[Critique] WAYNE’S WORLD

STARVIDEOCLUB | 6 décembre 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Wayne’s World

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisatrice : Penelope Spheeris
Distribution : Mike Myers, Dana Carvey, Tia Carrere, Rob Lowe, Brian Doyle-Murray, Lara Flynn Boyle, Michael DeLuise, Dan Bell, Lee Tergesen, Kurt Fuller, Meat Loaf, Alice Cooper, Chris Farley, Ed O’Neill, Ione Skye, Robert Patrick…
Genre : Comédie
Date de sortie : 28 octobre 1992

Le Pitch :
Wayne et Garth, deux amis fans de rock and roll, animent depuis la cave de la maison des parents de Wayne, une émission télé complètement déjantée. Diffusée sur le câble local, Wayne’s World, l’émission en question, ne tarde pourtant pas à attirer les regards. Notamment ceux d’un producteur aux dents longues, qui aimerait bien s’approprier ce concept hors-norme…

La Critique :
Dans la catégorie des films qui parlent de rock and roll, il y a les trucs qui sont clairement destinés à un grand public de néophytes et il y a les perles comme Wayne’s World (le 1 et le 2 plus une poignée d’autres parmi lesquels l’incontournable patron de la discipline, le monumental This is Spinal Tap).
Car Wayne’s World ne fait pas que parler de rock and roll, il transpire le rock par toutes ses pores. Il carbure au rock. À ces riffs, à ses codes et à son état d’esprit. Wayne’s World découle de la démarche de types qui ont tout compris à cette musique, à son état d’esprit et à sa signification. Le tout sans cynisme, sans prétention et armé d’un sévère sens de l’humour à toute épreuve. Wayne’s World, dans son genre, est un must.

Né de l’esprit fourmillant de l’acteur Mike Myers, Wayne’s World est apparu pour la première fois sur le plateau de l’émission de télé culte américaine, le Saturday Night Live. Enfant du show, Myers a composé le duo qu’il forme avec Dana Carvey, un autre gamin de la balle, à partir d’une idée toute simple : incarner à l’écran le fan typique de rock/heavy metal, avec tout ce que cela sous-entend.
Sans chercher à plaire au plus grand nombre, Mike Myers a retranscris la moelle d’une passion avec dérision, mais sans que cela ne tourne au foutage de gueule condescendant.
Privé de Saturday Night Live, surtout à une époque où internet n’était pas là pour nous amener de telles pépites d’humour à domicile par le biais de YouTube, la France a découvert Wayne’s World avec la sortie de ce premier épisode.
Un long-métrage qui a tout de suite trouvé son public, à une époque (1992), où le hard rock et autre heavy glam squattaient les ondes. On diffusait du metal partout. Sur M6, sur Skyrock (oui, oui), sur Fun Radio et il était ainsi possible d’entendre un bon vieux Aerosmith en pleine journée, en allumant simplement son auto-radio. Rien à voir avec maintenant en somme.
En 1992, Wayne’s World déboule donc dans nos vertes contrées et trouve dans la communauté des fans de heavy, un noyau dur, qui continue encore aujourd’hui de hisser le film à des niveaux stratosphériques. En France, personne, dans les médias ou dans le cinéma, ne relayait cette musique, en se basant sur les headbangers, ces amateurs chevelus amoureux de gros son. Wayne’s World si.
Grâce à Mike Myers, les adolescents metalleux des 90’s avaient enfin trouvé leur film culte.

Un grand merci à Alain Chabat et à Dominique Farrugia donc, qui jouèrent un grand rôle dans l’exportation du film, comme ils avaient pu le faire à l’époque des réalisations du trio Jerry Zucker/Jim Abrahams/David Zucker (responsables des Y-a-t-il… ?). Décidés à faire connaître le duo Mike Myers/Dana Garvey dans l’Hexagone, Chabat et Farrugia, se chargent d’adapter les dialogues, avec la même verve dont ils faisaient preuve pour écrire les sketchs de Les Nuls.
Une sorte d’hommage pour ceux qui ont nourri leur humour ainsi que leur vocation, via les déambulations hilarantes des comiques de l’écurie du Saturday Night Live.

Résultat, pour une fois, la version française vaut vraiment le détour. L’honneur de Wayne’s World est sauf et son identité préservée. Les jeux de mots et les dialogues, adaptés par Chabat et Farrugia, claquent bien comme il faut, et l’état d’esprit général est scrupuleusement respecté.

Habité par un sens de l’humour complètement absurde, Wayne’s World prend rapidement la tonalité d’une sorte de télé-réalité avant l’heure. Le héros, Wayne Campbell (Mike Myers), s’adresse directement à la caméra et raconte sa vie, accompagné par son ami de toujours, le timide Garth Algar. La faune qui gravite autour de ces deux mélomanes déjantés est à leur image et permet de retrouver quelques comédiens tous très investis dans leur mission (Ed O’Neill de Mariés, deux enfants, le regretté Chris Farley et toute une ribambelle de guest stars, comme les rock stars Alice Cooper et Meat Loaf).
Tout en se moquant des codes, le film de Penelope Spheeris (qui est alors principalement connue des fans pour son documentaire en deux parties The Decline of Western Civilization) suit sa propre voie, au risque de paumer en chemin une partie de son public, peut-être peu encline à adhérer à ces gags foutraques et génialement absurdes.
À mi-chemin entre la comédie pure et l’exercice parodique, Wayne’s World pousse le bouchon très loin, sans se départir d’une insolence peut-être bon enfant, mais bel et bien salvatrice.
Adoubé par les plus grands, comme en témoigne l’apparition d’Alice Cooper, Mike Myers commence ici à installer un style qui perdurera par la suite via Wayne’s World 2 et la trilogie Austin Powers. Une patte unique, qui alors, incarne ce qui se fait de mieux en la matière dans la comédie référentielle américaine. Sans être vulgaire, Wayne’s World fait rire. Et pas qu’un peu. Il s’avère aussi pertinent, dans sa façon de dépeindre le passage à l’age adulte. Quelque chose que la suite approfondira encore un peu plus.
Ici, on ne nous trompe pas sur la marchandise. À l’épreuve du temps, Wayne’s World se revoit, vingt ans après sa sortie, avec un plaisir toujours intact. Surtout si, comme Wayne et Garth, cette musique, celle qui s’écoute à fort volume en secouant la tête de haut en bas, signifie vraiment quelque chose pour vous. Gigateuf !

@ Gilles Rolland

Crédits photos : United International Pictures

Par Gilles Rolland le 6 décembre 2012

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