[Critique] DANSE AVEC LES LOUPS

STARVIDEOCLUB | 28 septembre 2015 | Aucun commentaire
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Titre original : Dances with Wolves

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : Kevin Costner
Distribution : Kevin Costner, Mary McDonnell, Graham Greene, Rodney A. Grant, Floyd Westerman, Tantoo Cardinal, Charles Rocket, Wes Studi…
Genre : Aventure/Western/AdaptationWestern,
Date de sortie : 20 février 1991

Le Pitch :
John Dunbar, lieutenant officiant pendant la Guerre de Sécession, est affecté à un nouveau poste isolé dans les terres de l’Ouest américain où vivent les amérindiens. Après les traumas de la guerre, il va peu à peu réapprendre à vivre et découvrir une nouvelle culture qui va changer son existence…

La Critique :
Kevin Costner a récemment déclaré qu’il était très fier de Waterworld (rappelons que la presse n’avait pas été très tendre à la sortie du film), mais s’il y a un long-métrage pour lequel on se souviendra toujours de l’acteur-réalisateur, c’est bien Danse avec les Loups. Remportant 7 oscars, en plus d’un fort succès critique, le premier film de l’acteur a laissé une empreinte indélébile dans les cahiers du septième-art.
Danse avec les Loups, nous raconte la destinée du Lieutenant John Dunbar qui, accablé par les affres de la guerre, finit par s’en détacher grâce à une nouvelle affectation, qui l’entraînera dans les plaines de l’ouest des désormais « États-Unis ». Ce nouveau départ va permettre au personnage principal de retrouver une solitude complète, mais surtout le silence dont il semblait avoir tant besoin. Commencent alors introspection et remise en question, où le soldat va se mettre à écrire sur tout ce qui l’entoure. Sa vie, ses nouvelles expériences, son nouveau quotidien sont ainsi retracés dans un petit cahier annonçant sa future transformation…

L’histoire se déroule pendant la guerre de Sécession, alors que « La Frontière » existait encore au cœur des États-Unis. Ce que l’on appelait à l’époque « La Frontière » était la zone qui délimitait les territoires colonisées par les européens, des terres sur lesquelles vivaient les peuples autochtones, aujourd’hui appelés amérindiens ou encore Native American (bien que les descendants refusent ces appellations préférant les noms originel de leurs différents peuples). Et c’est de ce qu’il y a au-delà de cette frontière dont il est question dans ce film mythique, dont la beauté coupe encore le souffle bien des années après sa sortie. C’est la vie et les coutumes des « premiers peuples » d’Amérique qui sont abordés dans cette magnifique fresque aux couleurs de l’Ouest américain, ou plus exactement le mode de vie des Sioux. On pourrait même aller jusqu’à dire que Danse avec les Loups est sans doute le film le plus admirable qui soit sorti sur la vie et l’histoire des amérindiens (à noter qu’il n’en existe pas tellement).

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Dans un souci d’authenticité, une partie du film a été tournée en langue Sioux : le Lakota (la plus utilisée), et les rôles ont été joués par de véritables amérindiens, la plupart descendants également du peuple Sioux. Les décors filmés et mis en scène par une main de maître accentuent encore davantage cette profonde authenticité.
Le long métrage est par ailleurs avant tout une vive critique de la guerre, qui met en avant les nombreux dégâts humains que cette celle-ci occasionne. Cette diatribe s’exprime à travers le spectre du personnage de John Dunbar (interprété par Kevin Costner) que l’horreur a transformé en fantôme quasi-inanimé. Le propos est clairement exprimé avec une séquence d’ouverture particulièrement sanglante, froide, et douloureuse qui glace le sang. Une scène d’entrée en contraste saisissant d’avec le reste du film, tourné dans les grands espaces chaleureux du cœur de l’ancienne Amérique, et qui communiquent une atmosphère harmonieuse. Le métrage veut montrer ce qu’est vraiment la guerre : sang, amputations, douleurs, armes et chaos, engendrant dégâts physiques mais aussi psychologiques. Les soldats sont désespérés, n’attendent plus rien de l’issue de cette bataille, et ne sont pas des héros. Au cœur même des armées se trouvent des hésitants, des indécis ou encore des repentis, ainsi la pierre n’est pas jetée sur l’Homme mais sur les quêtes territoriales, la bêtise et l’ignorance.
Ironiquement, comme un pied de nez, John Dunbar devient un héros en commettant un acte désespéré et irréfléchi, illustré dans une scène à la dimension poétique admirable.

