[Critique série] OUTLANDER – Saison 2

SÉRIES | 11 novembre 2017 | Aucun commentaire
Outlander-saison2-poster

Titre Original : Outlander

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Créateur : Ronald D. Moore
Réalisateurs : Douglas Mackinnon, Mike Barker, Philip John.
Distribution : Caitriona Balfe, Sam Heughan, Tobias Menzies, Duncan Lacroix, Graham McTavish, Gary Lewis, Stephen Walters, Grant O’Rourke, Finn Den Hertog, Bill Paterson, Claire Sermonne, Stanley Weber, Andrew Gower, Rosie Day, Dominique Pinon, Simon Callow, Frances de la Tour, Lionel Lingelser, Nell Hudson…
Genre : Fantastique/Science-Fiction/Romance/Drame/Adaptation
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 13

Le Pitch :
XVIIIe siècle. Claire et Jamie sont toujours poursuivis par l’impitoyable Jonathan Randall, féroce capitaine de l’armée anglaise leur ayant fait vivre de rudes épreuves. Désormais mariés, ils décident de quitter l’Écosse. Leur voyage va les mener à Paris, où ils vont tenter d’inverser le cours de l’histoire, c’est à dire empêcher que la Bataille de Culloden ait lieu. Le but de cette entreprise est d’éviter un massacre annoncé et ainsi préserver le mode de vie des habitants des Highlands. Seulement, dans sa quête désespéré, le couple va être confronté à de nombreux obstacles et va y laisser des plumes…

La Critique de la saison 2 de Outlander :

Le premier volet de Outlander s’était achevé sur l’image, belle et grandiose, de Claire et Jamie voguant sur les mers, à bord d’un bateau les menant vers la France. Le bateau comme le parfait symbole d’une nouvelle vie pour le couple désormais sur le chemin de la guérison, et l’infini de la mer comme allégorie de la liberté. En somme l’espoir d’un bel avenir à l’horizon. Paradoxalement, si un grand ouf de soulagement pouvait se faire sentir sur le final de la première saison, complètement à la hauteur de cette série romanesque pleine de noblesse, une petite pointe de crainte émergeait tout de même au milieu de cette atmosphère marine enchanteresse et libératrice. L’image du paquebot voguant à toute vitesse vers des lendemains incertains, semblait déjà annonciatrice de la suite des événements…

Outlander-saison-2

De la l’Écosse à la France

Et en effet, les premières minutes de la seconde saison de Outlander sont un véritable coup de poing dans le cœur et l’estomac, un revirement brutal dans les destinées des deux protagonistes. La scène d’entrée est une véritable claque. Une de celle qui porte une mélancolie amère et éprouvante. Si la séquence constitue un moment sublime, elle est aussi un véritable crève-cœur. Le premier épisode dans son intégralité signe d’ailleurs un excellent retour, porté par une mise en scène à la beauté cinématographique manifeste. Du grand art ! Les soins tout particuliers accordés à l’esthétique sont d’ailleurs une des grandes qualités de la série, et cette nouvelle salve d’épisodes ne déroge pas à la règle. Dans cette nouvelle saison, Claire et Jamie quittent l’Écosse et ses paysages à couper le souffle pour la capitale française, Paris. Gros chamboulement donc, car on passe à un univers totalement différent, mais non sans enthousiasme. La série suit les bouquins de la romancière Diana Gabaldon et nous transporte au cœur de nouveaux décors. Il est d’ailleurs amusant d’observer Claire et Jamie, respectivement interprétés par Caitriona Balfe et Sam Heughan, pratiquer la langue de Molière et se fondre dans ce nouveau monde bien différent. Bien que l’on relève quelquefois un accent à couper au couteau, l’effort incontestable de la part des acteurs est bien là et le rendu global reste à saluer.
Néanmoins, le premier point négatif que l’on observe est un manque de réalisme assez flagrant, et ce malgré immense travail réalisé devant et derrière la caméra. Outlander est certes une série fantastique et de science-fiction, mais elle se doit tout de même de garder une certaine cohérence, notamment car elle touche également à l’historique. Et cela en manque, du réalisme. En effet, nos deux personnages se hissent au sommet de l’aristocratie parisienne en un temps record, rencontrent des personnages influents dès leur arrivée, sont invités au château de Versailles dans les plus brefs délais, tout en rencontrant le roi Louis XV à plusieurs reprises. Ils acquièrent également la grande propriété d’un parent de Jamie, sans rencontrer la moindre embûche. En fait, cette intégration est tellement stupéfiante qu’elle perd en crédibilité et sème une légère confusion. Une confusion également entretenue par un scénario inutilement complexifié et aux rebondissements très contradictoires. Bien que l’on comprenne très clairement les objectifs en jeu et le fil rouge de l’histoire, certains dénouements brutaux et désordonnés nuisent sérieusement à la logique de la trame, et donc forcément au plaisir du visionnage.

