[Critique] X-MEN ORIGINS : WOLVERINE

STARVIDEOCLUB | 27 juillet 2013 | Aucun commentaire

Titre original : X-Men Origins: Wolverine

Rating: ★☆☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Gavin Hood
Distribution : Hugh Jackman, Liev Schreiber, Danny Huston, Ryan Reynolds, Dominic Monaghan, Lynn Collins, Will.I.Am, Kevin Durand, Daniel Henney, Taylor Kitsch…
Genre : Action/Fantastique/Saga/Adaptation
Date de sortie : 29 avril 2009

Le Pitch :
Suite à la mort de son père au Canada, le jeune James Logan s’enfuit avec son frère Victor Creed, et les deux combattent ensemble à travers des siècles de guerre. Leurs pouvoirs de mutant attirent l’attention du Colonel William Stryker, qui les recrute dans son équipe d’élite de surhumains. Mais le comportement violent de Victor devient trop dangereux pendant une mission en Afrique, et Logan finit par quitter le groupe, désillusionné par leurs méthodes. Sa vie prend une tournure paisible au Canada ; il devient bûcheron et tombe amoureux de la jolie Kayla Silverfox. Mais le passé finit vite par le rattraper, et quand son havre de paix est brisé par une tragédie, Logan reprend du service pour stopper la nouvelle folie de Victor, qui s’est mis à tuer ses anciens coéquipiers. Pour ce faire, cependant, il devra intégrer le programme de l’Arme X, et subir une procédure visant à le rendre invincible. De quoi réveiller l’animal en lui : Wolverine…

La Critique :
Pour vous la faire courte, ce film est une daube. Il ne se passe absolument rien d’intéressant, le scénario est banal du début à la fin, les scènes d’action sont flasques, l’ensemble est bâclé et esthétiquement ignoble, les surprises sont inexistantes et les jeux d’acteurs sont universellement affreux. C’est presque le modèle du désastre parfait : une perte de temps totale.

Apparemment destiné à un public qui s’inquiétait que les films de la saga X-Men ne passaient pas assez de temps à montrer leurs personnages en train d’expliquer leurs origines, ce spin-off arrive sur les talons du troisième volet de la série, qui à la base, était censé être réalisé par le futur papa de Kick-Ass, Matthew Vaughn. À la place, le job fut confié à Brett Ratner, un titan de la médiocrité au talent tellement borné que son seul exploit notable en tant que cinéaste était de rendre Jackie Chan inintéressant pendant trois films d’affilé. Le résultat final, X-Men : L’Affrontement Final, était encore pire qu’on aurait pu l’imaginer : une misérable catastrophe qui envoya la franchise droit dans le mur et marqua un nouveau déclin pour le genre. Cependant, on peut lui épargner l’attribution d’être le pire malheur qui ait jamais marqué les quarante ans d’existence de la licence X-Men par une vertu : son premier préquel, X-Men Origins : Wolverine, est encore pire.

Oui, X-Men Origins est un préquel. La route des suites étant bloquée par les ruines de son prédécesseur, le quatrième volet de la franchise tente de se sauver avec son personnage le plus populaire et opte pour un retour en arrière sur son passé, déjà suggéré avec des flashbacks fragmentés dans les deux premiers épisodes. Mais au lieu de traiter des choses exploitables, (comme l’âge de Wolverine, son nom de naissance, son identité originale, sa vraie relation avec Victor « Dents de Sabre » Creed, son service militaire dans la Guerre de Sécession, les deux Grandes Guerres, ou encore le conflit du Vietnam), il préfère dévouer tout un film à répondre à des questions qui nous torturaient depuis le début : comment Logan a-t-il eu ses griffes ? Où est-ce qu’il a trouvé son blouson ? Qu’est-il devenu avant d’endosser son squelette en adamantium ? (Réponse : il est devenu bûcheron au Canada et s’est trouvé une copine). Pendant ce temps, les siècles de guerre vécus par Wolvie et les autres péripéties au potentiel intéressant sont zappés en avance rapide pendant le générique d’ouverture : cinq minutes, basta. Le reste du film est une succession de scènes d’action ennuyeuses qui nous expliquent des trucs qu’on savait déjà dans les deux premiers films.

