[Critique] 2012

STARVIDEOCLUB | 18 décembre 2012 | 1 commentaire

Titre original : 2012

Rating: ★½☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Roland Emmerich
Distribution : John Cusack, Chiwetel Ejiofor, Amanda Peet, Thandie Newton, Danny Glover, Woody Harrelson, Oliver Platt, Chin Han, Ana Mae Routledge…
Genre : Catastrophe/Aventure
Date de sortie : 11 novembre 2009

Le Pitch :
Les Mayas ont vu venir le truc : en 2012, le 21 décembre exactement, le monde prendra fin dans un déferlement de catastrophes dantesques. Tout d’abord relayée par des illuminés, la prédiction prend corps lorsque les scientifiques eux-mêmes confirment qu’il va bien se passer quelque chose de terrible. Les gouvernements prennent les devants et s’organisent avant la date fatidique. Jackson Curtis, un écrivain frustré séparé de sa femme, de son côté, se débat avec une vie qu’il n’accepte pas. Bientôt pourtant, les premiers tremblements de terre commencent et ce n’est que le début. À travers le monde, c’est la panique, chacun luttant pour sa survie. Jackson lui, lutte surtout pour récupérer sa nana…

La Critique :
À l’heure où cette critique est écrite, les médias tournent en boucle au sujet de la supposée fin du monde, supposément annoncée par les Mayas. Roland Emmerich lui, tournait déjà en boucle sur l’apocalypse depuis longtemps. C’est qu’il faut le comprendre Roland. Il aime casser et exploser des trucs. Dans Independence Day, le film qui l’a fait connaître, Roland détruisait carrément la Maison Blanche. Dans Godzilla, il mettait à sac New York, qu’il gela ensuite dans Le Jour d’après. Avec 2012, après les aliens furibonds, les lézards géants ou encore le climat capricieux, le cinéaste allemand prend appui sur une rumeur, alors encore à l’état de vague murmure dans les médias. Il flaire le bon coup et se dit qu’avec la fin du monde comme alibi, il n’aura aucune limite. Et effectivement, Roland Emmerich ne s’est fixé aucune limite… Avec un budget plus que confortable, l’approbation des studios et le soutien de quelques acteurs de premier plan (John Cusack, Danny Glover…).
Allemand mais plus américain que le réalisateur le plus américain des américains (après tout, c’est lui qui mis le Président des États-Unis dans un avion de chasse face aux aliens dans Independence Day) , Roland Emmerich se lâche et brode autour du mythe qui voudrait que les mayas aient vu, il y a très longtemps, la fin des temps. Il en profite pour dénoncer, pour parler d’amour et d’amitié avec la finesse du gros bourrin qu’il demeure. En substance, si on retire tout ce qui touche à l’apocalypse, si on ne tient pas compte des scènes pyrotechniques où le monde part en lambeaux et si on oublie toute la broderie qui habille cette vaste fumisterie qui fait office de scénario, 2012 ne parle que d’une chose : de la quête d’un type un poil visionnaire, pourvu d’une énorme paire de couilles, qui ne cesse de vouloir récupérer sa femme et ses gosses. La Terre se désagrège mais lui (John Cusack) ne pense qu’à survivre certes, mais surtout à reconquérir le cœur de sa belle.
Entre temps, le film se charge de glorifier toujours un peu plus l’image sacrée du Président américain, en honorant son sens du sacrifice, lorsque ce dernier décide de ne pas bouger de la Maison Blanche afin de rester avec ses compatriotes jusqu’au bout (houra) ; il fait passer les russes pour de gros crétins pleins de fric tout juste bons à obliger des filles naïves et super jeunes à se faire refaire les seins, via un ersatz de méchant complètement à la ramasse ; et il sauve les chiens, car quoi qu’il en soit, c’est ce qu’un vrai yankee se doit de faire quand il dirige un blockbuster américain pas très finaud.
Pour Roland Emmerich, l’Amérique est grande, même quand elle part en fumée, avant de se faire engloutir par un raz de marée géant. C’est le seul pays où le Président connait encore le sens du mot sacrifice et c’est aussi le seul endroit au monde, où on peut trouver des types suffisamment malins pour voir venir les catastrophes. Aux States, chez Emmerich, un écrivain de science-fiction relégué au rang de simple chauffeur de limousine pour un maquereaux ultra friqué bolchévique, peut se transformer en espèce de prophète de l’apocalypse clairvoyant, sans peur et sans reproche.
Avec 2012, Roland Emmerich pousse le bouchon très loin. Si loin à vrai dire, que ça en devient presque génial. Pas génial dans le sens classique, mais génial, car au bout d’un moment, la connerie qui habite d’un bout à l’autre cet improbable film catastrophe, fait qu’on se marre comme des tordus.

Mais si son long-métrage est complètement crétin, il est également parfois extrêmement puant. Notamment dans la façon qu’il a d’exprimer un racisme lattant dans la description qu’il fait de certains peuples. Les russes en tête bien évidemment, même si chez eux aussi il y a des héros (le personnage de Sacha), qui, contrairement à leurs homologues américains, sont destinés à périr dans les flammes. En permanence, 2012 glorifie les États-Unis, par le biais de personnages caricaturaux. Oh bien sûr, il y a bien des protagonistes américains qui sont de vrais salopards, mais leur rôle dans toute cette histoire est de nuancer maladroitement un chauvinisme déplacé, qui confine là aussi à un patriotisme trop extrême pour être vraiment honnête.
Il faut noter qu’inexplicablement, le Premier Ministre italien lui aussi, fait preuve d’un sens du sacrifice admirable. Pourquoi ? Seul Emmerich et ses lieutenants le savent.

Ceci dit, il est tout à fait possible de regarder 2012 comme un film à grand spectacle classique. Visuellement, le blockbuster est particulièrement réussi et spectaculaire. Emmerich met les petits plats dans les grands et ne s’économise pas. Ça pète dans tous les sens et les effets-spéciaux, assez remarquables, illustrent cette débauche avec beaucoup d’éclat. Pour passer une soirée entre amis, ça peut suffire (et c’est d’ailleurs comme ça qu’il faut le regarder). Même si la fin, et son dénouement en carton, outrageusement démagogique, qui table sur un happy end qui ignore les milliards de victimes humaines, assène un coup fatal qui laisse un méchant arrière-goût en bouche.

@ Gilles Rolland

Dans 2012, il y a Beatrice Rosen, que l’on voit trop peu…

Crédits photos : Sony Pictures Releasing France

Par Gilles Rolland le 18 décembre 2012

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