[Critique série] KINGDOM – Saison 2 (deuxième partie)

SÉRIES | 24 septembre 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : Kingdom

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Créateur : Byron Balasco
Réalisateurs : Gary Fleder, John Dahl, Padraic McKinley, Dennie Gordon, Byron Belasco.
Distribution : Frank Grillo, Kiele Sanchez, Matt Lauria, Jonathan Tucker, Nick Jonas, Joanna Going, Paul Walter Hauser, Mark Consuelos, Mac Brandt, Natalie Martinez, Juliette Jackson, Lina Esco…
Genre : Drame/Action
Diffusion en France : OCS
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
La tension monte au Navy St. Gym, où Jay et Ryan s’apprêtent enfin à s’affronter dans la cage, pour le titre suprême. Nate pour sa part, espère opérer son come-back au plus vite, et loue ses services d’entraîneur personnel en attendant une bonne opportunité. Le grand patron, Alvey Kulina ne cesse de s’enfoncer dans un tourbillon alcoolisé, incapable de gérer une vie qui part de plus en plus en vrille, notamment depuis la fausse couche de Lisa, sa compagne, qui vit désormais loin. Alicia Mendez enfin, veut toujours prouver sa valeur sur l’octogone, quitte à brûler les étapes vers le succès…

La Critique :
Il était presque légitime de s’attendre à quelque chose de percutant. À une succession de combats en cage, violents et sanglants, d’où les types ressortaient brisés, mais impatients d’y revenir. Mais Kingdom a vite pris la tangente pour devenir autre chose. Sans perdre de vue le ring (enfin, l’octogone), elle est aussi allée fouiller dans la psyché des combattants pour illustrer leurs luttes. Au propre et au figuré. Le tout sans tomber dans l’excès et ne pas devenir, ni une série bourrine sans fond, ni une espèce de soap centré sur les sentiments contrariés d’une bande de beaux gosses mous du bulbe. L’équilibre dont a su faire preuve Byron Balasco le showrunner responsable de la chose, est admirable et cette deuxième partie de saison de le prouver avec cette même classe et cette même rage dont l’intensité et la pertinence forcent le respect.

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Nous avions laissé les personnages dans autant de postures la plupart du temps plutôt inconfortables. Cette nouvelle salve de 10 épisodes ne les épargne pas non plus. L’accalmie n’est pas pour tout de suite et Jay, Alvey et les autres de toujours se débattre avec des démons qui parfois, se matérialisent dans les yeux de leurs adversaires, dans la cage.
Passionnante, cette seconde partie l’est assurément. Très vite, elle nous replonge dans le bain et démontre d’un esprit frondeur intact. Le scénario pousse ses personnages bien loin de leur zone de confort, donnant aux comédiens de multiples occasions de faire leurs preuves. En cela, l’implication de Nick Jonas, l’un des Jonas Brothers, est particulièrement révélatrice. Nous en parlions dans les critiques précédentes du show mais c’est de plus en plus vrai tant Kingdom maltraite de façon très positive l’ex gentil garçon de la pop Disney Channel. À l’écran, aspiré par le côté viscéral des performances de ses camarades, Jonas tient bon la cadence et s’affranchit de son ancienne image pour embrasser des codes brutaux, avec une intensité qui elle aussi, force le respect. Pour autant, il reste relativement au second plan dès qu’apparaît Jonathan Tucker. Depuis le premier épisode, c’est lui qui vampirise l’attention. En Jay Kulina, un combattant physiquement puissant mais psychologiquement en proie à de multiples problèmes d’addictions diverses et variés, Tucker impose une présence hors du commun. Le voir aujourd’hui dans Kingdom après des débuts plus discrets dans Virgin Suicides, puis dans des films comme Les Ruines, reste assez étonnant, tant la série a su lui donner l’opportunité d’explorer une facette inédite et proposer au public quelque chose de viscéral à plus d’un titre. La vraie star du show c’est lui. Une impression qui n’est pas imputable à l’écriture ni au fait que Tucker cherche à tout prix la reconnaissance, mais une impression bien présente. Lui, il fait son boulot sans chercher à faire de l’ombre aux autres, mais dès qu’il est là, on le regarde.
Dans cette seconde moitié de saison, son personnage est de plus au centre de la dynamique principale, à l’instar du Ryan de Matt Lauria, son ami et adversaire sur le ring, qu’il s’apprête d’ailleurs à rencontrer, poings en avant. Deux protagonistes complémentaires et différents, parfaitement raccord avec les intentions globales, campés par deux comédiens habités par leur rôle, au point qu’on en oublie tout ce qu’ils ont pu faire auparavant (pour Matt Lauria, c’est d’ailleurs préférable). Chapeauté par le patron Frank Grillo, ici plus déglingué que jamais, sur le fil du rasoir en permanence, dans une performance intensive, le casting peut aussi compter sur l’investissement sans faille de Natalie Martinez, dont l’arrivée en début de saison a fait un bien fou à la série, diluant quelque peu le flot de testostérone au profit d’une touche de féminité remarquablement intégrée, et pour le coup, elle aussi percutante comme il se doit. À noter le retour sur le devant de la scène de Kiele Sanchez, dont le personnage, Lisa, vient reprendre la place qui a toujours été la sienne.

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Un peu à l’image de Sons Of Anarchy, qui avait pris le temps de poser le décors avant d’entraîner ses personnages dans une spirale sans fin de violence, Kingdom augmente ici le tempo et n’hésite pas à franchement verser dans le drame pur et dur, tout en supprimant au passage quelques-unes de ces respirations plus légères, qui ponctuaient la progression du récit dans le premier acte. Parfois, c’est un fait, la série, en fait peut-être un peu trop et se répète, mais au moins, elle sait éviter la plupart du temps de faire du surplace. Quand ils sont hors de l’octogone, les guerriers n’arrêtent pas pour autant d’envoyer des coups et d’en recevoir. Quand ils montent dans l’arène, les métaphores prennent une forme beaucoup plus directe et graphique. Le discours qui en ressort, n’est peut-être pas toujours des plus fins, notamment à cause de quelques toutes petites maladresses, mais au moins, il passe et ne joue jamais l’ambivalence. À l’image de tous les films (réussis) prenant pied dans l’univers des sports de combat, Kingdom sait, ici comme avant, saisir l’opportunité d’illustrer des thématiques fortes. Il ne s’agit pas seulement de gars et de filles en train de se taper dessus à longueur d’épisodes. C’est davantage une question de survie…

En Bref…
La seconde partie de la deuxième saison de Kingdom prend une tournure encore plus dramatique, emmenant ses personnages dans une noirceur dont on se demande comment certains vont bien pouvoir en sortir. Conte brutal sur la rédemption, l’ambition et la résilience, Kingdom ne recule toujours pas et avance. Au prix de quelques à peu près certes, mais toujours droite dans ses bottes, dans la sueur, le sang et les larmes.

@ Gilles

kingdom-season-2-frank-grillo-jonathan-tucker  Crédits photos : Audience

Par Gilles Rolland le 24 septembre 2016

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