[Critique] TWIN PEAKS – FIRE WALK WITH ME

STARVIDEOCLUB | 5 juin 2017 | Aucun commentaire
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Titre original : Twin Peaks : Fire Walk With Me

Rating: ★★★½☆
Réalisateur : David Lynch
Distribution : Chris Isaac, Kiefer Sutherland, Harry Dean Stanton, Kyle MacLachlan, Heather Graham, David Bowie, David Lynch, Ray Wise, Miguel Ferrer, James Marshall, Moira Kelly, Dana Ashbrook, Sheryl Lee…
Genre : Horreur/Thriller
Date de sortie : 3 juin 1992

Le Pitch :
Un an avant les événements de la série télévisée, un premier meurtre mystérieux, celui de Teresa Banks, va attirer l’attention du FBI. Les agents Desmond et Stanley vont mener l’enquête tandis que leur collègue Dale Cooper fait un rêve prémonitoire annonçant un autre homicide à venir… Un peu plus tard, Laura Palmer vit sa dernière semaine sur Terre…

La Critique de Twin Peaks : Fire Walk With Me :

La série Twin Peaks est un monument, une œuvre culte. Bon, voilà, on a attaqué sur une platitude, il est donc temps de mettre un peu de chaos dans ces affirmations péremptoires et de parler du film qui s’en est déjà chargé. Et d’emblée, Lynch nous offre une profession de foi radicale en montrant un écran de télévision brouillé par de la « neige » se faire détruire par un coup de batte de baseball bien senti. Le premier plan du film nous l’annonce, ce qui faisait la série vient de mourir, quelque chose va arriver ! Le film va prendre totalement à rebours l’approche observée sur les deux saisons du show anxiogène du duo infernal Lynch/Frost. Le premier segment se focalisant sur l’enquête autour de la mort de Teresa Banks nous offre un miroir déformant de ce qu’était la série originale avec ses agents du FBI saugrenus mais qui sont cette fois plongés dans un environnement plus austère, terne et hostile, à l’image d’habitants plutôt inquiétants. Puis vient la séquence se déroulant à Philadelphie, où on retrouve Lynch dans son rôle de Gordon « acouphènes » Cole, Kyle MacLachlan et Miguel Ferrer qui revêtent à nouveau leurs oripeaux télévisuels. D’ailleurs, la partie philadelphienne nous offre une des séquences les plus génialement malades qu’un film ait à offrir (vous voilà prévenus), même là, l’inconfort guette. Puis survient l’ellipse narrative qui va nous mener au cœur du film, la ville qui lui donne son titre.

Downward Spiral

Et là, si le retour tant attendu occupe une place centrale de l’intrigue, force est de constater qu’il ne prendra pas forcément la tournure attendue. En se concentrant sur seulement quelques personnages, il va dès lors installer une dynamique de spirale descendante, inexorable. La pesanteur de ces derniers moment terrestres de Laura imprégnera dès lors chaque image du film, qui ne cessera de nous entraîner dans les recoins les plus sombres d’un univers qui jusqu’à présent bénéficiait d’un humour décalé « à froid » pour offrir une porte de sortie aux spectateurs. Là, aucune échappatoire. Le chemin de croix de Laura sera le nôtre. Sheryl Lee voulait donner vie à son personnage, et elle le fait de la plus belle manière, en nous livrant une performance saisissante. Complexe, torturée, attachante, Laura Palmer prend vie sous nos yeux, pour mieux nous quitter atrocement dans un final qui risque de nous hanter un long moment…

Éloge de l’absence

En composant avec les multiples dissensions qui ont suivi la polémique seconde saison de sa création, Lynch fait le parie de l’absence, du vide pour mieux creuser en négatif les éléments les plus personnels d’un scénario complexe. Il taille à la serpe dans la pièce montée qu’était la série pour parler du rapport à l’innocence, de la complexité de la vie que l’on doit mener dès lors que l’on réalise que le Bien et le Mal ne s’affrontent que rarement mais cohabitent en chaque être et chaque lieu. Il se réapproprie donc pleinement la créature bicéphale qu’était devenue Twin Peaks et nous livre un pur produit Lynchien, au sordide soigneusement poli. Porté par la grâce d’un casting aussi improbable qu’éclectique et la partition d’une élégance ténébreuse du grand Angelo Badalamenti. Sa projection à Cannes a soulevé le cœur de la critique présente, qui l’a mal digéré, ce qui souligne bien qu’il s’agit d’un film qui ne suscite pas l’indifférence et qu’il ne faut pas laisser entre toutes les mains…

En Bref…
Si Twin Peaks – Fire Walk With Me est un film qui n’est pas agréable à regarder, il reste une expérience intéressante. Uine proposition de relecture qui offre un point de vue plus personnel que jamais.

@ Sacha Lopez

   Crédits photos : Potemkine Films

Par Sacha Lopez le 5 juin 2017

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