Talisman

Côté technique, pour le tournage de cette nouvelle saison basée sur le roman Talisman (le second tome de la saga) l’équipe du film s’est rendu dans plusieurs endroits différents, notamment à Prague, afin de retrouver une architecture similaire au Paris du XVIIIe siècle. Sous le second empire, la ville de Paris a effectivement connu d’immenses transformations dirigées par Georges Eugène Haussman, et ne ressemble aujourd’hui plus du tout à ce qu’elle était il y a de ça deux siècles. En ce qui concerne les scènes d’intérieur, certaines se déroulant à Paris dans l’histoire ont été tournées en Angleterre et en Écosse, tandis que de nombreux décors ont entièrement été récréés dans les studios de la production. Des décors recréés avec brio et minutie. Les nombreux costumes sont quant à eux magnifiques, et le soucis du détail d’un point de vue général, est impressionnant. Le travail de création sur ce second volet est indéniablement colossal et ne peut que susciter l’admiration. Au cœur de cette nouvelle atmosphère, quelques personnages font également leur entrée, introduisant de nombreux enjeux et donnant plus de largeur à l’histoire. Maître Raymond, interprété par Dominique Pinon, tire son épingle du jeu avec justesse, tout en apportant une touche de magie ésotérique au récit. Quant aux personnages principaux, à savoir Claire et Jamie, ils perdent malheureusement de leur naturel et donc de leur sympathie, en raison de leur assurance exacerbée et d’un jusqu’au-boutisme discutable. S’ils ne deviennent pas insupportables, ils agacent parfois, notamment le personnage de Claire. Certaines productions oublient, au fil du temps, que les spectateurs ont besoin de s’identifier aux personnages et de conserver cette précieuse sympathie qu’ils leur portent. La perte de ce naturel sauvage et enlevé est une des principales déceptions de cette seconde saison, qui forcément, perd de son charme.

 

Quelques ratés

L’enjeu ici était surtout de réussir la jonction des deux atmosphères totalement différentes que sont l’Écosse et Paris, avec cohésion, et de faire tenir un long roman sur treize épisodes, soit trois de moins que la première saison. Mais niveau rythme tout va très vite dès le premier épisode, et on constate une perte de cohérence assez évidente au fur et à mesure que l’histoire avance. L’ensemble devient quelque peu brouillon, principalement en ce qui concerne les enjeux engagés. Évidemment retranscrire un bouquin de mille pages à travers une brochette d’épisodes n’est pas chose aisée, et on sent que la production a tenté de faire au mieux, mais on a du mal à y croire. Si la série reste agréable à regarder, le manque de clarté altère tout de même cette œuvre noble à l’identité forte. Pire, le retour des personnages en Écosse est marqué par deux ou trois épisodes plutôt ennuyeux et toujours très confus, alors que certains revirements de situation sont trop rapides et trop « faciles » pour être acceptés. Globalement, on observe certaines facilités qui n’étaient pas présentes dans la première saison, et c’est ce qu’il y a de plus dommage. D’ailleurs, le personnage de Claire finit par s’effacer quelque peu. Si elle demeure évidemment centrale, elle perd de son authenticité et de sa fougue. Son évolution peut paraître normale, mais elle est un peu trop rapide et assurément fade. De plus, le fait que son personnage s’adapte toujours aussi incroyablement bien à toutes les situations périlleuses et aux mœurs du XVIIIe siècle, sonne un peu faux cette fois-ci.

Bilan en demi-teinte

Mais malgré ces nombreux points négatifs, il serait tout de même injuste et regrettable de ne retenir que ceci, et de s’arrêter là-dessus. Car comme dit plus haut, la réalisation est toujours aussi superbe, tandis que les acteurs continuent de s’investir admirablement dans leur rôle respectif. Leur investissement est incontestable et leur talent sait parfaitement s’illustrer dans des scènes émotionnellement fortes. Les rébellions jacobites offrent quant à elle des moments guerriers étonnamment sobres et efficaces à l’esthétique remarquable, et ce n’est que le début. Effectivement, la troisième saison mettra en scène la grande et tragique Bataille de Culloden. Il va donc falloir être un peu patient pour observer le spectacle qui s’annonce grandiose et dramatique. Toujours dans les points positifs, on retrouve avec plaisir les merveilleuses partitions musicales qui accompagnent formidablement cette histoire débordant d’aventures.
Outlander nous emmène en différents lieux géographiques, mais son artère centrale reste le voyage dans le temps, et en cela, elle demeure passionnante. Malgré cette saison en demi-teinte, on attend tout de même la suite avec impatience, car la troisième saison, de part son matériau littéraire riche et très intéressant, devrait être grandiose.

En Bref …
Globalement, Outlander reste plaisante à regarder et conserve son cachet particulier, mais cette saison 2 est tout de même assez décevante. Le talent des acteurs et le grand travail effectué côté production atténue cependant un peu cette déception. La série reste esthétiquement très belle et travaillée, tandis que certaines interprétations, aidées par une mise en scène admirable, touchent clairement au sublime. Mais treize épisodes c’était sans doute trop court pour retranscrire l’entièreté et la complexité du roman Talisman.

@ Audrey Cartier

  Crédits photos : Starz

Par Gilles Rolland le 11 novembre 2017

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