[Critique] DEMOLITION MAN

STARVIDEOCLUB | 3 mars 2018 | Aucun commentaire
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Titre original : Demolition Man

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Marco Brambilla
Distribution : Sylvester Stallone, Wesley Snipes, Sandra Bullock, Denis Leary, Rob Schneider, Jack Black, Benjamin Bratt, Bill Cobbs…
Genre : Action/Science-Fiction
Date de sortie : 2 février 1994

Le Pitch :
2032. Un grand tremblement de terre a ravagé une partie de la côte Ouest des États-Unis. Désormais, Los Angeles et San Francisco ne forment qu’une seule ville, San Angeles. Une mégalopole aseptisée, où toute forme de violence a été éradiquée. Simon Phoenix, un tueur psychopathe, cryogénisé en 1996, parvient à s’échapper et sème le chaos. Complètement dépassée, la police se résout à libérer John Spartan, un flic condamné à tort à la cryogénisation au même moment…

La Critique de Demolition Man :

Fort d’une réputation à nouveau au beau fixe après le carton au box-office de Cliffhanger, qui interrompit une période surtout marquée par des échecs, Sylvester Stallone est arrivé sur Demolition Man après le refus de Steven Seagal et Jean-Claude Van Damme de respectivement incarner le héros et le bad guy. Rôle du bad guy qui fut d’ailleurs ensuite proposé à Jackie Chan, qui refusa également, avant que Wesley Snipes ne fut choisi par la production. En pleine bourre, Stallone n’était donc pas le premier choix, mais force est de reconnaître qu’il sut s’imposer avec force, au sein d’un blockbuster au postulat certes plutôt classique et prévisible mais néanmoins extrêmement ludique, divertissant et au fond, plutôt malin dans sa façon d’entrevoir un avenir qui, des années plus tard, n’apparaît plus aussi farfelu qu’à l’époque…

Une histoire de coquillages

Demolition Man est l’un des derniers grands films d’action de ce qu’on peut appeler l’âge d’or du genre. Une sorte de déclinaison décomplexée et bourrine de Blade Runner, à première vue débarrassée d’un lyrisme de toute façon hors-sujet et de l’aspect métaphysique. Pourtant, à bien y regarder, le métrage de Marco Brambilla (dont c’était le premier film et qui depuis, n’a rien fait de bien retentissant niveau cinéma) aborde certaines questions avec une belle pertinence. Le côté Big Brother, avec cette société où tout le monde est sous surveillance, est par exemple très bien vu, de même que la lutte des classes (les pauvres sont dans les égouts privés du progrès et les plus riches sont à la surface et jouissent d’une technologie censée leur faciliter l’existence) au centre du récit. Sous ses airs de gros bourre-pif tout entier dédié à la gloire de son acteur principal, Demolition Man a quelques vérités à asséner. Ce qu’il fait avec une fougue exemplaire, conférant au show une profondeur aussi inattendue que bienvenue. Un petit échantillon ? Rappelez-vous de cette tirade d’Edgar Friendly, le révolutionnaire campé par Denis Leary, au sujet de ce monde aseptisé duquel il s’est volontairement exclu : « Je suis l’ennemi, parce que je pense, parce que j’aime lire, parce que je suis pour la liberté d’expression et la liberté de choix, je suis le genre de mec qui aime aller dans un bon resto et qui se demande si il va prendre une côte de bœuf ou un pavé de rumsteck géant avec ses frites mayonnaise. Je veux faire du cholestérol, je veux bouffer du bacon, du beurre, des montagnes de fromage, je veux fumer un bon cigare de la taille de la tour Eiffel dans un coin non fumeur , je veux courir nu dans les rues le corps couvert de ketchup en lisant Playboy. Pourquoi ? Parce que j’en aurai eu envie tout d’un coup, ouais mec ! »

Bon, cela dit, Demolition Man n’est jamais aussi satisfaisant que quand il enchaîne les punchlines, qu’il s’amuse de ce futur à la ramasse et qu’il organise des échanges bien furieux et méchamment burnés entre Stallone et Snipes.
Parce qu’on est ici en face d’un film finalement très second degré et parfois très drôle. Et cela sans que l’aspect purement « action » ne soit impacté dans le mauvais sens. Un humour ayant contribué à faire de Demolition Man l’un des films cultes des années 90, dont l’une des prouesses fut de parvenir à toucher au-delà du cercle des amateurs du genre. Le coup des 3 coquillages par exemple, illustre parfaitement la capacité de ce show rentre-dedans et inspiré, d’exploiter et de détourner les codes des productions futuristes pour amuser le public. Un peu à la façon de Retour vers le Futur II, dont l’intrigue regorge de choses du genre.

Duel givré

Jubilatoire au possible, porté par un duo cinégénique au possible, épaulé par un casting de premier choix, Demolition Man est un régal d’initié. Un film dans lequel Stallone campe une sorte de super-héros déphasé avec lequel il est facile de faire le rapprochement avec la carrière de l’acteur. Vestige d’un autre temps, John Spartan est l’expression de la condition d’alors de Sly : un acteur presque cinquantenaire ayant déjà essuyé quelques revers, obligé de s’adapter (ce qu’il fera dans un premier temps sans grand succès), pour continuer à briller, face à un monde et à une industrie du cinéma en perpétuel mouvement, impitoyable et moins franche du collier. Un roc insubmersible confronté à sa propre image, via notamment le personnage campé par la pétillante (et débutante) Sandra Bullock et à un bad guy en forme de version viciée de lui-même. Parce que chez Stallone, les héros en disent souvent long. Plus ou moins directement.

En Bref…
Pur produit d’un cinéma qui tentait alors de s’adapter, Demolition Man est une réussite indéniable. L’un des derniers fiers représentants d’une époque propice à ce genre de divertissement décomplexé et galvanisant. Un pur film d’action bien bourrin, emballé certes sans génie mais avec une fougue salvatrice. Stallone et Snipes sont parfaits, c’est souvent drôle et beaucoup plus profond que prévu. « Soyez heureux ».

@ Gilles Rolland

Par Gilles Rolland le 3 mars 2018

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