[Critique série] GANGS OF LONDON – Saison 1

SÉRIES | 21 novembre 2020 | Aucun commentaire
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Titre original : Gangs of London

Rating: ★★★½☆

Origine : Royaume-Uni

Créateurs : Gareth Evans, Matt Flannery

Réalisateurs : Gareth Evans, Xavier Gens, Corin Hardy

Distribution : Joe Cole, Michelle Faitley, Sope Dirisu, Colm Meaney, Narges Rashidi, Mark Lewis Jones, Richard Harrington, Adrian Bower, David Bradley, Lucian Msamati…

Genre : Thriller/Action/Drame

Nombre d’épisodes : 9

Diffusion en France : StarzPlay

Le Pitch :

Le criminel le plus puissant de Londres s’est fait assassiner. Un meurtre qui met d’emblée le feu aux poudres, brisant le fragile équilibre qui existait jusqu’alors entre les différents clans. Chacun tentant de prendre le dessus pour affirmer sa supériorité dans une ville en passe de devenir le terrain de sanglants affrontements…

La Critique de la saison 1 de Gangs of London :

Réalisateur de The Raid et sa suite, Gareth Evans est réputé pour ses bourre-pifs anthologiques, sauvages et sanglants et pour sa propension à ne jamais faire dans la demi-mesure. Le réalisateur gallois qui, après le perturbant et pour le coup assez inattendu Le Bon Apôtre (sur Netflix), a décidé d’à son tour prendre la tête d’une série TV. Gangs of London qui lui permet ainsi d’à la fois renouer avec ses premières amours tout en s’aventurant dans un genre (le récit mafieux) plutôt casse-gueule car jalonné de coups de maîtres. Genre qui, mine de rien, demande une certaine finesse. Y compris quand on entend également donner dans les échanges furieux et gores comme Evans nous l’affirme sans attendre dans le premier épisode, via notamment une baston virtuose où le comédien Sope Dirisu se distingue et s’impose comme l’un des personnages principaux d’un récit tentaculaire.

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Il était une fois Londres

Très ambitieuse, Gangs of London entend ainsi marier plusieurs saveurs au cœur d’une histoire centrés sur l’opposition de plusieurs clans, abordant des thématiques propres à a vengeance, à l’accomplissement, à la rédemption ou encore à l’ambition. Le tout sans aucune concession. En cela, les deux premiers épisodes de cette première saison (la seconde est en cours de production) tapent dans le mille. On apprécie l’ambiance, évoquant un peu le cinéma de Guy Ritchie, avec ses gueules hautes en couleurs (sans l’humour ou le second degré) et jamais Gareth Evans, ici aux commandes, ne déborde ou ne faute par excès. Le décors, les personnages, les enjeux… Tout lui permet d’y aller franchement. Evans qui ne se départit pour autant pas d’une vraie classe, que ce soit via sa mise en scène, percutante et à propos mais aussi dans l’écriture, finalement plutôt fine et limpide.

Dérapages

Puis Evans passe le relais à Corin Hardy. Connu pour le très bon Le Sanctuaire (il a aussi réalisé La Nonne mais on préfère un peu l’oublier), le réalisateur britannique embrasse le style du boss Evans et se fait lui aussi le vecteur d’une vraie urgence dans la narration, se montrant tout aussi à son aise dans les scènes d’action que dans le drame. Même si c’est aussi quand il arrive que le scénario commence un peu à patiner. Mais on ne s’en rend alors pas vraiment compte car c’est là qu’Evan choisit de revenir pour orchestrer un cinquième épisode totalement fou, à tous points de vue, aussi violent qu’impitoyable et bien entendu toujours aussi incroyable visuellement parlant. Une longue fusillade aux enjeux dramatiques incarnés qui relance à elle seule la narration, avant un nouveau coup de mou…

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Gangsters trop bavards

C’est donc encore sous le choc, un peu groggy, que nous découvrons la suite de la série. Comment rebondir après un épisode comme celui-là ? Le genre que Game of Thrones choisissait plutôt de placer en fin de saison, avant de conclure dans un calme restauré mais relatif. Il est donc tentant d’affirmer que Gareth Evans a lâché les chiens un peu trop tôt. La suite étant à la fois beaucoup moins flamboyante mais aussi plus poussive et fatalement décevante. Et c’est malheureusement quand Xavier Gens, le réalisateur français de Frontière(s), prend la main que Gangs of London se s’emmêle pour la première fois le pinceaux. Quand certains personnages tournent en rond, comme celui, pourtant prometteur, incarné par l’excellent Joe Cole (Peaky Blinders), qui finit par ne plus rien avoir à faire et à dire, si ce n’est s’agiter dans le vide alors qu’autour de lui les choses partent légèrement en vrille, annonçant un dénouement bien en deçà des attentes initiales.

Gens qui débarque donc pour mettre en scène des échanges de moins en moins stimulants, quand le drame pur tente de prendre le pas sur l’action, alors qu’inexplicablement, la série se fait plus molle, comme rincée d’avoir tout donné trop tôt. Le début d’une inexorable descente… Les travers dont Gens a fait preuve dans tous ses films rendant ses épisodes de plus assez poussifs, en plus d’être passablement ennuyeux. Bon cela dit, de temps à autre, notamment grâce aux performances intenses de Michelle Fairley (Catelyn Stark dans Game of Thrones) ou de Sope Dirisu, Gangs of London nous offre quelques bons moments. Sans jamais toutefois égaler le niveau d’intensité des premiers épisodes. Gareth Evans, s’il est ici animé d’intentions nobles, n’est pas Scorsese et sa valse des mafieux n’a finalement pas grand chose à dire quand on gratte le vernis de l’action barbare et virtuose, si ce n’est des choses vues ailleurs et souvent en mieux. Reste donc l’aspect jusqu’au-boutiste de cette série qui, finalement, possède un peu les mêmes qualités et les mêmes défauts que les deux volets de The Raid

En Bref…

Débutant dans le sang et les larmes, Gangs of London déboule avec pertes et fracas et nous met K.O. pour le compte. Malheureusement, assez rapidement, à mi-parcours, inexplicablement, la tension entame sa descente. Le même moment où la série devient non seulement plus quelconque mais aussi assez poussive. Jusqu’au dénouement, lui-même décevant car bancal au possible qui, force est de reconnaître, ne donne pas vraiment envie d’en voir plus…

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : AMC/StarzPlay
Par Gilles Rolland le 21 novembre 2020

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