J’ai toujours maintenu qu’on peut faire un bon film à partir de tout et de n’importe quoi, mais cette obsession avec les préquels est devenue l’une des tendances les plus perturbantes de la culture cinéphile : ce qui était avant une simple trame de fond sert maintenant à meubler des films entiers. On peut rejeter la faute sur George Lucas avec sa deuxième trilogie complètement inutile de la saga Star Wars (est-ce que c’est encore possible de revoir Dark Vador dans L’Empire Contre Attaque sans penser à ce petit morveux à sa maman ?), mais ce phénomène s’étend partout et la plupart du temps se résume à un exercice d’amoindrissement, rongeant les grandes œuvres de l’émerveillement qui rendait leur mythologie aussi convaincante au départ – au point où le troisième épisode d’Underworld était une anecdote prolongée de 1h30 à partir d’une réplique prononcée dans l’opus précédent.

Pourquoi ne pas raconter de nouvelles histoires, qui avancent au lieu de reculer, et nous disent des choses qu’on n’a pas encore entendu ? Est-ce qu’il n’y avait vraiment nul autre endroit où aller avec les aventures de Wolverine sans enlever tout le mystère qui entourait le personnage ? Pensez à un film comme Les Aventuriers de l’Arche Perdue, où le passé entre Indiana Jones et Marion Ravenwood est mentionné dans des discussions au lieu d’être illustré à travers des flashbacks intrusifs. Et lorsque le film s’achève, on a l’impression d’avoir vu qu’un aperçu, que la vie d’Indy continue bien longtemps après le générique. Cet art du récit semble avoir disparu aujourd’hui, et le spectateur est dérobé de son imagination par la suite. Il ne peut pas rêver de ce qu’il s’est passé, parce que maintenant on doit consacrer tout un film à lui expliquer comment le Dr Jones a eu son fouet.

D’ailleurs, X-Men Origins soulève plus de questions qu’il n’amène de réponses. Une scène clé souvent évoquée durant la série voit Logan devenir Wolverine après une procédure chirurgicale extrêmement douloureuse qui recouvre ses os et ses griffes avec l’adamantium indestructible, supervisée par le colonel Stryker (Danny Huston, qui remplace Brian Cox dans le rôle du méchant dans X2). Sauf que voilà : c’est très dur de prendre un bad guy au sérieux quand il est assez crétin de vouloir effacer la mémoire du héros après l’opération qui le rend invincible. Plus tard, quand Logan s’échappe, Stryker envoie à sa poursuite l’Agent Zéro, un mutant qui a le pouvoir de plagier les gunfights d’Equilibrium. Alors que la chasse est ouverte, Stryker nous informe qu’il a inventé des balles magiques qui sont les seules choses à pouvoir abattre Wolverine. Et l’Agent Zéro n’utilise pas ces balles parce que… ?

Le film déteste son public. Oui, il y a plein de mutants célèbres qui se baladent dans les marges de l’histoire (Blob, Silverfox, Wraith, Emma Frost, Cyclope…), mais presque personne n’est nommé, et la plupart n’ont que deux ou trois minutes à l’écran. Ce sont que des clins d’œil pathétiques pour lécher les bottes des fans et essayer de leur cacher l’incompétence derrière l’ensemble. Et puisque qu’on parle de fans, il faudra des années avant que Marvel soit pardonné pour avoir salopé le personnage de Deadpool : joué par Ryan Reynolds (pas mal, comme casting) pendant exactement trois minutes, le mutant mercenaire blablateur qui transcendait les planches de sa propre B.D. est vite remplacé par un cascadeur chauve avec la bouche cousue qui ressemble à Baraka de Mortal Kombat. Taylor Kitsch apparaît brièvement dans le rôle de Gambit pour le grand final, et sa présence plus importante (cinq minutes !) est presque réjouissante, avant qu’on se rende compte qu’il est là uniquement pour amener tout ce bordel à son terme.

