personnages de la série. La saison 3, quant à elle, enfonce le clou. Rien ne va plus pour les Rayburn ,cette puissante famille des Keys, dont le passé revient à la charge encore et encore avec pour conséquence de venir encombrer un ciel qui ne laisse maintenant que très peu de chances au soleil de briller.
Il est dit à un moment donné que tout ce qui se trouve à proximité du rivage, à savoir le domaine de la famille Rayburn, serait un jour amené à être englouti par des eaux dont la montée est inévitable. Une métaphore certes simple mais cruellement efficace et pertinente au vue des velléités d’un scénario qui, et ce depuis le début, s’évertue à raconter la déconstruction d’un clan, sans rien épargner à ses personnages.

Plein soleil

La saison 3 débute exactement là où saison 2 s’était arrêtée. Sur un meurtre atroce aux terrifiantes implications et répercutions. La suite s’efforçant de méticuleusement organiser une déconstruction radicale. John Rayburn, le personnage campé par Kyle Chandler, affirme à plusieurs reprises « nous ne sommes pas de mauvaises personnes, mais nous avons fait de mauvaises choses ». Ce qui résume bien la dynamique d’une série qui, avec son troisième acte, a décidé d’en finir dans les larmes et le désespoir. N’attendez pas une petite vanne qui viendra apporter un peu de légèreté. Pas de ça ici. Les seuls moments de joie étant ceux que les nombreux flash back mettent justement en exergue pour souligner le côté désespéré du présent. L’espoir est bien là, mais il s’avère vicié car reposant quasi-exclusivement sur des manigances tordues. Radicale, cette saison 3 l’est assurément. Plus que les deux précédentes et plus que la majorité des séries du genre qui passent actuellement à la télévision. Rien que pour cela, Bloodline est une œuvre exceptionnelle. Car elle ne lâche rien et impose un ton qui dénote d’une grande prise de risque. Il s’agit d’une authentique et vibrante tragédie, au sens le plus grec du terme si on peut dire. Les showrunners ayant même tenté pour le coup quelques audaces pas toujours super maîtrisées, à l’image de cet avant-dernier épisode, assez étrange, où la réalité vole en éclat au profit d’une folie qui trouve ses racines dans le passé d’un personnage en particulier, acculé contre un mur dont il sait qu’il ne cédera jamais. Un épisode un peu bancal mais courageux, contrairement au sort réservé à un personnage secondaire en particulier, pour sa part complètement incompréhensible, ce qui est vraiment dommage. Pas de quoi entamer l’intensité de la série c’est certain, mais cela reste regrettable tant jusqu’alors, tout était parfaitement maîtrisé. Des intrigues principales aux plus secondaires, qui venaient quoi qu’il soit nourrir un élan collectif.

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Larmes de sang

La saison 3 de Bloodline pousse les comédiens dans leurs retranchements. Kyle Chandler, le meneur, ici d’une intensité et d’une ambiguïté folles, mais aussi l’excellent Norbert Leo Butz, un comédien à suivre, Linda Cardellini, dont le rôle est à ranger parmi les meilleurs de sa carrière aux côté de ses performances dans Freaks & Geeks et Urgences, ou encore bien sûr la grande Sissy Spacek. Bloodline est une série de comédiens. Une œuvre dont la partition ne laisse aucune chance à l’approximation. Écrasés par la chaleur d’un soleil impitoyable et par le poids d’un passé qui ne lâche rien jusqu’à obtenir son dû, les personnages n’appellent aucune demi-mesure et si le scénario dérape pour la première fois dans cet ultime acte, à l’occasion de quelques scènes un peu hasardeuses (pas beaucoup néanmoins), les acteurs eux, se montrent irréprochables. Tout comme les réalisateurs embauchés, Mikael Håfström, Mario Van Peebles et Michael Apted notamment, dont le boulot respecte certes les canons de la série, mais brille aussi par une flamboyance tout à fait raccord avec une photographie toujours aussi superbe, finissant de faire de Bloodline une œuvre très immersive et complètement addictive.

En Bref…
La troisième et dernière saison de Bloodline va très loin dans une noirceur qui laisse sa marque dans les esprits. Sans concession, elle ne fait jamais marche arrière, jusqu’à une conclusion qui pourra certes frustrer mais dont la nature va dans le sens de la démarche globale. Série sur le poids de l’héritage et des erreurs passées, sur la famille, le couple et la rédemption, Bloodline tire sa révérence et même si nous n’aurions pas craché sur quelques saisons de plus, c’est une bonne chose. Car les showrunners n’ont pas voulu tirer sur la corde au grand bénéfice d’une intensité et d’une ambiguïté indéniables. Bloodline a su rester intègre et demeure en cela l’une des plus grandes séries de ces dernières années.

@ Gilles Rolland

Bloodline-John Leguizamo-Sissy-Spacek-saison-3   Crédits photos : Netflix

Par Gilles Rolland le 29 mai 2017

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Valentin
Valentin
6 années il y a

Bonne critique, mais faut revoir sa géographie:
“Au bord de l’océan Pacifique, dans les Keys, le soleil brille.”
Pacifique??? les Keys??