[Critique série] AMERICAN CRIME STORY : THE PEOPLE V. O.J. SIMPSON

SÉRIES | 26 novembre 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : The People v. O.J. Simpson : American Crime Story

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Créateurs : Scott Alexander, Larry Karaszewski, Ryan Murphy
Réalisateurs : Ryan Murphy, Anthony Hemingway, John Singleton.
Distribution : Cuba Gooding Jr., Sarah Paulson, David Schwimmer, John Travolta, Sterling K. Brown, Kenneth Choi, Bruce Greenwood, Courtney B. Vance…
Genre : Thriller/Drame
Diffusion en France : Canal +
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
Juin 1994 à Los Angeles : l’ex-champion de football de la NFL désormais acteur O.J. Simpson est accusé du meurtre de son ex-femme et de son compagnon. Appréhendé à la suite d’une longue et célèbre poursuite retransmise à la télévision, Simpson reçoit le soutien de son ami Robert Kardashian, et celui de Robert Shapiro, une sommité du barreau. Une équipe puissante, qui peut difficilement aller à l’encontre des preuves accablantes que soumet l’accusation menée par la procureure Marcia Clark. Néanmoins, la tendance s’inverse quand le célèbre Johnny Cochran entre en scène. Histoire vraie…

La Critique d’American Crime Story : The People v. O.J. Simpson :

Connu pour Nip/Tuck et plus récemment pour son travail sur Glee, Scream Queens et l’anthologie American Horror Story, Ryan Murphy a décidé de nous conter quelques-unes des affaires criminelles les plus connues, sous la forme d’une série dont chaque saison se consacrerait à un cas bien précis. Et quoi de mieux pour commencer que d’illustrer l’histoire d’O.J. Simpson, qui a largement défrayé la chronique au milieu des années 90, dans une Amérique encore sous le choc du passage à tabac de Rodney King par des policiers en 1991 ?

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Le diable est dans les détails

Il ne faut pas se fier aux grands noms qui jalonnent la distribution de The People v. O.J. Simpson. John Travolta, Cuba Gooding Jr. et David Schwimmer ont beau être de la partie, ici, ce sont les détails qui comptent et en aucune manière la volonté de transformer ce sordide fait divers en show outrancier. American Crime Story fait donc assez rapidement preuve d’une exactitude et d’une sobriété tout à fait à propos. Pas question d’appuyer inutilement ou de trop en faire, l’affaire est déjà assez énorme comme ça. American Crime Story, et c’est une bonne nouvelle, ne va jamais dans le sens de l’excès auquel Ryan Murphy nous a habitué avec ses précédents faits d’armes. La série ne fait pas dans le sensationnalisme facile et profite de la forte médiatisation de l’affaire O.J. Simpson pour s’appuyer sur de nombreux éléments toujours accessibles pour livrer une sorte de compte rendu remarquable de retenue. Il suffit pour s’en convaincre de comparer les scènes clées, comme celles du procès, quand Simpson essaye les gants censés l’incriminer une peu plus, avec les vidéos du procès en question, en libre service sur YouTube. C’est probant, relativement impressionnant et valable pour toutes les étapes importantes de l’affaire.
Le pari était risqué car c’est justement ces éléments, mis à la disposition du public, qui allaient pouvoir apporter la preuve de sa fidélité au show. Des éléments au final parfaitement appropriés pour juger du respect que Murphy et ses lieutenants portent à leur sujet.

1 homme en colère

Ainsi, pas besoin que les comédiens cherchent absolument à ressembler aux personnages qu’ils campent. Ici, personne ne singe personne. On peut s’amuser à chercher des similitudes physiques mais c’est plutôt du côté de l’attitude qu’il faut regarder. Cuba Gooding Jr. pour commencer, ne ressemble pas du tout à O.J. Simpson. Il n’en reste pas moins excellent, car il sait saisir l’essentiel. La colère du personnage, sa roublardise, son côté pathétique et son ambiguïté sont parfaitement retranscrits par Gooding Jr, que l’on est heureux de retrouver dans un rôle à sa hauteur. Sarah Paulson aussi livre une performance extrêmement convaincante, toute en nuances, avec beaucoup de sensibilité. Comme David Schwimmer d’ailleurs, discret mais indispensable. On retiendra aussi l’incroyable Sterling K. Brown et Courtney B. Vance, qui relève avec brio l’un des plus gros défis de la série, à savoir camper sans en faire des caisses, la « bête de scène » Johnny Cochran. Et comment ne pas saluer également John Travolta. Un peu à la traîne ces dernières années, l’acteur retrouve de sa superbe en prêtant ses traits à l’avocat superstar Robert Shapiro. Tout d’abord charismatique et impressionnant, il chute petit à petit et se révèle, grâce à l’implication et au travail d’un comédien à l’aise et droit dans ses pompes hors de prix.
Un casting de grande classe au service d’une écriture relativement virtuose car caractérisée par son équilibre et sa propension à aborder cette affaire tentaculaire sous un angle nous permettant d’en appréhender tous les aspects.

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O.J. Simpson mais pas seulement

À l’instar des grands films de procès -on pense à Sydney Lumet notamment- cette première saison d’American Crime Story arrive à nous captiver sans nous semer. Elle nous dévoile les coulisses des deux parties, nous emmène en prison, et nous fait asseoir à la table où Simpson et ses avocats élaborent leur stratégie, accentuant les difficultés ressenties d’un côté comme de l’autre, au rythme de petites victoires et de coups bas, pour dessiner au final une cartographie éloquente et ô combien édifiante du système judiciaire américain. La progression de cette affaire tortueuse est très bien retranscrite. Une affaire, qui si elle ne concerne qu’un seul homme, accusé du meurtre de deux personnes, implique des enjeux qui vont petit à petit parasiter la défense. Tout spécialement à l’arrivée de Johnny Cochran, qui utilise le contexte tendu de l’après-Rodney King, pour faire de son client une victime de plus. C’est alors que se dévoile le vrai visage d’O.J. Simpson. Jamais American Crime Story n’est trop explicite quant à la culpabilité de Simpson. Elle n’extrapole pas et s’en tient aux preuves. À nous de nous faire notre propre idée, même si, dans le cas présent, pas besoin de se triturer les méninges pendant des heures.
Au fond, la série prétend exposer les conséquences qu’a pu avoir la mise en accusation de Simpson. Elle se fait alors la vectrice d’une réflexion sans détour sur l’Amérique de l’époque et dresse des parallèles avec aujourd’hui. C’est malin, redoutable d’efficacité et d’une intelligence rare.

En Bref…
D’un ambition folle, habitée d’un soucis du détail incroyable, cette première saison d’American Crime Story s’avère vite passionnante, même si quelques ventres mous s’interposent de temps en temps. Une série qui ne se contente pas en outre de raconter uniquement l’affaire O.J. Simpson mais qui la replace dans un contexte bien précis. Ce qui lui permet de livrer un propos coup de poing, mais aussi de s’imposer comme un formidable thriller de plus en plus glaçant. Les acteurs sont parfaits. Il n’est pas interdit de considérer cette anthologie comme ce que Ryan Murphy a livré de plus construit et de plus homogène. Pourvu que la saison 2 soit du même niveau…

@ Gilles Rolland

american-crime-story-saison-1-o-j-simpson-cast  Crédits photos : FX

Par Gilles Rolland le 26 novembre 2016

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