Un tel manque de respect pour le sujet serait moins insultant si l’histoire avait un sens de l’humour. Mais non. FOX, sans doute jaloux du reboot de Batman chez Warner Bros., a décidé de placer l’action dans les 70’s (même si tout le monde s’habille avec des fringues qui datent de 2009) et raconter un récit morose de trahison et de vengeance. Dans la tradition des persos « dark » à deux balles des années 90, Logan souffre d’une angoisse existentielle et veut juste vivre une vie tranquille, mais se voit forcé de reprendre les choses en main.

La main inepte de Skip Woods (Hitman, Die Hard : Une Belle Journée Pour Mourir) gribouille un scénario épouvantable qui massacre la continuité établie auparavant et pompe gratuitement des séquences entières d’autres films : qui aurait cru que Wolverine n’a jamais eu de traumatismes après sa transformation puisque Ma et Pa Kent étaient là pour le réconforter ? Lui et Dents de Sabre sont frères, mais ils ne se reconnaissent pas dans le premier X-Men ? Qui aurait deviné que « Wolverine » venait d’un poème où un esprit guerrier cueillait des fleu-fleurs pour la Lune ? Saviez vous que X est un chiffre romain qui veut dire dix ? Oui, ce film vous prend vraiment pour des débiles.

Et ce n’est pas tout. L’explication finale pour l’amnésie qui hantera Wolverine pendant des années à venir est sans doute le concept le plus débile qui a jamais été inventé pour la série, y- compris la machine à faire des mutants dans X-Men premier du nom. Les dialogues sont soit des idioties risibles (« Nous allons vous rendre indestructible, mais pour ce faire, nous allons devoir vous détruire » est dit sans ironie) ou des clichés douloureux (« J’ai froid » dit un personnage mourant), et la bataille finale est, inexplicablement, une photocopie directe de La Menace Fantôme.

Avant sa sortie, X-Men Origins fut énormément piraté avec ses effet- spéciaux encore inachevés. N’en voyant le produit final, on ne pourrait pas voir la différence. Rares sont les blockbusters qui ont l’air aussi amateurs : il y a des erreurs flagrantes de continuité (Gambit se fait assommer par Wolverine dans l’espace d’un plan et la prochaine fois qu’on le voit, il saute du haut d’un immeuble), une tentative de reproduire la technique digitale de rajeunissement employée dans l’opus précédent tourne au désastre, et une scène où Logan examine ses griffes pour la première fois restera dans les annales comme l’un des effets numériques les plus mal faits dans un film de super-héros. Sans doute la production a-t-elle été mutilée par le studio étape par étape, même jusqu’à la durée du film, mais le réal’ Gavin Hood (dernièrement aux commandes du terriblement ennuyeux Détention Secrète) ne montre aucune foi pour sauver son bébé. Ses scènes d’action sont entourées de fonds verts moches et d’effets de synthèse tapageurs dénués d’espace physique. Pourquoi est-ce que tout doit être fait avec des ordinateurs ? On n’est même pas foutus de construire des décors, maintenant ?

Et Hugh Jackman, dans tout ça ? Franchement, le bonhomme a bien l’air de se faire chier. Certes, tous les grands acteurs ont besoin d’une fondation pour soutenir les projets moins profitables qui les intéressent vraiment, et dans le cas de Jackman, Wolverine est le seul personnage qui lui rapporte un succès au box-office (surtout après le désastre Van Helsing), mais son manque d’enthousiasme est évident – et en tant que producteur du film, il doit également être tenu responsable. Castré de sa bestialité et de son attitude badass, Logan passe la première demi-heure du film à ne rien faire, pendant que tout le monde continue à insister sur sa condition d’animal. Sauf Dents de Sabre, qui l’appelle Jimmy. Hardcore, mec.

X-Men Origins : Wolverine s’achève sur une dernière ironie. Ce prologue avait pour but de dévoiler les origines du mutant à griffes. Mais, nous savons que la version moderne de Logan souffre d’amnésie, donc ce n’est pas vraiment un spoiler si on dit qu’il finira par oublier tout ce qui vient de se passer dans le film. Par extension, donc, le film lui-même ne sert à rien.

Chanceux, le bougre.

@ Daniel Rawnsley

x-men-origins-wolverineCrédits photos : 20th Century Fox France

Par Daniel Rawnsley le 27 juillet 2013

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires