[Critique] GASLAND

STARVIDEOCLUB | 14 juillet 2013 | Aucun commentaire
gasland-affiche

Titre original : Gasland

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis
Réalisateur : Josh Fox
Genre : Documentaire
Date de Sortie : 6 avril 2011

Le Pitch :
Josh Fox, menacé par l’exploitation du gaz de schiste sur son terrain, décide un jour d’aller enquêter afin d’en savoir plus. Caméra au poing, il se lance donc dans une enquête qui s’avérera très lourde de conséquences…

La Critique :
« Je ne fais pas partie des pessimistes, je crois en l’Homme, j’ai toujours pensé que nous ne cèderions ni à la folie, ni à la colère, ni à la cupidité, que nous trouverions une solution sans détruire ce qui nous est cher. »
Voici comment commence le réquisitoire d’un réalisateur investi et ébranlé par une situation sérieuse : celle de l’exploitation du gaz de schiste.

Depuis quelques années la polémique autour de l’exploitation de ce gaz ne cesse de croître, et cela s’est intensifié ces derniers mois. En France, la fracturation hydraulique qui permet de l’extraire est actuellement interdite. En effet, le 30 juin 2011, la France devient le premier pays à interdire la fracturation hydraulique, grâce à la pression des citoyens et les ONG. L’extraction de ce gaz est donc en pourparlers dans de nombreux pays européens et en février dernier de cette année, nous apprenions que l’Allemagne autorisait la fracturation hydraulique sur 80% de son territoire. Pendant ce temps, les États-Unis continuent leur apogée dévorante de cette exploitation, et menacent ainsi la bonne santé de l’environnement et des populations alentours. Pour le moment, la fracturation hydraulique est donc interdite en France. Cela dit, les choses évoluant sans cesse, cette question est régulièrement remise sur le tapis. Et c’est surtout pour cela que le film de Josh Fox a vu le jour, tout d’abord car ce problème le concerne de près, mais aussi pour informer les autres pays. Et on peut dire que Gasland est très informatif et percutant. La mission est réussie, mais avant de rentrer dans le vif du sujet voici quelques informations.

Vous pouvez retrouver les informations détaillées concernant la technique d’exploitation de ce gaz, dans la critique de Promised Land.

Information détaillées extraites de la critique de Promised Land =>
[De nombreuses associations écologistes et de nombreux citoyens se lèvent contre ces projets qui mettraient en péril la bonne santé des sols, des habitants et de leur exploitation.
En détails et très rapidement, quelques explications : pour extraire ce gaz, on utilise la technique de la fracturation hydraulique. Cela consiste à injecter en grande quantité, et à haute pression, un liquide constitué d’eau, de produits chimiques (plus de 500), et de sable. Ce procédé et cette extraction provoquent la pollution des nappes phréatiques, les fuites de méthane à l’effet de serre puissant, la pollution due au trafic des camions, et l’utilisation intensive de l’eau pour forer. Il y aurait également des risques augmentés de radioactivité et de cancers.]

Si économiquement, tout ceci a été salutaire pour les États-Unis (car c’est une nouvelle énergie), on ne peut pas en dire autant d’un point de vue écologique. C’est donc sur les risques environnementaux sévères que Gasland va se concentrer. Extraire ou non le gaz naturel ? Dans tous les cas, il ne faut pas passer à côté de ce film absolument saisissant, qui questionne le sujet en toute transparence. Nous avons ici la narration d’une histoire qui effraie, mais qui n’en est pas moins passionnante.

Josh Fox caméra au poing, va arpenter les territoires américains soumis à cette exploitation, pour rencontrer les personnes et familles victimes de cette récente industrie. La réalisation est assez singulière et très personnelle. Josh commence par nous raconter son histoire, là où il a grandi, son chez lui. Et dès le début, nous sommes littéralement immergés dans cette aventure passionnante, malgré un bilan qui s’avérera très lourd. Certaines scènes sont particulièrement frappantes.

La poésie est très présente tout le long de ce voyage au cœur de l’Amérique profonde. On retrouve beaucoup du film Erin Brockovich, de Steven Soderbergh (qui consacra Julia Roberts dans la catégorie meilleure actrice aux Oscars 2001). En effet Josh Fox nous rappelle cette mère de famille obstinée proche des gens, se battant bec et ongle pour une cause juste. C’est également ce genre de combat à la David contre Goliath, où les grosses compagnies n’hésitent pas à empoisonner des gens pour faire de l’argent. Et si Erin Brockovich a finalement gagné (rappelons que le film est adapté d’une histoire vraie), il n’en ira peut-être pas de même en ce qui concerne le combat contre l’exploitation du gaz de schiste.

Les deux histoires nous transportent dans une Amérique profonde très diversifiée, et les deux histoires respirent un humanisme profond et authentique. On observe aussi une grande qualité de réalisation, qui ne cache rien de la situation, certaines scènes sont particulièrement frappantes. La réalité semble retranscrite avec le plus de fidélité possible. Quelques morceaux de musique bien appropriés viennent accompagner ce métrage, qui tantôt nous renvoie à l’univers d’un bon vieux road trip, tantôt nous interpelle et nous remue.

Le tout est coupé en plusieurs chapitres et chaque chapitre correspond plus ou moins à une rencontre de Josh (le réalisateur) avec une famille victime. La grande force du documentaire réside ici, dans cette démarche humaine présente de bout en bout qui invite à l’empathie.

Gasland est un road trip aux paysages et aux couchers de soleil à couper le souffle, mais aussi un hymne à la nature et à l’humain, qui fait face à une économie dévorante. Le métrage sert sur un plateau d’argent une fin poignante qui met en garde et lance un appel. Cet éloquent pamphlet nous invite à penser la transition énergétique, à nous poser des questions, mais surtout à connaître les familles victimes de cette exploitation, que nous pourrions être demain.

@ Audrey Cartier

gasland

Par Audrey Cartier le 14 juillet 2013

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