C’est d’abord la solitude et l’introspection pure et dure qui permettent à John Dunbar de se retrouver entant que personne à part entière, c’est cet exil qui le ramène paradoxalement à ce qui fait son humanité. Retrouver sa condition d’être humain sensible en commençant par observer ce qui l’entoure : les paysages, les animaux, les lieux. Être en harmonie avec les éléments extérieurs et se réapproprier le temps. La psyché meurtrie par la guerre est ici soignée par un retour aux choses simples et naturelles, qui mènent à l’apaisement. En cela Danse avec les Loups est une œuvre définitivement humaniste mais également profondément écologiste. Une œuvre qui met en valeur l’équilibre entre humanité et nature, les liant intrinsèquement l’une à l’autre pour former un tout.

La rencontre du soldat avec les amérindiens trace une nouvelle trajectoire dans l’histoire, qui passe de la froideur de la guerre à l’isolement contemplatif, puis aux grands horizons orangés des plaines reculées dans les terres. Les yeux de John Dunbar se posent alors sur une nouvelle façon de vivre, de nouveaux concepts qui bousculent une vision prédéfinie. Paysages sublimes et plans remarquables mettent en avant un propos intelligent et humain qui condamne fermement les dérives de l’appât du gain. La séquence des bisons est en elle-même grandement représentative de ce que la cupidité peut amener à faire de pire. Le clair obscur entre avidité et harmonie est brillamment représenté dans une vision qui ne s’abandonne pas à un manichéisme primaire. Au contraire, les personnages de Danse avec les Loups ont tous leur part d’ombre et de lumière, et même les êtres un peu rustres et patauds ont leur part de délicatesse. C’est le cas de cet accompagnateur particulièrement grossier qui sait faire preuve de douceur et d’empathie en voulant protéger ses mules, dans un élan désespéré. Et c’est aussi le cas chez ce chef de troupes de l’armée qui n’est pas très sûr de ses décisions, qui sait faire preuve de compassion et dont le regard est très évocateur. Par ailleurs, dans le film, la guerre n’est pas une particularité des colons mais existe également chez les peuples amérindiens. La nature humaine dans sa globalité est dépeinte, ni plus, ni moins.

La version longue du chef-d’œuvre de Kevin Costner dure 4h30. Jamais l’ennui ne pointe le bout de son nez tant l’univers et les thématiques abordées sont larges. On saluera un rythme parfaitement maîtrisé, emmené par les sonorités du magicien John Barry, qui signe là une bande-originale d’une grande beauté.
Danse avec les Loups est une brillante leçon de tolérance qui suit la trajectoire d’un homme déboussolé dont une rencontre va changer les perspectives et la vision du monde. C’est une histoire bouleversante empreinte de beauté, de douceur et de liberté, au cœur d’une magnifique ode à la nature et à l’environnement. Le film est un véritable hommage aux peuples amérindiens qui perdirent peu à peu leurs territoires et leur mode de vie, et durent se soumettre aux colons européens. Certains obtinrent le droit de vivre dans de minuscules réserves où leurs droits furent bafoués (la question est encore épineuse aux États-Unis).

Véritable succès mondial, le long métrage a d’abord été un projet dans lequel Kevin Costner s’est investi corps et âme. Cela a premièrement été un scénario puis un roman écrit par Michael Blake, qui a par la suite était retranscrit sur la pellicule.
Il fait parti de ces grands films devenus cultes, mais qui ont aussi marqué toute une génération. La narration du personnage principal accentue un lyrisme déjà exprimé par la beauté des images et la musique, mais apporte également ce sentiment de voyage. Et qu’est-ce que Danse avec les Loups, si ce n’est un voyage ? Un sublime périple au cœur de l’humain, de son rapport à l’autre et de ce qui l’entoure.

@ Audrey Cartier

Danse-avec-les-loups-Kevin-CostnerCrédits photos : AMLF

 

Par Audrey Cartier le 28 septembre 2015

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